Coup de cœur

Voyage au cœur des Mosquées de Tunisie : entre histoire et spiritualité

La Tunisie regorge de mosquées emblématiques qui allient spiritualité, histoire et splendeur architecturale. De la médina de Tunis aux villes du sud, chaque édifice raconte une part du riche héritage culturel du pays. À travers cet article, partez à la découverte des mosquées incontournables, véritables symboles de foi et d’histoire, qui font de la Tunisie une terre de traditions et de patrimoine exceptionnel.

La Mosquée de Zitouna

La mosquée Zitouna, située au cœur de la Médina de Tunis, est la deuxième plus grande mosquée de Tunisie, après la grande mosquée de Kairouan. Elle joue un rôle central dans la ville et accueille de nombreuses cérémonies religieuses. Fondée au VIIIe siècle sur les vestiges d'une basilique chrétienne, elle a été reconstruite au IXe siècle et a subi plusieurs aménagements au fil des siècles, notamment l'ajout d'une bibliothèque et d'un minaret.

Architecturalement, la mosquée s'inspire des styles de Cordoue et Kairouan, avec une cour trapézoïdale et une salle de prière hypostyle ornée de colonnes antiques. Elle a également abrité une université islamique influente, où de nombreux savants ont enseigné des disciplines religieuses et scientifiques.

Après l'indépendance, le lien entre la mosquée et l'université a été rompu, mais des efforts ont été faits pour établir des instituts modernes liés à l'enseignement islamique, consolidant ainsi l'héritage éducatif de la zitouna.

La Mosquée de Okba Ibn Nafaa kairouan

La Mosquée Okba Ibn Nafaa, située à Kairouan, est un véritable trésor architectural. Construite au 7ème siècle, elle figure parmi les plus anciennes et les plus significatives du monde musulman, illustrant la beauté et l'ingéniosité de l'architecture islamique.

Ce qui rend cette mosquée exceptionnelle, ce sont les pierres de tailles variées grandes, moyennes et petites qui composent des lignes droites, des courbes symétriques et des motifs géométriques élaborés. Les majestueuses colonnes, récupérées de divers sites antiques, s'intègrent harmonieusement à la structure, apportant une touche d'histoire et de diversité.

Les arcs et colonnes de la mosquée sont particulièrement remarquables. Chaque colonne possède une histoire et une provenance distinctes, témoignant de la richesse de l'héritage architectural islamique. La précision et le savoir-faire des architectes de l'époque se reflètent dans chaque détail de cette mosquée.

La Mosquée Fatimide de Mahdia

La première mosquée Fatimide se trouve à la presqu’île de Mahdia en bord de mer. Ce monument majeur de l’art islamique a été fondé vers 916 par le calife de la dynastie des Fatimides, Obeïd Allah El Mahdi. Au fil des siècles, l’édifice a subi plusieurs modifications. La galerie nord et le porche de la mosquée sont les seuls éléments authentiques datant du Xe siècle. Vue de l’extérieur, la grande mosquée fatimide de Mahdia ressemble à une forteresse. Ne disposant pas de minaret, l’appel à la prière se faisait par l’une de ses deux tours. A proximité de ce lieu de culte, se trouve Borj EL Kebir, la forteresse ottomane construite vers la fin du XVIe siècle.

La Mosquée Fadhloun Djerba 

Située à la périphérie de la ville de Midoun dans l’île de Djerba, la mosquée fadhloun est l’un des monuments les plus curieux, les plus étonnants, non seulement de l’île de Djerba, mais de tout le patrimoine architectural ancien de Tunisie. Vu de loin, dans sa «campagne» djerbienne, il présente l’apparence de l’harmonie des édifices religieux de l’île. De plus près, on est surpris par les dispositions et la «désarticulation» d’un ensemble duquel émane cependant une transcendance qui subjugue le visiteur. Le monument, daté du XIVe siècle, se compose de trois sous ensembles :

une salle de prières s’élevant au milieu d’une cour clôturée dont le sol est couvert d’un enduit de chaux

des dépendances extérieures comprenant une salle pour les ablutions rituelles et une école coranique, auxquelles font pendant un moulin à grains et une boulangerie souterrains !

