Musique

PardonMyFrench : la nouvelle sensation électro-pop made in Tunisie

 ©Hamiddedine Bouali

2016 a tiré musicalement sa révérence en beauté ! Récemment,  au gré de nos errances nocturnes et culturelles diverses, les «Pardon My French» nous ont enivrés, lors d’un live mémorable. 


 ©Hamiddedine Bouali

Le groupe ne cesse en effet, de se frayer un chemin et de gagner en notoriété, doucement mais sûrement, à une époque où la concurrence se fait sentir, entre live band.

Les groupes musicaux pullulent certes, mais se ressemblent et les fanas de musique, écumant les concerts de rue, les festivités ou les soirées branchées en ont plein les oreilles et frôleraient l’overdose à cause d’un répertoire musical répétitif et des sonorités familières.

Ce groupe soudé, composé de 4 membres, liés par une passion dévorante pour la musique électro-pop, précisément, ont opté pour des horizons sonores inédits. Défi relevé ! Le public de plus en plus nombreux est conquis, notamment à Sousse, où ils ont le plus coutume de se produire, mais également dans quelques festivals. 

Pointilleux et sélectifs quant au déroulement de leur live, nous sommes partis à la rencontre des ces 4 artistes, par un dimanche ensoleillé, peu de temps avant qu’ils ne s’emparent de la scène du 4ème Art, dans le cadre du « Festival Cinéma de la Paix ».  

 ©Hamiddedine Bouali

C’est grâce à des tubes soigneusement revisités tels que celui de l’éponyme « Feel for you » de Disclosure que les « Pardon My French » ont commencé à percer en ligne. Leur reprise n’est pas passée inaperçue, annonçant ainsi un avant-goût de leurs spectacles. Massive Attack, Moderat et bien d’autres ont suivi après … Opter pour des choix musicaux aussi éclectiques n’est pas une mince affaire mais la scène musicale a besoin de se renouveler grâce à la culture pop locale, encore méconnue, qu’ils choisissent de prôner, la diffusant ainsi davantage : une musique à la fois sulfureuse, envoûtante, rythmée mais surtout nouvelle émane à chacune de leur prestation, portée par la voix de Balkis Afifa Boussetta au chant, Malek Mestiri (beatmaker), Slim Limem (claviériste) et Rayen Kaboudi (bassiste).  


Déjà en 2011, quelques membres du groupe avaient fait leurs premiers pas en participant à un concert pour la lutte contre le SIDA et en organisant des prestations dans les universités et au Théâtre Municipal et ce, jusqu’en 2013,  avant de décrocher et de riposter sur le devant de la scène en endossant un nouveau concept, centré sur l’électro-pop.

Leurs influences musicales qui convergent ont évolué entre temps et les artistes ont surfé sur la tendance, chacun de son côté, au rythme  des festivals et des sonorités en vogue du moment. Et ce style les a rapidement propulsés à l’échelle locale, étant donné qu’actuellement, ils sont les seuls à faire bouger la foule sur de l’électro-pop « british-french », ou pop UK et variété électro- française fusionnent.

Ce quatuor est composé d’autodidactes : la musique était pour eux une passion. Issus de formations universitaires variées : littérature anglaise, ingénierie, business ou sound designer… Pas un seul d’entre eux n’a eu droit à une formation académique ou à un maniement instrumental pro, ce qui n’a pas été évident, au début, pour se lancer dans des live. Balkis, la chanteuse, poussait la chansonnette à tue-tête en solo avant de développer ce talent à côté de ses confrères. Leurs influences oscillent entre chansons anglaises et françaises principalement : de Bowie à Daft Punk, en passant par Gorillaz ou Rone. L’univers distingué et pas forcément accessible de James Blake a profondément teinté le Background musical d’Afifa.

Malek s’exprime sur un prochain album propre à eux, toujours en préparation : « Pour l’instant, on revisite des morceaux pas très connus et encore moins réinterprétés sur scène. C’est surtout la composition qui nous prend énormément de temps. En live, on procède à des improvisations propres à nous, et ça marche ! ».  

 ©Hamiddedine Bouali

«Pardon My French» accumulent les spectacles essentiellement à Sousse, au « Treesome » et vouent un amour particulier au public du Sahel, où la vie nocturne et l’ambiance festive de ce côté-là du pays demeure unique. Ceci dit, une décentralisation est en cours. « On n’aimerait pas opter pour les bars-lounge un peu partout de la capitale ou d’ailleurs » déclare Balkis et rappelle qu’en même temps, ils viennent tout juste de reprendre. Une date au WAX est prévue prochainement. Quant à leur participation à des festivals connus, ceci n’est certainement pas à exclure mais d’après Rayen : « Il serait préférable d’y participer avec nos propres textes et notre propre album». Quelques compositions ont déjà vu le jour mais du travail reste encore à accomplir.

Le groupe était accompagné cet après-midi-là, par Sélim Ben Salah, alias SADRUMET. L’artiste, ami du groupe est musicien compositeur et violoniste virtuose. Muni de son violon, il s’associe à eux le temps d’un concert, afin de clôturer comme il se doit, cette 17ème édition du « Festival Cinéma de la Paix ».  SADRUMET est connu pour ses reprises des chansons de films classiques ou nouveaux comme « Interstellar », « Inception » et des séries télévisées cultissimes telles que « Game of Thrones » ou plus récemment « Narcos »… Sa collaboration enrichit l’acquis musical déjà bien garni  de la bande.

17h approche à grands pas : la bonne humeur cède au trac et au stress pré- spectacle, forcément passager.

Les «PardonMyFrench» déboulent rapidement dans les backstages du 4ème Art, se refont une beauté et endossent des fringues  décontractées. 

Suivis et épaulés par le photographe Hamiddedine Bouali, à qui ils doivent photos et vidéos : le photographe prend plaisir à immortaliser leur parcours depuis un bon moment, en préparant des reportages photos fort attrayants.

L’image du groupe est également façonnée par la petite touche de Kaïs Braham, graphiste. À temps, l’évasion musicale tant attendue a commencé !    


Haithem Haouel