Musique

'Houria', 'Wasted Years': deux facettes de l’Underground

19:00  Aywa: 'Houria'.

Après la prestation de N3rdistan, j’en suis à attendre beaucoup de la scène musicale marocaine. Quiconque a donc assisté au show d’Aywa, sobrement intitulé « Houria », n’en est pas ressorti déçu. 

Le spectacle s’ouvre par une intro aux sonorités berbères avec un morceau de guembri envoûtant, soutenu par une basse, batterie, guitare et flûte frôlant la perfection. « Houria » s’ouvre de manière atmosphérique qui ne laisse pas de doute quant à la qualité de la performance. Ce qui suit est digne de l’unique néologisme qui me parait adéquat en cette situation : « sublimissime ».

Le groupe nous entraîne dans un rythme déchaînant, mêlant jeu de basse, batterie et guitare catchy, flûte issue d’une autre dimension et un chant typiquement marocain avec ce que cela implique en termes de feeling artistique. Car Aywa, c’est du feeling à l’état pur, chose qui est évidente à en juger par l’énergie débordante de chacun des musiciens. 

A cette occasion, il serait bon de noter que le showmanship d’Adil Smaali est digne des plus grands artistes. Ce frontman dont l’aura oscille entre rastafari et « marouki » aura su captiver et accaparer l’attention du public au moyen de son charisme indéniable, de sa voix si particulière et de son message pacifiste. Le public, qui comme à son habitude, est timide par défaut se retrouve à applaudir, à participer dans la rythmique des chansons au moyen d’applaudissements et de sifflements, et au final devient l’ultime membre du groupe. C’est cela qui fait la force de Aywa : la capacité à impliquer son public à sa musique et faire en sorte qu’il y ait plus de gens debout qu’assis.

Que dire du reste du groupe si ce n’est que chacun nous a gratifiés d’une performance immaculée. Damien Fadat à la flûte nous entraîne au moyen de ses mélodies charmeuses. Damien Hilaire à la batterie et Guilhem Chapeau-Centurion, respectivement à la batterie et à la basse, en vrai support rythmique, produisent un son groovy simple mais tellement efficace qu’on ne peut s’empêcher de taper du pied en accompagnement. Téophile Vialy  à la guitare, pour finir, nous offre un jeu inédit, divertissant, énergique entrecoupé de plusieurs solos où le feeling prend l’ascendant sur la technique.

Aywa, c’est, comme il a été mentionné plus haut, du feeling à l’état pur. Nous sommes bien loin de la musique désincarnée. Ici, il n’est point question de complexité ou de complication. La musique mise en avant dans le contexte de « Houria » est destinée à gâter son public, loin de l’onanisme musical où la technicité prime sur l’émotion en elle-même. Aywa, c’est le plaisir des sens à l’état pur. « Houria », c’est une musique qui communique son feeling, son message de fraternité et ses vibes paisibles aux spectateurs sans la moindre peine.

20:00  Nawather : 'Wastedyears'

C’est avec plaisir que je lis l’affiche des JMC concernant Nawather. Ayant grandi dans un entourage féru de Heavy Metal et de ses grandes figures, j’ai été agréablement surpris par l’intitulé du spectacle, à savoir « Wastedyears », qui renvoie à  un titre phare des Iron Maiden de Steve Harris. Non seulement cela, mais lors du spectacle, la phrase « When oriental and metalcollide », référence à une autre chanson de Maiden (WhenTwo Worlds Collide), défile sur l’écran en arrière-plan. Tout portait à croire qu’on aurait droit à des sonorités dignes d’un Powerslave. Or, Nawather, c’est une toute autre paire de manches.

Que ce soit clair dès le départ : Nawather est une musique de puristes. Certes, la touche orientale est bel et bien présente au travers d’une musique en arrière-plan évoquant un terrain connu, et d’un jeu de qanûn extrêmement plaisant à écouter. 

De ce côté, Chaima Kaddour est irréprochable tant ses doigts défilent gracieusement le long de son instrument. D’autre part, la guitare de Yazid Bouafif et la basse de Hichem Ben Amara produisent un son bien gras, étouffant, technique, rappelant le meilleur du Death Metal des années 90. Saif Eddine Louhibi à la batterie est exactement ce qu’on imagine être un batteur de Metal : imposant, bruyant, brutal, sans concessions à l’image de son jeu de double-pédale aux contretemps infernaux. A la voix, Abderaouf Jlassi et Ryma Nakkach forment un contraste entre voix claire, mélodieuse et deathgrowl issu, justement, de la scène Deathmetal. S’ensuit un show de puristes. La musique de Nawather n’est pas facile d’accès. On peut aisément confondre avec du bruit. Cependant, pour les connaisseurs et les amateurs de Metal, c’est une musique qui a sa place et qui rassasie, comme en témoigne la présence accrue d’amateurs de Metal au sein du public en ce soir du 11 avril.

L’Instant M vous recommande donc vivement d’assister au reste des JMC qui se terminent samedi prochain, car il y en a manifestement pour tous les goûts.

                                                                                                          Med Amine Sehli