©Khalil Sellmy
Un bar branché de Sousse encourage la scène artistique culturelle hip hop émergeante et alternative :
Curieux de découvrir le collectif Urban Room de la scène culturelle hip hop émergeante, nous allons sans plus tarder à leur deuxième passage sur la scène du bar branché The Treesome au Golf Residence Elkantaoui, Sousse.
L'événement avait eu lieu jeudi 27 avril 2017 et nous en a véritablement mis plein les yeux.
Arrivés un peu plus tôt que prévu, nous nous installons dans une ambiance hyper décontractée entourés d'un public jeune, tous venus assister à ce show qui avait déjà fait bon écho lors de son premier passage quelques semaines auparavant.
Une belle énergie régnait dans la salle dessinant des sourires sur les visages des spectateurs impatients de voir ce qu'Urban Room leur avait réservé pour la soirée.
En même temps que le collectif répétait les dernières grandes lignes de leur show, deux artistes graffeurs exprimaient leur talent par des live graffitis pour notre plus grand plaisir ce qui donna une note encore plus dynamique et passionnante à la soirée.
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En effet, à gauche de la scène du Treesome, BAF le graffeur muni de ses bombes graffitis créa une explosion de couleurs grâce à la superbe femme afro et pétillante qu'il réalisa en live sur plusieurs heures de travail. D'autre part, et là en face de la scène, Hamza Selmy AKA "Saow" - le directeur artistique du collectif Urban Room- nous faisait délirer grâce à sa fresque bigarrée totalement en accord avec l'esprit de la soirée autour de la culture urbaine et du Street art. Ce live graffiti était accompagné au tout début par les rythmes du Dj Gamra.
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21h, Urban Room fait une entrée fracassante sur la scène du Treesome qui nous laisse bouche bée.
Entre danse, beatboxing, chant, rap, mise en scène -parfois même humoristique ou encore satirique-, les membres du collectif Urban Room (qui compte aujourd'hui une vingtaine de personnes) nous ont tous scotchés tant par la qualité de leur show que par l'unicité qui émanait d'eux.
Une parfaite osmose entre le public et les artistes sur scène se créa, laissant place à un moment réellement mémorable loin de nous laisser indifférents. En plein milieu du spectacle, une entrée bouleversante créa la stupéfaction chez les spectateurs.
En effet, un jeune danseur incroyablement talentueux épata le public du fait de son handicap au niveau de ses jambes. Il s'agissait de Amer el Guesmi " Zulu Rema " et est une véritable leçon de vie. Manifestement, comme une sorte de connexion, d'énergie, alimentait sans cesse et ce, de manière réciproque la scène et les spectateurs.
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Urban Room a prouvé que mis à part tous les préjugés infligés sur l'art urbain -qui en Tunisie a tendance à se faire négliger- il pouvait effacer toutes les notions de catégories et classes sociales pour enfin tous nous unir. En effet, cet art assez méconnu par les Tunisiens, n'a pas besoin d'être difficilement déchiffré, il suffit d'en connaître vaguement les bases pour vite réussir à s'immerger dans leur univers.
Nous avons rencontrés le collectif Urban Room après le spectacle. Découvrez leur parcours et leurs projets à venir :
Interview improvisé, c'est dans de good vibes juste après leur show sensationnel que nous leurs posons quelques questions sur leur parcours et activités.
Le collectif Urban Room a été initié par le grand danseur Imed el Hamrouni aka 3oomda qui décède suite à une maladie.
C'est après son décès qu'Adam et Amine décident de persévérer et de continuer à faire tout ce qu'Imed leur avait inculqué comme passion de l'art urbain.
C'est donc à partir de ce duo (Adam et Amine) que les choses vont prendre de l'ampleur et de l'envergure.
En effet, Amine ayant un garage chez lui ouvre ses portes pour faire ce qu'ils ont toujours voulu faire dans leur quotidien, c'est à dire danser, chanter, faire du Beat box etc... Il s'agissait d'une vraie nécessité car malgré le fait que chacun ait un métier, le hip hop est pour eux un véritable style de vie où ils s'expriment et se libèrent.
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Ils s'accommodent ainsi à des impro dans ce garage, qui se voit accueillir, au fur et à mesure que le temps passait, de plus en plus de personnes venues de différents coins de Sousse.
Peu à peu, les choses commencent à mûrir dans leurs têtes et c'est dans leur QG -à l'ancien café Central Park de Sousse-, que le duo ne cesse de réfléchir à des projets croyant fort au potentiel qu'ils pourront développer sur la scène artistique urbaine en Tunisie.
Ils décidèrent alors d'ouvrir une salle en 2013 et de booster encore plus tous les passionnés de cet art notamment via une vidéo qu'ils tournent avec la collaboration de ce café. Cette vidéo a été vulgarisée sur les réseaux sociaux et a connu un engouement. Ce qui a agrandi encore plus les chances de succès leur donnant de la niaque pour continuer.
Ils racontent : "Tout ce qu'on voulait c'était pouvoir s'exprimer sur cet univers que nous aimons et avec lequel nous vivons au quotidien."
"Ce n'est pas une tendance, c'est notre vie, notre style de vie" affirme Adam Cherif.
Depuis, le collectif s'est agrandi et accueille d'année en année plusieurs membres femmes et hommes tous animés par la passion de la culture hip hop.
Urban Room a donné le 2 avril 2016 au Théâtre Municipal de Sousse leur spectacle appelé Mix Me Up.
La prochaine édition aura lieu bientôt autour de l'alternative waves. La fois dernière, ils avaient ramené trois acteurs de cette scène venus de UK (danseurs et graffeurs professionnels) qui avaient donné des stages pour faire bénéficier la nouvelle génération tunisienne. Urban Room avait aussi donné un show à travers des battle, des workshops etc... au Whatever Saloon (Kahwet el louh) au centre-ville de Tunis.
Urban Room basé à Sousse, se déplace dans les régions pour donner des workshops notamment à Kasserine, à Slimène, au Jbal Chaâmbi et essentiellement dans les écoles à travers des associations pour faire apprendre le graffiti, la danse...
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Comment ce collectif arrive à s'organiser et se structurer:
Ils nous expliquent qu'Urban Room travaille sur un genre de concept appelé l'intelligence underground. En effet, le but est de se structurer afin de se faire respecter au sein de la scène artistique tunisienne. Ils affirment: " Chacun gère sa spécialité pour qu'on puisse être complémentaires et pouvoir partager de bons moments, l'un danse, l'autre rap, l'autre chante... nous n'avons pas le droit de nous emmêler les pinceaux, ici c'est du travail, c'est de la rigueur. L'équipe a grandi on est devenus une vingtaine de personnes tous complémentaires et chacun doit être responsable et autonome tout en étant tous sur le même piédestal. Nous devons nous faire respecter pour une autre vision sur la culture hip hop afin de lui donner sa juste valeur."
"Notre point fort c'est que nous nous dédions corps et âmes à notre passion, on sacrifie tout et on sait comment créer le moment pour nous y adonner" dit Marwan Mrag le rappeur.
Meriem AÏDOUN