©Marwen Wesleti
Il est 18h40 en pleine forêt de Radès, la nuit s'illumine par une venue animée.
Le centre des Arts Vivants de Radès, lieu mythique créé par Safia Farhat avec son mari, dont ils ont fait don à l'Etat tunisien, accueille ce soir Meriam Azizi et
ses musiciens pour un concert inédit.
©Marwen Wesleti
Les musiciens s'installent au musée, pendant qu'on prend le temps de faire un petit tour des créations exposées. Tableaux, tapisseries et arts plastiques, on me
raconte qu'ils parviennent de la collection privée de Safia Farhat, l'une des pionnière des arts plastiques en Tunisie.
Tout le monde est sur scène, fin prêt et voilà que commence une aventure aux résonances atypiques, un univers rempli de douceur et d'imagination.
On est tout de suite submergé par cette atmosphère joyeuse où l'on décèle des sonorités lumineuses. Meriam interprète un répertoire andalou revisité, dit le
Ladino d'où la contraction Andalou et Ladino. Ce jeu de mot traduit l'esprit même de sa performance.
©Marwen Wesleti
Elle nous raconte que ce choix, audacieux, vient de sa passion pour la langue en général et des langues romanes particulièrement.
Meriam est linguiste de profession et docteur en sciences du langage, elle nous confie que plus jeune elle a étudié le latin et le grec.
Cette passionnée d'histoire aussi a eu la chance de grandir avec un père mélomane, féru de musique du monde, qui lui fait écouter dès l'âge de 10 ans des
harmonies persanes, turques et grecques " il invitait des musiciens irakiens chez nous faire des récitals comme le joueur de Santour Mohamed Darwich à
l'époque réfugié en Tunisie ".
©Marwen Wesleti
Des après-midi au conservatoire du lycée pilote des arts aux cours au conservatoire de Tunis, Meriam eu aussi l'occasion d'être l’élève de Yousra Dhahbi
nommée “la reine du luth arabe”.
Après des séjours en France, Crète, ou encore Athènes, où elle aiguisa son esprit à travers différentes collaborations, dont la harpiste franco-grecque Clio
Karabelias, Meriam revient se poser à Tunis, avec son nouveau spectacle Andaladino.
©Balkis Afifa Boussetta
Le ladino a cette particularité d'avoir des gammes orientales accompagnées de textes en espagnol. C'était une musique chantée par les chrétiens et juifs
d’Andalousie où les communautés juives et musulmanes cohabitaient dans le respect. Il se voit comme un pacte entre ces différentes confessions "c'est un
message d'amour et de paix".©Marwen Wesleti
Ce Ladino insufflé de jazz et de blues que propose Meriam et ses musiciens est dans l'air du temps, des chansons modernes, mystérieuses à la fois par cette
ancienneté d'un répertoire qui a beaucoup voyagé. " Je veux faire découvrir au public tunisien que sous le pouvoir des arabes en Espagne il n'y avait pas que le
Mouachah et le Malouf comme héritage d'une part, et d'autre parce que nous sommes en partie andalous, ce répertoire est le nôtre également. "
Meriam Azizi ce soir là, était accompagnée par Amine Saadouni à la basse, Rafaa Lounis à la guitare, Khalil Saidani au clavier, Hatem Riadh aux percussions.
Il est 20H15 et nous quittons le Musée le cœur enchanté, apaisé par cette ode à l'histoire, mais surtout captivé par cette belle démonstration de paix et d'amour.
Balkis Afifa BOUSSETTA