des dépendances intérieures comprenant une salle principale qui abritait l’enseignement coranique flanquée de deux petites pièces destinée l’une au logement, l’autre pour garder les réserves alimentaires

La Mosquée de la Kasbah

Située sur la place de la Kasbah à Tunis, cette mosquée a été construite entre 1231 et 1235 par Abou Zakariyâ, fondateur de la dynastie hafside. Destinée initialement aux besoins religieux de la cour, elle a progressivement acquis le statut de mosquée du vendredi, concurrençant la mosquée Zitouna.

Son minaret carré, inspiré du style almohade, a influencé l’architecture des mosquées malékites tunisiennes. Reconstruit en 1960, il conserve l’esthétique d’origine avec quelques embellissements.

La salle de prière, plus profonde que large, présente une structure unique : sept nefs et neuf travées, des voûtes en arcs en fer à cheval, et des colonnes ornées de chapiteaux hafsides.Lors du passage au rite hanafite sous les Turcs, le minbar en bois a été remplacé par un modèle en marbre.

Le minaret reste l’élément central de la mosquée. Inspiré de celui de la kasbah de Marrakech, il se distingue par un décor en pierre finement sculptée, mêlant arcs polylobés et entrelacements sophistiqués. Véritable témoin de l’histoire architecturale tunisienne, la mosquée de la Kasbah incarne l’héritage et l’évolution des styles islamiques en Ifriqiya.

La Mosquée de Bourguiba Monastir

Le mausolée de Bourguiba est un monument funéraire emblématique situé au cœur de Monastir. Il abrite la dépouille de l’ancien président Habib Bourguiba, père de l’indépendance tunisienne, né en 1903 et décédé en 2000. Originaire de la ville, il entreprend lui-même la construction de son tombeau en 1963, optant pour une architecture mêlant tradition arabo-musulmane et style moderne.

Érigé dans la partie occidentale du cimetière, non loin du marabout de Sidi Mézri, principal lieu de sépulture de Monastir, le mausolée se dresse au bout d’une allée de 200 mètres. Il accueille non seulement la tombe du président défunt, mais aussi celles de sa première épouse Mathilde (Moufida), de ses parents, de ses frères et d'autres membres de sa famille, répartis dans deux salles adjacentes.

Sa structure rappelle celle d’une mosquée, avec un imposant dôme doré encadré par deux minarets. Le mausolée se trouve à proximité du cimetière historique de Monastir, datant du XIIe siècle, ainsi que du Ribat et du port de la ville, ajoutant à son caractère symbolique et patrimonial.

La Mosquée de Sidi Yeti

Située sur la côte sud-ouest de Djerba, près de Guellala, la mosquée Sidi Yeti se dresse fièrement face à la mer. Construite au début du Xe siècle, elle rend hommage à Cheikh Yati El Mistawi, figure associée au mouvement ibadite des Nukkarites. Fragilisée par l’érosion marine, elle a bénéficié d’une rénovation dans les années 1995 pour préserver son patrimoine.

un rôle spirituel et défensif 

Plus qu’un simple lieu de culte, Jamaa Sidi Yeti est l’une des mosquées emblématiques du rite ibadite à Djerba. À l’époque, elle servait également de tour de guet, surveillant la côte contre d’éventuelles menaces maritimes.

Une salle de prière intime et minimaliste,

Une cour avec portique, offrant un espace de transition vers l’intérieur,

Une salle funéraire, abritant la tombe du saint,

Quelques annexes, témoignant de son rôle polyvalent à l’époque.

Entièrement recouverte d’un enduit de chaux blanche, à l’intérieur comme à l’extérieur, la mosquée se fond parfaitement dans le paysage, avec ses formes douces et arrondies qui évoquent les châteaux de sable. Modeste, mais chargée d’histoire, elle incarne à la fois la spiritualité et l’ingéniosité architecturale de Djerba.