Théâtre/danse/littérature

'KHALTI KHADHRA' entre douceur et acidité, une radioscopie de la Tunisie actuelle

KHALTI KHADHRA 

Entre douceur et acidité, une radioscopie de la Tunisie actuelle

Professeur d’espagnol à la faculté des lettres de la Manouba, Mohamed Doggui a toujours écrit dans cette langue. Écrivain engagé et citoyen du monde, ses récits et poèmes ont toujours eu trait aux problèmes touchant toutes les populations sans distinction de race ou de religion. Sa fibre nationaliste le pousse cependant à remettre en cause ses choix et à décider de se pencher sur les problèmes spécifiques à la Tunisie post révolution. Dans une écriture satirique, il publie aujourd’hui son premier recueil de réflexions glanées ici et là le cadre de son observation de la situation qui prévaut aujourd’hui. Mélange de poésie engagée et de dictons populaires appuyés par des caricatures aussi parlantes que les textes, Khalti Khadra se présente comme une radioscopie de la Tunisie, 6 ans après la révolution.

Au départ, était Facebook

Confiant dans une révolution qui aurait apporté prospérité et bonheur à ceux qui l’ont portée, Mohamed Doggui a continué à écrire en langue espagnole, s’adressant par là à un lectorat international. Ecrivain apprécié en Espagne, par la qualité de ses écrits tant dans le roman, les contes que la poésie, il va se forger une réputation internationale qui lui vaudra plusieurs prix littéraires dont celui que lui a attribué la Casa Arabe pour son roman Alizeti.

Longtemps hésitant à s’aligner sur la tendance internationale qui consiste à communiquer à travers les réseaux sociaux, il finit par ouvrir un compte Facebook. Décision qu’il ne regrette point puisqu’elle lui permet de palper de plus près la société tunisienne, ses différentes composantes ainsi que les problèmes socio-économiques et politiques du pays et les différentes propositions apportées par chacun pour les solutionner. Sa conclusion est sans appel. Les intellectuels tunisiens, lui compris, ont failli à leur devoir d’aider leurs concitoyens à prendre conscience de la houle qui fait tanguer leur pays et qui menace leur révolution.

Rires et satires

Mohamed Doggui n’hésite pas par deux fois. Sa décision est prise. Le rôle de l‘intellectuel engagé est de mettre le doigt sur les questions de société. Il mettra dorénavant ses capacités littéraires pour défendre la cause du peuple. Il restait à trouver le style le plus proche et le plus compréhensible des citoyens ordinaires. Quoi de plus naturel pour ce natif d’El Hafsia que de se baser sur des textes à la fois satiriques et humoristiques écrits dans la langue vernaculaire qu’est le dialecte tunisien, pour la transmission des messages et dans  un genre littéraire qui rappelle les dictons anciens, source immuable de la sagesse populaire. 

Le projet rencontre l’adhésion du dessinateur Anis Mahrsi qui, en parfaite symbiose avec l’auteur, adopte également un genre caricatural qui n’est pas sans rappeler le côté ingénu, à la limite de la naïveté de personnages comme Haj Klouf ou Khalti Traki dont le souvenir est profondément ancré dans la mémoire des Tunisiens.

Accessible à tous par son prix et la fluidité de sa lecture, Khalti Khadhra sera sûrement le livre remède contre toute forme de déprime que tous les Tunisiens vont acheter pour apprendre à sourire face à un destin où le vent ne souffle pas toujours dans le sens de la direction choisie par les membres de l’équipage du bateau.

A propos de Mohamed Doggui :

Professeur d’espagnol à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba,  Mohamed Doggui, est également poète et écrivain d’expression espagnole. Auteur de cinq livres publiés en Espagne (3 recueils de poésie, un roman et un conte), il a été nommé Lauréat du prix littéraire « Cuentos del Estrecho » (Espagne) et de la Mention d’honneur « Juegos Florales de Primavera » (Argentine).

Mohamed Doggui est également animateur du programme en langue espagnole à RTCI.


                  Communiqué de presse du 31 mars 2017