Zoom sur un événement

Transe chamanique à la Tunisienne La Hadhra 3

Au-delà des dernières stèles du théâtre Romain de Carthage, ce jeudi soir, les spectateurs, en véritables marabouts, s’étendent debout et assis : enfants, adolescents, parents, grands-parents et couples. Faisant du théâtre un énorme réceptacle de vibrations soufies parsemé ici et là par des danses folkloriques et transes médiumniques.


La Hadhra, signifie littéralement « présence » en Arabe, est un rituel collectif surérogatoire du culte islamique soufi, célébrée le soir, la veille du vendredi après la dernière prière du jeudi, ou vendredi ou Samedi soir ou encore lors des festivités rituelles islamiques. Elle consiste essentiellement à se regrouper et se prosterner avec des habits larges et identiques dans un lieu de culte ou une simple placette publique afin de réaliser une séance de « dhikr » (évocation, répétition rythmique du nom de Dieu) en communauté.

Depuis 1991, Fadhel Jaziri a entamé une recherche profonde sur les différentes « tariqas » (ordre soufi) de la réalisation de ce rituel : entre la « taybia, tijania, slaymia et issaouia » …etc.


En 2010 l’intégration de la basse, la batterie, le saxophone et le violon ont donné un tournant impressionnant à la compréhension traditionnelle de la Hadhra. On parle dorénavant d’un spectacle folklorique traditionnel artistiquement revisité à tous les niveaux. Un travail sur le fond et la forme qui n’a cessé d’évoluer et de se moderniser.

En effet, les différentes prestations du spectacle étaient accompagnées de danses de marabouts, de derviches à l’encens, de jeunes filles en transe ou méditation spirituelle, un Sheikh et des dizaines de groupes de chorale soufie. Mais aussi de jeunes talents dont le producteur reste fier comme Malek en alto, Outail sur le violon, Ali sur la guitare (fils de Fadhel Jaziri et fondateur du groupe Hemlyn), Moez Kaabeji sur la guitare et la basse, Henda et Nouafel des voix en or…etc. Au total, une centaine d’individus qui passent plus de 4 mois de répétitions en moyenne pour chaque spectacle.


La Hadhra 3, revisitée certes, améliorée, épurée selon certains, ou ornementée par des éléments nouveaux selon d’autres, reste immortelle. Un hommage au patrimoine Tunisien, un emblème de de l’Islam modéré et un havre de paix et de solidarité pour les Tunisiens d’ici et d’ailleurs.

Asma HADDOUK