Musique

Phénix : Le rappeur audacieux

Si on veut définir l’audace, on n’arrivera jamais à trouver une définition aussi précise que celle de l’écrivain portugais Fernando Pessoa. Il écrivait dans son "Livre de l’intranquillité" : « L’audace c’est la confiance que l’on place dans ses propres initiatives. »

Abdesselem Nawali alias Phénix est sans doute un rappeur pas comme les autres. Ses débuts étaient avec le Dubstep, le Métal et le Rap, dans une perspective de fusion. En effet, il a réussi à créer son propre style et à attirer les regards. Nawali sait très bien ce qu’il veut et il ne mâche pas ses mots, ce qui explique son attitude. Il critique et tire sur tout ce qui bouge. Son stylo est son arme.  Les esprits simples disent que le rap est juste une musique sur des paroles. FAUX ! Si on se concentre avec ses textes, on constate que Phénix y mettait du « feeling ». Il excelle dans l’art du choix de la musique et consacre beaucoup de temps à cette tâche importante. D’ailleurs, cet intérêt pour la compatibilité entre le rythme et les paroles est peu commun chez les rappeurs Tunisiens. Nombreux sont ceux qui négligent cette étape et se concentrent sur l’écriture. De toute façon, Abdesselem Phénix ne fait pas partie de cette école.

Vive l’anarchie ! 

Ce rappeur-anarchiste est l’ennemi juré du pouvoir en général et de tous ceux qui représentent les institutions de l’Etat. Pour lui, une autorité est toujours une cible. Et de ce fait, à travers ses chansons, il déclare une guerre sans fin contre le pouvoir en place. C’est à cause de ses prises de position qu’il a été emprisonné sous prétexte de la fameuse loi 52. Cette période, en prison, était comme une motivation pour le rappeur. Il a déclaré lors de son passage à l’émission LABES chez Naoufel Ouertani qu’il avait « beaucoup plus d’énergie et plusieurs idées ».

Le combat de Abdesselem Nawali était de défendre ceux qui n’ont pas de soutien. Il se considère comme leur porte parole. C’est pour cela d’ailleurs, qu’on n’arrive pas à trouver un titre qui n’évoque pas les conditions des jeunes dans les quartiers défavorisés. Influwenza, Bastardo, Chaab Sangour sont des chansons qui nous transmettent dans l’underground.

Comme Abou Al Kacem Chebbi, Phénix était parfois indigné. Il conteste le silence du peuple et l’incite à se révolter contre l’oppression du pouvoir. Il est parmi les rappeurs tunisiens engagés. On le trouve toujours dans les premiers rangs, quand il s’agit de la liberté d’expression. Il suffit de penser au fameux titre « Sayeb15 » lors de l’arrestation de Weld 15)

Il est vrai que Phénix a quitté la Tunisie. Il vit en Suisse, mais ses titres resteront à jamais gravés dans les mémoires, car ils font partie de l’histoire du rap Tunisien et de la musique underground en général.

Allez découvrir ses chansons sur YouTube !

Dhia Bousselmi