Le 15 Janvier, au petit matin, le monde entier peine à croire la nouvelle foudroyante que les médias commencent à diffuser. La chanteuse irlandaise, leader du groupe « The Cranberries » a été retrouvée sans vie dans sa chambre d’hôtel Londonienne.
Ses chansons qui ont bercé l’adolescence des trentenaires d’aujourd’hui résonnent encore et la voilà partie à tout juste 46 ans dans des circonstances encore peu connues.
Mais qui était ce petit bout de femme à la voix aiguë et au talent démesuré ?
Qui était Dolores O’Riordan ?
Elle était modeste
Elle est née dans une famille de paysans de la campagne de Limerick en Irlande. Benjamine d’une fratrie de sept enfants, elle voit ses parents se démener pour lui assurer des conditions de vie correctes. Malheureusement les aléas de la vie en ont voulu autrement ; son père s’est retrouvé cloué dans un fauteuil roulant suite à un accident moto, la maison de son enfance, celle qui l’a vue grandir a été réduite en cendres après qu’un incendie y a éclaté, très vite sa grande sœur abandonne ses études pour travailler et subvenir aux besoins de la famille.
Aussi loin que sa notoriété a pu l’éloigner de sa cambrousse natale, Dolores a gardé beaucoup d’affection pour ses parents et un amer goût de nostalgie pour son enfance. Sa chanson « Ode to my family » en est le parfait exemple.
Elle était passionnée
Malgré le milieu précaire où elle a grandi, elle s’est passionnée très tôt pour la musique. Elle assumait parfaitement son image de marginale ; sa silhouette androgyne aux allures garçonnes, solitaire mais toujours en compagnie de son instrument de musique ; orgue piano mais finalement guitare, elle écrivait des chansons qui parlaient d’elle de son enfance, de ses parents, de la guerre de et de l’amour.
Elle était ambitieuse
A tous justes 18 ans elle déménage dans le centre-ville de Limerick en compagnie de son petit ami. Encore scolarisée, ne disposant d’aucune source de revenu et pas un sou en poche. Dolores est pourtant chargée à bloc : le seul moyen de s’en sortir c’est la musique ; son but ultime est de percer sur la scène rock irlandaise. Sans grands espoirs mais confiante elle se présente à une des répétitions du groupe local The Cranberry Saw Us recommandée par la petite amie de l’un de ses membres. Son aspect physique en fait la risée du groupe mais sa voix stupéfait ceux qui l’auditionnent et se fait embaucher le jour même. On lui confia aussitôt l’écriture de ses chansons dont la 1ère « linger » deviendra l’un des plus gros tubes.
La band lui devra aussi son nom « The Cranberries ».
Elle était engagée
En 1994, le groupe chante « Zombie ».
Dublin se réveille avec la gueule de bois. La chanson interprétée par Dolores illustre autant par ses paroles que par le clip vidéo l’abominable souffrance du peuple irlandais causée par les ravages de la guerre civile et religieuse qui a déchiré le pays pendant des années. Elle rend particulièrement hommage à deux jeunes garçons tués dans un centre commercial par l’armée Irlandaise provisoire lors des attentats de Warrington.
« it’s the same old theme, since 1916 » n’est rien d’autre qu’une allusion à l’insurrection de Pâques dirigée et par l’Irish citizen Army et violemment réprimée par les britanniques à coups d’exécutions arbitraires.
Elle était une mère de famille aimante
En 1994, elle épouse l’amour de sa vie, le manager du groupe Duran Duran, Don Burton, qui sera le père de ses trois enfants. En 2003, après avoir emmené ses aînés avec elle sur plusieurs tournées, elle décide de prendre ses distances et de se consacrer à sa famille. Malheureusement son union avec don prend fin en 2014 après 20 ans de vie commune.
Elle était un symbole
Dolores était une figure emblématique de cette jeunesse peinée par les guerres qu’elle n’a pas connu, la génération de la chute du mur de Berlin, aspirant à un avenir meilleur, planétaire et sans enclaves. Le succès imminent des The cranberries est incontestable les a fait vendre plus de 40 millions de disques dans le monde.
Crédit photo : RTÉ - The Voice of Ireland
Elle avait ses démons
Après un incident bizarre lors duquel la chanteuse au tempérament d’habitude calme agresse une hôtesse de l’air lors d’un vol de New York vers Dublin, la chanteuse se fait diagnostiquer peu après des troubles populaires.
Elle se dit ne pas être dans le déni de sa maladie et utilisera la musique et la scène comme meilleur thérapie.
Elle est partie trop vite, A seulement 46 ans elle laisse derrière elle une scène musicale irlandaise meurtrie mais une empreinte indélébile dans l’histoire de la musique occidentale.
Cyrine Ben Aba