Écologie

Crise environnementale à Gabès : Les associations et initiatives locales

Gabès : un écosystème sous pression

Gabès, seule oasis côtière de la Méditerranée, subit depuis plusieurs décennies les conséquences d’une activité industrielle intense. Le complexe du Groupe Chimique Tunisien (GCT) y déverse chaque jour environ 14 000 tonnes de phosphogypse, un résidu pâteux issu de la fabrication d’engrais.
 Cela représente près de 42 000 m³ de boues industrielles rejetées quotidiennement dans le golfe, sans traitement préalable. Ces déchets contiennent des métaux lourds et des substances radioactives telles que le strontium, le cadmium, le plomb et l’uranium.

Des mesures locales ont montré que la radioactivité sur certaines plages est 3 à 4 fois supérieure à la limite internationale recommandée.
 Résultat : les fonds marins sont recouverts de sédiments toxiques, et la biodiversité marine s’effondre. Le nombre d’espèces recensées dans le golfe est passé d’environ 250 dans les années 1960 à seulement 50 aujourd’hui.

Les pêcheurs doivent désormais s’éloigner toujours plus des côtes pour trouver des poissons, tandis que les tortues et les mollusques se raréfient. L’oasis, autrefois prospère, subit elle aussi les effets de cette pollution : eaux souterraines appauvries, végétation fragilisée, terres acides.

Une oasis en danger

L’oasis de Gabès, connue pour ses palmiers dattiers, ses plantations de henné et ses sources naturelles, est elle aussi menacée.
 Les nappes phréatiques s’assèchent à cause de la surexploitation industrielle, tandis que les pluies acides altèrent les sols.
 Des agriculteurs locaux témoignent d’une chute de 40 % des rendements en vingt ans et d’une perte progressive des variétés locales.

Les pluies acides et la poussière chimique déposée sur les cultures fragilisent les palmiers, l’olivier et les plantations maraîchères.
 Les associations locales alertent sur le risque de disparition progressive de l’oasis, un patrimoine agricole et écologique unique en Méditerranée.

Pollution et santé : un lien confirmé

Les études menées par des chercheurs tunisiens et étrangers confirment l’impact direct de la pollution industrielle sur la santé publique.
 À Gabès, on observe une augmentation des cas de maladies respiratoires, de troubles osseux et de cancers.
 Un rapport scientifique publié en 2024 par l’Université de Toulouse a identifié des niveaux de polluants « très élevés », incluant des malformations cardiaques et des affections chroniques liées à la qualité de l’air.

Les habitants évoquent aussi la dégradation de leur qualité de vie : air saturé en dioxyde de soufre et ammoniac, odeurs persistantes, et eau contaminée par des substances cancérigènes comme le plomb et l’arsenic.
 Malgré tout, aucune étude épidémiologique officielle à grande échelle n’a encore été menée pour documenter ces phénomènes à long terme.

Un impact social et économique durable

La pollution n’affecte pas seulement l’environnement : elle touche aussi les secteurs économiques historiques de la région.


  • La pêche a perdu une grande partie de sa rentabilité en raison de la disparition des espèces.

  • L’agriculture voit ses rendements baisser à cause de la dégradation des sols et de la salinisation des nappes.

  • Le tourisme souffre également de cette image de « région polluée », malgré le potentiel naturel et culturel de Gabès.

Ironiquement, malgré la présence du pôle industriel, Gabès reste l’un des gouvernorats les plus touchés par le chômage, signe que la population ne bénéficie pas directement des activités économiques environnantes.

 Des solutions locales et des pistes d’avenir

Face à ces constats, plusieurs acteurs plaident pour une reconversion écologique de la région. Les pistes évoquées incluent :

  • Le traitement des déchets de phosphogypse, aujourd’hui rejetés en mer, pour les transformer en matériaux de construction inertes.

  • Le lancement d’un plan de dépollution du golfe de Gabès, combinant traitement des boues, replantation et suivi scientifique.

  • Le développement d’une économie verte axée sur l’agroécologie, les énergies renouvelables et l’écotourisme.

  • La création de centres de recherche et d’hôpitaux spécialisés dans les maladies liées à la pollution.

Des associations, comme Stop Pollution ou l’ASOG, encouragent aussi la mise en place de programmes éducatifs auprès des jeunes pour ancrer une culture environnementale durable.

 Une mobilisation continue

À Gabès, la société civile reste mobilisée.
 Les associations locales organisent régulièrement des campagnes de nettoyage, des ateliers éducatifs et des formations à la gestion durable des ressources naturelles.
 Leur message est clair : protéger Gabès, c’est protéger un héritage naturel et humain unique en Tunisie.

Si les défis restent immenses, la région pourrait devenir, à terme, un modèle national de transition écologique à condition de soutenir et valoriser ces efforts locaux.

Des associations locales en première ligne


À Gabès, dans le sud de la Tunisie, la société civile se mobilise depuis des années pour défendre l’environnement d’une région à la fois belle et blessée.

Malgré des moyens limités, plusieurs associations mènent un combat quotidien pour sensibiliser, documenter et proposer des solutions concrètes.


Parmi les plus actives :

Stop Pollution Gabès 

Association créée en 2012, connue pour ses campagnes de sensibilisation et son travail d’alerte sur la qualité de l’air et de l’eau.

Pour plus d’informations cliquez ici

Mail: contact@stop-pollution.org

Téléphone: 28 123 894


Association de Sauvegarde de l’Oasis de Chenini Gabès (ASOC)



Agit pour la préservation de l’oasis, de sa biodiversité et de ses ressources hydriques.

Pour plus d’informations cliquez ici

Mail: asoc.gabes@gmail.com

Téléphone: 75 228 407


Association de Citoyenneté et Développement Durable Gabès (ACDD)

Une ONG tunisienne fondée en 2012, œuvrant pour le développement durable, la gouvernance locale et la résilience climatique, en particulier dans les zones rurales et vulnérables du sud de la Tunisie.

Pour plus d’informations cliquez ici

Mail: acdd2014@gnet.tn


Association Tunisienne de l’Environnement et la Nature (ATENG)

Fondée en 2012, ATEN est une association basée à Gabès, engagée dans la protection de l’environnement, l’éducation à la nature et la promotion de l’écotourisme local.

Pour plus d’informations cliquez ici

Mail: aten.gabes@gmail.com


Ces acteurs locaux travaillent souvent en collaboration avec des chercheurs et ONG environnementales, rappelant que la transition écologique ne peut venir que d’une coopération entre citoyens, experts et institutions.


La photo de couverture de cet article est générée par l’IA.

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