En Tunisie, la santé mentale est un enjeu de société majeur, et de nombreux citoyens peinent à accéder aux soins. Face à ce constat, un nouvel écosystème se développe. Entre les startups de la e-santé qui proposent des consultations en ligne et les associations qui offrent un soutien gratuit, les solutions se multiplient pour répondre à un besoin essentiel.
Le digital pour briser les tabous
L'un des principaux obstacles aux soins en Tunisie reste la peur du jugement. Les plateformes numériques apportent une première réponse en garantissant l'anonymat et la discrétion.
Ahkili, lancée en 2020, est la plateforme la plus connue du pays. Pionnière, elle a été la première ligne d'aide psychologique et application de suivi en Tunisie. Accessible via son application mobile 7j/7, elle permet de consulter un psychologue de manière anonyme et sécurisée. Son avantage distinctif est le suivi de l'humeur intégré et une messagerie directe pour rester en contact avec son thérapeute. Elle couvre un large éventail de besoins : anxiété, dépression, crises d'angoisse, conflits relationnels, addictologie, mais aussi développement personnel et parentalité.
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D'autres acteurs diversifient l'offre. La plateforme web Allo Psy met l'accent sur une écoute confidentielle et une éthique stricte, avec des consultations en ligne sécurisées menées par des psychothérapeutes expérimentés.
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De son côté, Mr le Psy se distingue par son modèle hybride : via son site web, il est possible de prendre rendez-vous en ligne ou directement en cabinet. La plateforme propose également des outils d'auto-évaluation.
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Enfin, des projets comme Mreya et Psykolchay qui se concentrent sur la sensibilisation.
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Le soutien associatif : des solutions gratuites et spécialisées
En complément des plateformes payantes, le tissu associatif offre un filet de sécurité essentiel, en particulier pour les plus jeunes et les plus vulnérables.
La ligne d'écoute #خط_الشباب80105550, lancée par l'UNFPA et l'Institut Nebras, est un service gratuit et confidentiel destiné aux 12-35 ans, ouvert du lundi au vendredi de 9h à 17h. Une équipe complète de psychologues, pédopsychiatres et psychiatres y assure une écoute et une orientation pour faire face à l'isolement ou à la précarité.
Pour les situations plus complexes, des structures spécialisées existent. L'Institut Nebras, qui travaille en partenariat avec les ministères de la Santé et des Affaires Sociales, se concentre sur la réhabilitation des survivants de la torture et de la violence, en utilisant des techniques avancées comme l'EMDR. De son côté, Psychologues Du Monde Tunisie (PDMT) fournit un accompagnement clinique spécialisé, souvent en collaboration avec d'autres structures comme SANAD, pour aider les bénéficiaires à surmonter leurs traumatismes et favoriser leur réinsertion socio-professionnelle.
Le défi du cadre légal : un vide juridique à combler
Malgré ce dynamisme, le secteur fait face à un obstacle majeur : le manque de réglementation. Si la télémédecine a été reconnue par la loi (loi n°2018-43 du 11 Juillet 2018), les décrets d'application nécessaires à sa mise en œuvre se font toujours attendre.
Le problème principal est que la loi se concentre sur la pratique "médicale". Or, la majorité des plateformes emploient des psychologues et non des médecins. Cette "zone grise" laisse des questions en suspens concernant leur statut, leur responsabilité et la protection des données des patients.
Il est aujourd'hui nécessaire que les autorités complètent ce cadre légal pour sécuriser les pratiques et permettre au secteur de la e-santé mentale de se développer durablement.