Zoom sur un événement

Monopole du bas monde !

Ce samedi, le théâtre du Mad’art Carthage a donné la scène à la première de la pièce « Monopole », une découverte inédite pour les spectateurs, un périple tumultueux pour les membres de l’équipe de la pièce, mais un succès inespéré et émouvant.


Monopole est avant tout un concept, « une idée embryonnaire qui date de 2015, et qui germait en moi puis grandi comme un être humain », selon Ghawth Zorgui metteur en scène et réalisateur de la pièce, assisté par Ahmed Nasralli en réalisation et éclairage et Walid Hsir. La pièce est Interprétée par Toumadher Zrelli, Ahmed Taha Hamrouni, Seif Aloui et Karim Rouafi, entrainés par le préparateur physique et professeur de danse Khaled Marouani, habillés par Abdessalem Jmal en création artistique de costumes. La troupe a été rassemblée dans le Centre des Arts Dramatiques et Scéniques de Kasserine grâce à Taoufik Gassoumi, qui a parvenu à convaincre la direction artistique du Festival International de Carthage de coproduire la pièce et de miser sur ces jeunes talents vertueux et prometteurs.

« La pièce phare !» selon Seif Aloui, premier rôle et protagoniste du -monde supérieur- et que toute l’équipe félicite pour sa performance artistique qu’il a donné pour la 1ère fois de sa vie « c’est ma première montée sur scène et je continuerai ».


L’interprétation des acteurs fut passionnante, avec une seule présence féminine, Toumadher Zrelli, dont la performance est à couper le souffle dans le rôle de la femme, mère, et enfant du bas monde, symbole de création, de maturité et de rébellion humaine, confuse entre un monde déchu et un autre écrasant. 


Toumadher est aussi la plume de cette pièce, assistée par Ghawth Zorgui qui d’ailleurs tient à remercier toute l’équipe citée ci-dessus qui s’est donné corps et âmes afin que ce travail voie le jour, première pièce à son actif : « tout le monde y a mis du sien ». Un long travail compensé en deux mois de labeur, entre casting, choix de l’équipe technique, artistique : « Il fallait soit survivre, soit mourir ! et tant qu’on est ici à Carthage, on est vivant ! » lançait Ghawth.


Une pièce unique en son genre, où la tragédie, la romance, la colère et la joie étaient présents et fortement exprimés avec les habits, lumières, couleurs, sons et musiques, mais aussi des éléments comme une plante, des pierres, de la nourriture…etc. s’exprime Ghawth :

« …On a voulu partager notre vision du monde, celle où le tiers monde et l’underground se confondent dans la dualité conflictuelle du « Gawri » Vs « Mahalli » (étranger Vs local), du monde de la technologie nucléaire et mécanique Vs celui du rattachement aux cendres de l’histoire, celle où avec un simple regard les relations humaines s’achève, sous des airs de Rammstein, une scène de rupture sans mots, celle ou la fille ne veut ni découvrir un monde nouveau et hautin ni rester en bas, mais fondre son propre chemin. Une vision qui critique un système qui ne contrôle pas seulement l’individu de 8h à minuit, mais aussi de minuit au petit matin, il conduit ses rêves et ses désirs, afin de nous forcer à rentrer dans le troupeau… on a partagé notre approche du théâtre futuriste et provocant, avec des scènes qui s’inscrivent plus dans les plans cinématographiques que les actes…pour conclure je voudrais citer Lars Von Trier ‘A film should be like a rock in the shoe ’.


Quant aux costumes, ce fut la continuité du texte théâtral, une extension de la chair du monde imaginé par Ghawth, Toumadher et toute l’équipe, « …un aspect futuriste du monde haut traduit par des accessoires métalliques et la reconstruction du corps avec des matières rigides, évoquant la réinstallation humaine, l’homme machine. Et des matières crues pour le bas monde, du chanvre, évoquant le rapport à la terre, l’argile et l’univers primitif ». Nous confie Abdessalem Jmal.

Asma HADDOUK