En collaboration avec l’Istituto Italiano di Cultura de Tunis, à l’Espace Art Sadika, Gammarth du 1er au 30 octobre 2021
Deux femmes héroïnes d’un évènement qui unit l’art et la littérature
Inspirées du roman “Ouatann. Ombres sur la mer” de la tunisienne Azza Filali, les 24 toiles de Chiara Montenero seront exposées du 1er au 30 octobre à l’Espace Art Sadika, Gammarth. L’exposition, conçue par Irene Niosi et réalisée en collaboration avec l’Istituto Italiano di Cultura de Tunis, met en évidence la confrontation dialectique entre la peinture et la littérature avancée par Montenero, poète et écrivaine éclectique, et qui a abouti aux arts visuels grâce à une technique originale devenue un code de style.
« En arrière plan, un thème à elle si cher : la mer, un élément que l’on retrouve souvent dans ses oeuvres », comme le mentionne dans son introduction l’organisatrice, en soulignant que «Ce n’est certainement pas par hasard qu’elle ait choisi le roman de Azza Filali intitulé “Ouatannn, ombres sur la mer ». Le terme ouatann ne peut se traduire dans aucune autre langue, il exprime le concept de la patrie, ses valeurs et ses traditions. Il révèle, en un mot, une nation entière, la Tunisie et sa mer. Cette même mer où s’est formée Montenero – et à laquelle elle est énormément liée après son transfert dans sa seconde patrie (Hammamet) – et qu’elle utilise comme interlocutrice pour dialoguer avec ses deux âmes, la peinture et la littérature, son métier d’origine.
Les histoires des personnages du livre de Azza Filali constituent son inspiration ; la puissance d’évocation d’une phrase pleine d’émotions se dirige ensuite vers un procès que nous pouvons définir alchimique – même si au 21ème siècle, il est plus approprié de parler de multimédialité – où l’écriture et la peinture communiquent entre-elles et se reflètent entre-elles, dans une série infinie d’échanges.
Montenero « capture des phrases du livre, les assemble et les insère à l’intérieur d’un espace, en ordre ou en désordre ; le signe est le mélange de couleur mais aussi sa stratification ou sa soustraction, la matière ou son absence, dans une expérience unique et irremplaçable, une confrontation dialectique sans conflit où il n’existe ni la suprématie de la parole, ni celle de la toile. C’est une expérience qui voit le jour dans l’esprit de l’art multimédial», écrit encore Niosi. Ouatann.
Ombres sur la mer, édité en Italie par Fazi, est « un roman qui narre de manière inédite la Tunisie, avant la révolution: le chômage, la perte d’espoir, le rêve de Lampedusa, la recherche d’une identité qui se constitue uniquement dans l’altérité et dans la mémoire. Un roman surprenant, pour les amoureux d’entrelacements puissants et de la grande littérature classique, où le ton intime s’adapte à une histoire à multiples facettes qui assume aussi des caractères du « noir ». Filali est définie dans Le Monde comme « une femme de lettres et de sciences, aussi bien engagée et libre du poids des idéologies, une des voix les plus fortes et les plus sensibles de la Tunisie d’aujourd’hui».