Le nombre de belles surprises que nous offre le cinéma français est ce qu’il y a de plus émerveillant en ce qui concerne la production cinématographique hexagonale.
En isolant les grandes productions, les suites, les reboots et les comédies populaires, on se rend compte de ce qu’il y a une grande partie entièrement composée de petits films et dont la petitesse est parfois synonyme d’un budget très réduit ou simplement relative à une absence totale de quelconque forme de prétention artistique. Ceci est dû à une plus grande liberté du processus créatif et à un risque financier nettement moindre que celui d’un simple gribouillis planqué dans un tiroirs d'EuropaCorp !
Eperdument est l’un de ses petits enchantements occasionnels.
Un directeur de prison, artiste dans l’âme, bien dans sa peau et menant une vie plutôt calme et équilibrée en compagnie de son épouse (elle-même fonctionnaire publique exerçant dans le milieu carcéral) voit sa vie complètement chamboulée avec l’arrivée d’une nouvelle détenue. S’en suit alors une série d’événements qui se solde dans un premier temps par des parties de jambes en l’air entre les murs de la prison et une relation de plus en passionnelle qui flirte avec l’obsessionnel pour finir en …
Deuxième long métrage de Pierre Godeau, Eperdument est surtout un plaisir visuel aux allures théâtrales, à savoir celui de l’observation de ses deux protagonistes. Le spectateur regarde évoluer dans ce décor pénitencier deux acteurs dont la collaboration est tellement improbable que l’éclat qui en résulte est tout juste magnifique !
Guillaume Gallienne , sociétaire de la comédie française et l’homme fort du cinéma d’auteur français actuel est fabuleux dans son rôle de directeur, toujours dans un surpassement de lui-même ! On aurait presque cru - à moins d'avoir encore en tête Midnight Express comme référence de maton et de directeur de prison- que tout le corps de métier du milieu carcéral est aussi raffiné et délicat que sa prestation ! Il est à la fois le mari, l’amant, l’artiste, le fonctionnaire, le raisonnable, le fou, l’amoureux et bien plus encore !
Face à lui, la surprise est de taille ! Celle qui vient de « l’école de la vie » ( Léa Seydoux si tu nous lis !), la sulfureuse Adèle Exarchopoulos crève l’écran. Il est clairement impossible de lui résister : ce qu'elle dégage par un simple regard ou mouvement est d'une extrême puissance ! Elle est la véritable attraction du film. Tout tourne autour d’elle, et on a beau la cataloguer en tant que simple objet sexuel, elle avance doucement mais sûrement en faisant des ravages par un simple sourire glissé à son amant/détracteur lors d’un procès ou lors d’une danse improvisée dans sa cellule.
Eperdument n’est pas un grand film : il n’y a rien de vraiment notable au niveau de sa mise en scène, et l’écriture et la construction des personnages laissent à désirer. Toutefois , l’alchimie de son duo d’acteur est ce qui fait de lui un film très beau -pas bon mais beau ! La symbiose est là, tellement présente qu’on en oublie presque tout ce qui fait défaut. Elle est à mi chemin entre théâtre et cinéma. Ainsi, à notre grande surprise, nous en sortons avec un large sourire et l’impression d’avoir regardé quelque chose de beau, d'une beauté qui va au-delà des visages et des corps et qui nous raconte l’histoire d’un Anamour .
C’est beau l’amour avec Adèle ! J’en fais trop ? Regardez et vous verrez !
Issam Jemaa