Filmer la survie lors d'une guerre où l'ennemi est toujours présent mais jamais visible. La terre, l'air et la mer qui se contorsionnent pour ne devenir qu'un seul élément, la seule et unique échappatoire.

Des soldats, par centaines de milliers et beaucoup d'histoires à raconter et pourtant... Nolan filme cet épisode peu glorieux sans complexe, aucun !

Le sens du rythme ? Il en est le dieu ! Le travail sur le son ? Impeccable! Et pour faire court, honnêtement, il est tout juste au panthéon de sa maîtrise technique, on pourrait lui confier une horde de foules déchaînées un Black Friday, il s'en sortirait avec maestria !

La direction d'acteurs fonctionne merveilleusement et si la construction des personnages n'est pas faite dans un format classique, elle est montée d'une manière encore plus ingénieuse car si l'on veut comprendre la nature des protagonistes, il faudrait se référer à leur  instinct  de survie, leurs regards, leurs façons de bouger dans les espaces confinés comme ceux en plein air mais jamais sur leurs histoires ou passé.

Toute situation de jugement moral, qui émanerait de l’avis qu’on puisse se faire sur un personnage de par  un éventuel travail plus en profondeur au niveau des protagonistes, serait de l’ordre de l’absurde.  Le film, relatant une histoire de survie, ne peut prétendre à l’héroïsme individuel ou à une quelconque autre division entre les bons et les mauvais.

Il est très difficile d’imaginer qu’on puisse tenir en haleine le spectateur de cette sorte, du début jusqu'à la fin sans le moindre faux pas, sans la moindre exagération, rien que par la mise en scène, le choix de certains angles de caméra et une bande son exceptionnelle.

En l’absence de dialogue, le réalisateur a choisi de convier les spectateurs à un monde de splendeur visuelle dont la construction du récit est fondamentalement basée sur le travail sur le son.

Le film comporte trois histoires distinctes intitulées Mole, Sea and Air. La façon dont les récits des trois histoires se déroulent et comment  ils sont tous liés sont ce qui fait du film un chef-d'œuvre.

Pourquoi Dunkirk est un chef-d’œuvre ? Parce que tout simplement il répond parfaitement à cette définition (Wikipedia : ".... Par extension, on utilise ce terme pour signifier qu'il s'agit de l'œuvre la plus importante ou la plus aboutie d'un auteur...).

Cela ne veut pas dire que vous l'aimeriez pour autant, depuis quand est-on obligé d'aimer un film pour son succès critique ?

Pour finir sur une note un peu loufoque mais à laquelle on croit fermement : si Kubrick était vivant de nos jours, il aurait certainement réalisé un film de super-héros et aurait continué à révolutionner la SF à sa manière.

Nolan est probablement le seul réalisateur vivant qui pourrait prétendre au titre d'un potentiel Kubrick ! (pas encore, mais clairement dans pas très longtemps).

Issam JEMAA