La Global Sumud Flotilla (GSF) est une initiative civile internationale lancée en 2025 pour acheminer de l’aide humanitaire à la population palestinienne de Gaza. Organisée par un réseau d’ONG et de mouvements de solidarité (Freedom Flotilla Coalition, Global Movement to Gaza, etc.), elle mobilise plus de 50 navires de plaisance et des volontaires venus d’au moins 44 pays. Son but affiché est de « briser le blocus maritime » imposé sur Gaza pour y ouvrir un corridor humanitaire, en transportant nourriture, médicaments et autres produits de première nécessité. Les organisateurs insistent sur le caractère strictement non-violent de la mission et veulent ainsi envoyer un message de solidarité aux Gazaouis : « Nous essayons d’envoyer un message à la population de Gaza… que le monde ne l’a pas oubliée », a déclaré Greta Thunberg avant le départ du port tunisien de Bizerte.
Des bateaux de la Global Sumud Flotilla attendent au port de Sidi Bou Saïd (Tunisie) avant de prendre la mer en direction de Gaza. Cet escadron civil regroupe des dizaines de voiliers et yachts de plaisance.
Trajet et logistique du convoi
Les navires civils de la Sumud Flotilla partent en convois coordonnés depuis plusieurs ports méditerranéens. La première vague a quitté Barcelone (Espagne)
fin août 2025 (avec Greta Thunberg à bord) en direction de la Méditerranée centrale. Puis plusieurs bateaux sont partis de Catane et d’Augusta (Sicile, Italie)
début septembre par exemple 18 navires ont appareillé d’Augusta le 13 septembre
ainsi que de l’île de Syros (Grèce) le 14 septembre. En parallèle, des voiliers de la flottille maghrébine ont levé l’ancre depuis Tunis, en particulier depuis les ports de Bizerte, Gammarth et Sidi Bou Saïd.
Tous ces bateaux convergent ensuite en haute mer pour former un groupe solidaire avant de s’approcher des côtes de Gaza. Par exemple, un communiqué des organisateurs expliquait que « la flotte partie de Barcelone est en mer, les bateaux tunisiens appareillent par étapes. Ils convergeront en haute mer pour rejoindre des bateaux partis d’Italie et de Grèce ».
Participants et cargaisons
Au total, plus de 15?000 personnes se sont inscrites pour participer à cette opération, originaires de nombreux pays d’Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique. Il s’agit essentiellement de volontaires non-militaires : organisateurs associatifs, humanitaires, médecins, infirmiers, marins amateurs, avocats, artistes et personnalités publiques unis par le principe de l’action non-violente. Parmi les engagés figurent plusieurs personnalités connues : l’écologiste Greta Thunberg (Suède), la responsable politique espagnole Ada Colau, l’acteur irlandais Liam Cunningham, ou encore la députée euro-palestinienne Rima Hassan. Les organisateurs ont souligné qu’aucune affiliation gouvernementale ou partisane n’encadre la mission, qui se veut indépendante et civile.
Les navires transportent principalement des fournitures humanitaires : vivres (aliments non périssables), eau, médicaments, équipements médicaux (brancards, soins d’urgence, etc.), couvertures, tentes et matériel de base pour les camps d’urgence. Par exemple, le convoi italien comprenait environ 45 tonnes de fret humanitaire chargé par l’ONG italienne Emergency (matériel médical, kits de premiers secours, etc.). D’autres cargaisons similaires sont embarquées depuis l’Espagne, la Turquie et d’autres pays partenaires, sous supervision d’organisations humanitaires et d’experts logistiques. Au total, on parle de plusieurs dizaines de tonnes de matériel.
Focus sur la participation tunisienne
La participation tunisienne à la Flottille Sumud s’est organisée autour d’un important dispositif humain et logistique. Environ 300 Tunisiens se sont inscrits pour rejoindre l’initiative, mais seuls 127 d’entre eux ont été retenus pour embarquer effectivement, en raison des capacités limitées des navires. Au total, la contribution tunisienne mobilise 23 bateaux partis des ports de Sidi Bou Saïd et de Gammarth, avant de converger vers Bizerte pour rejoindre le reste du convoi international. Plusieurs figures tunisiennes se distinguent dans cette mobilisation, comme Ghassen Henchiri, membre du comité de coordination,
Wael Naouar, représentant de la commission nationale de la flottille
ou encore le jeune activiste Mohamed Mrad, qui a publiquement annoncé sa participation
et un créateur de contenus et activiste tunisien Louay Cherni
Cette présence illustre l’engagement citoyen et solidaire de la Tunisie au sein de la mission, en complément des centaines de volontaires étrangers venus spécialement embarquer depuis ses ports.
Risques et incidents en mer
Ce type d’opération comporte des risques notables, en particulier liés aux tensions militaires autour de Gaza. Avant même le départ effectif de la Sumud Flotilla, plusieurs incidents en mer ont été rapportés lors de missions précédentes?: en mai 2025, un bateau humanitaire turc nommé Conscience avait été frappé par des drones près de Malte, et début juin, un autre navire (le Madleen) avait été intercepté par la marine israélienne en haute mer.
Pendant la mission Sumud elle-même, deux attaques au drone ont touché la flottille début septembre 2025, alors qu’elle était encore amarrée au port tunisien de Sidi Bou Saïd. Le 8 septembre, le Family Boat (navire-coordonnateur à pavillon portugais) a pris feu à son pont principal après avoir été touché par un objet volant non identifié. Le lendemain, dans la nuit du 9 au 10 septembre, le yacht Alma (pavillon britannique) a subi un incendie similaire sur son pont supérieur. Dans les deux cas, les organisateurs précisent qu’aucun blessé n’a été signalé parmi les équipages et qu’ils ont pu maîtriser les incendies. L’armée tunisienne a d’abord contesté ces attaques, affirmant que l’incendie serait dû à un incident interne. Les organisateurs, eux, ont accusé un acte délibéré sans nommer explicitement les responsables et ont publié des vidéos montrant l’impact à la proue des drones. Après chaque frappe, des ambulances et des bateaux de la garde côtière tunisienne se sont rendus sur les lieux pour inspecter les navires.
Dans ce contexte délicat, la flottille a mis en place plusieurs mesures préventives : tous les volontaires sont soumis à des contrôles préalables et ont suivi une formation à la non-violence et à la sécurité maritime. Des navires de soutien logistique (notamment un bateau de sauvetage fourni par l’ONG Emergency) sont intégrés au convoi. Par ailleurs, les organisateurs ont réparti stratégiquement les participants les plus en vue sur différents bateaux (par exemple Greta Thunberg, Rima Hassan ou l’actrice Adèle Haenel ne sont pas tous sur le même navire) afin de limiter les risques en cas d’attaque. À terre, des officiels de plusieurs pays ont publiquement exprimé leur inquiétude pour la sécurité du convoi et insisté pour qu’il ne soit pas entravé.
Dans l’ensemble, malgré ces menaces, les organisateurs font état d’une forte détermination. « Nous restons droits et unis?: nous ferons voile pour briser le blocus?quoi qu’il arrive », a déclaré un responsable du GSF après les attaques. Fin septembre 2025, les bateaux convergent en haute mer pour attaquer la dernière étape du voyage vers Gaza. Les opérations se poursuivent en dépit des difficultés : jusqu’ici, tous les navires sont parvenus à éviter des incidents graves en mer, et le chargement d’aide reste intact.