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Le cheveu de Mu(awiya : une exposition collective du 15.09 au 31.10.2023 au 32Bis

Le cheveu de Mu(awiya

Exposition collective, du 15.09 au 31.10.2023, au 32Bis, Tunis Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 19h

Commissaire de l’exposition : Nadine Atallah

“Le cheveu de Mu(awiya n’est pas une exposition sur l’histoire de l’Islam. Ce n’est pas une exposition sur la religion. Elle puise dans le potentiel de l’entreprise historiographique de Hichem Djaït pour questionner les façons dont nous donnons du sens, par la mise en récits et en images,

aux périodes de tumulte. En plaçant la focale sur Mu(awiya, celui par qui s’acheva la première Fitna, il s’agit aussi de questionner les possibilités et les conditions de sortie d’une crise. Par sa victoire sur (Ali à l’issue de l’arbitrage qui conclut la bataille de Siffin, Mu(awiya s’imposa comme le seul dirigeant susceptible de ramener l’ordre et d’assurer la pérennité de la Umma ou communauté islamique. En installant le califat dynastique des Omeyyades, il fit de la quête de stabilité un enjeu majeur de son gouvernement. La tradition lui prête ainsi une sentence devenue proverbiale dont les usages et les significations diffèrent à travers les pays arabes : « S’il n’y avait entre moi et mes sujets qu’un cheveu, je le relâcherais quand ils le tirent, et le tendrais quand ils le laissent aller »[1]. Tout en évoquant un balancement contrôlé entre l’autorité gouvernante et les forces populaires, la formule signifie une capacité d’agir des citoyens et des citoyennes, autant que de l’État. Le cheveu se fait l’image du lien fragile qui unit ces deux pôles de pouvoir ; à moins

que ce ne soit l’interstice qui les sépare. Éloge de l’équilibre fluctuant, cette métaphore suggère bien que la stabilité n’est pas l’inertie. Dès lors, comment envisager ces forces en action ? Faut-il absolument préserver le cheveu ?

Que se passerait-il s’il venait à se rompre ? Plutôt qu’une voie vers la stabilité en tant que futur idéal, sortir de la crise appelle peut-être un nouveau Big Bang. Et si la rémission passait par l’histoire ? Donner du sens à la fitna – c’est-à-dire faire histoire avec le trouble – c’est remettre en cause la méfiance fondamentale envers l’expression désordonnée de la liberté, c’est rejeter

la conviction que le frein et la contrainte sont nécessaires à l’équilibre des sociétés. C’est se rappeler que l’univers est né du chaos.”

Extrait du texte du catalogue “Ce qui nous meut, ce qui nous émeut, Inspirations et genèse de l’exposition” de Nadine Atallah


La lecture du livre La Grande Discorde (1989) de l’historien tunisien Hichem Djaït (1935-2021) a accompagné la conception de cette exposition. Le Collier de la colombe, traité sur l’amour composé par le poète Ibn Hazm au XIe siècle, a donné matière au rapprochement entre trouble politique et trouble passionnel. Les œuvres montrées sont le fruit d’une réflexion partagée avec une vingtaine d’artistes de Tunisie et d’autres horizons. Nombre d’entre elles furent spécialement conçues lors de résidences au 32Bis.


à propos de l'espace 32 BIS :

Le 32Bis est une association culturelle qui prend place en plein centre-ville de Tunis. C’est un espace voué à la recherche, à la création, à l’exposition et au partage des connaissances. Constitué de deux bâtiments et quatre étages sur 4 000 m2, il était l’ancien siège de Philips, construit en 1953 et restauré en 2019.

Le premier bâtiment abrite une médiathèque et un espace de résidence composé d’un studio et d’un atelier. Quant au deuxième, couvrant plus de 2000 m2, il est essentiellement dédié aux expositions.

L’objectif principal du 32Bis est de soutenir la scène artistique locale et de renforcer son ancrage régional et international. Conçu comme une sorte de laboratoire, espace de réflexion et d’échange, le 32Bis s’adresse à différents publics à travers les programmes mis en place.

Depuis 2021, le 32Bis offre un large choix d’événements autour de l’art et ses pratiques, qui se manifeste à travers l’organisation d’expositions, de programmes d’accompagnement pour les jeunes artistes, des ateliers pour jeunes publics animés par des artistes, des performances, des conférences et diverses occasions d’échanges entre les différents professionnels de l’art et les publics.