Dans le cadre du XVIIIè sommet de la Francophonie, La French Tech Tunis en partenariat avec La Saison Bleue, a organisé le mercredi 16 novembre 2022 une matinale autour du thème « Transition numérique et écologique : enjeux et apports en 2030 ? ». Cette rencontre a été l’occasion de porter un regard croisé sur l’écosystème des startups et celui de l’économie bleue durable et de bénéficier du retour d’expérience de start-ups opérant dans le domaine maritime.
La French Tech au service de la création de valeur
Plus que jamais, les économies, qu’elles soient vertes, bleues ou numériques, sont concernées par le développement durable et la préservation de l’environnement. Par conséquent, comme l’indique Neila Benzina, présidente de la French Tech Tunis en ouvrant le panel : « l’économie numérique doit se mettre au service du climat, de l’écologie, car elles représentent les enjeux qui nous intéressent et nous préoccupent aujourd’hui ». Il est à noter que depuis une vingtaine d’année, innovation et startups tendent vers un changement de paradigme pour réaliser une croissance tout en respectant l’environnement.
Qu’en est-il de l’écosystème des startups tunisiennes ?
La Tunisie bénéficie d’un vivier d’ingénieurs et de talents, de créateurs de nouvelles solutions, mais aussi d’un cadre juridique « Startup Act » dédié aux startups, favorisant ainsi plus de 800 labélisations « Early Stage » comme le précise Salma Baghdadi, directrice de l’écosystème startups, Smart Capital. Malgré un contexte tunisien difficile, ces startups ont augmenté leur CA de 60%, elles ont généré 120 millions € de chiffre d’affaires et ont levé autour de 100 millions € en Tunisie et ailleurs. Elles sont créatrices de valeur, agiles, résilientes et ingénieuses. Parmi elles, 10% œuvrent dans le domaine de la Greentech, développent des solutions pour de nouvelles sources d’énergie ou de collecte d’eau comme la société Kumulus qui transforme l’air en eau potable !
Cependant, leur nombre pourrait être encore plus important, n’eût été les challenges et les défis auxquelles elles font face, parmi lesquels figurent ; la taille du marché, la limitation du financement (limitation à l’accès aux levées de fonds), le protectionnisme tunisien (loi de change qui n’a pas évolué), etc.
Les éléments du succès et de réussite dépendent en premier lieu de la bonne mise en œuvre des idées innovantes, de la capacité à avoir une vision claire et de la possibilité de s’entourer des bonnes compétences. Salma Baghdadi insiste sur l’importance de « donner du rêve » et Mahdi Ben Hamden CEO de Ariàn Company sur celle d’« oser dépasser les handicaps ».
La Tunisie est dotée de ressources et de richesses marines qui manquent encore d’une vraie mise en valeur et qui pourraient contribuer à la croissance de l’économie bleue durable, « il est urgent que la Tunisie se mette aux standards internationaux dans le domaine de l’économie bleue durable (ports en eaux profondes, éoliennes offshores, tourisme éco-responsable, câbles sous-marins, etc) » note Rym Benzina, présidente de l’association La Saison Bleue.
Quel est le constat et comment peut-on faire évoluer ce secteur ?
Il n’est plus possible de continuer un développement économique sans la préservation de l’environnement, sans une approche numérique, – « dans les années 70, plusieurs industries ont été installées sans prévoir leur impact sur l’environnement, déclenchant une dégradation du littoral, des côtes et des plages tunisiennes (exemple : la détérioration du Golfe de Gabès ou du littoral de Sfax) » signale Mehdi Ben Haj, directeur à l’Apal.
Plusieurs secteurs; le tourisme balnéaire, la pêche et l’aquaculture, le transport maritime, la plaisance, contribuent à l’essor de l’économie bleue tunisienne, mais le manque de vision, la lenteur des procédures administratives, le manque de coordination entre les différentes structures, l’absence de mise à niveau de certains cadres législatifs font que la Tunisie ne capitalise pas assez sur ces atouts et ne bénéficie pas du rendement escompté qui pourrait voir son économie bleue devenir durable.
Une transition écologique réussie est indissociable du numérique puisque ce dernier permet d’une part une exploitation vérifiée des données et d’autre part, la mise en place de solutions technologiques propres ainsi que la création d’énergies renouvelables. Les panélistes se sont accordés sur l’importance d’encourager les startups. Mounir Bloukout, CEO de Selt Marine a précisé qu’il avait commencé son projet, la culture des algues, en tant que startup, aujourd’hui à la tête de plusieurs unités (Mozambique, Zanzibar et Tunisie), il affirme que la recherche et l’innovation, sont des sujets qu’il pratique en continue pour une meilleure transformation des fermes d’algue en produit alimentaire et médical.
Pour sa part, Rami Kalboussi, CEO de Sea Bot a expliqué que grâce à ses robots, les plongeurs étaient épargnés des effets de pressions subies lors des plongés. En effet, ces véhicules sous-marins détectent les défections des coques des navires et des câbles sous-marins, permettant une intervention rapide et efficace.
Dernier témoignage, celui de Mayssa Sandly, CEO de Blue TN, qui propose via sa jeune entreprise, un média avec l’utilisation d’une plateforme digitale afin de sensibiliser les citoyens sur les questions environnementales et de dénoncer les mauvaises pratiques.
Consciente de l’importance du rôle que peuvent jouer les différents acteurs de l’innovation, La Saison Bleue, a lancé le premier appel à projet « Amwej », adressé aux porteurs de projets dans le domaine de l’environnement maritime durable. Le lauréat désigné lors du Forum Mondial de la Mer Bizerte, le 23 septembre 2023, bénéficiera d’un soutien financier et d’un accompagnement pour la réussite de son projet, précise Emna Dimassi, directrice de la CIC – Bureau de Représentation pour la Tunisie.
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