Zoom sur un événement

Seul au monde : Naufrage ou Embarcation

Les images défilent, la mer s’agite, nous embarquâmes sur le navire de Imed Jemaa. Entre genèse d’un périple poétique, et annihilation d’un naufrage incertain.

Le mal de mer me prend, comme si j’étais réellement sur une barque d’immigré, la solitude absolue dans le grand bleu est palpable, jusqu’à en avoir des vertiges.


Quelques mots sincères, une expression intellectuelle déterministe et gracieuse à la fois, L’artiste parvient à nous « parler de solitude, de la société qui te livre à toi-même, l’école qui t’exclue, la famille qui te rejette, l’immigration clandestine par voie marine, les expatriés de la société…etc, le sujet m’a inspiré ».

Imed Jemaa dont l’activité théâtrale et chorégraphique tant au niveau créatif que formateur s’étend sur 30 ans s’exprime sur sa motivation du spectacle :

« …depuis 1989 j’étais dans les travaux de groupe, la formation et la création allaient de pair. Ainsi j’ai donné la scène aux autres toute ma vie… À partir de 2016, j’ai décidé de tout arrêter et me donner du temps et de m’offrir la scène à moi seul, j’ai retrouvé le délice du trac, que j’ai oublié depuis 20 ans… »

Quant à la thématique autobiographique légèrement présente lors du spectacle du 26 Juillet au Théâtre du Mad’art, Imed revient plutôt sur le spectacle « Omda Show » qui était en tournée à Paris en automne, à Montréal, au Maroc et en Belgique, et qui s’inscrit parfaitement dans l’œuvre autobiographique de l’artiste. 


Tandis que « Seul Solo » : « représente ce qui me touche aujourd’hui, la harka (la migration illégale par mer) des jeunes qui partent dans un état d’esprit intriguant…j’explore cet état dans un style contemporain... » sans nier sa réflexion profonde sur les expatriés dont il fait partie, ou pas ? : « …je suis en pleine mer très agitée…je n’ai jamais voulu quitter ce pays, je n’ai pu le faire à maintes occasions malgré des propositions alléchantes, bien que je parte tous les deux ans à Montpellier… 

En ce moment je ne sais pas sur quelle rive je fais naufrage » Avant de de conclure : « On s’attache à sa famille, son pays… »

« Seul SOLO » revient pour La soirée de la Dance ce 30 Juillet au Festival International de Hammamet, et prépare déjà un travail de groupe pour la fin de 2019.


Imed reste ravi par la mouvance artistique que connait le pays : « On vit ces deux ans comme un rêve avec l’inauguration des Journées Chorégraphiques de Carthage et le Ballet National de l’Opéra de la Cité de la Culture ainsi que le Ballet Contemporain ».

Il se rappelle avec émotion : « 25 ans en arrière, j’étais présent sur la scène du Théâtre Romain de Carthage lors de la soirée des écoles de Dance avec Dorra Bouzid ».

Sans oublier un hommage particulier qu’il tient à Feu Raja Ben Ammar, son amie de longue date : «…Raja fait partie de moi ».

Asma HADDOUK