Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l'étranger,
Madame la Ministre des Affaires culturelles,
Mesdames et messieurs les députés,
Mesdames et messieurs les ambassadrices, ambassadeurs et représentants d'organisations internationales,
Chers élus de la communauté française,
Chers amis tunisiens ou d'ailleurs,
Mes chers compatriotes,
Bienvenue.
C'est une joie de vous accueillir ce soir à Dar al-Kamila pour notre fête nationale et une fierté pour l'ambassade de le faire dans ces jardins qui retrouvent leur éclat après une première phase de rénovation.
Le 14 juillet, nous célébrons les principes humanistes de la République française : liberté, égalité, fraternité.
Le 14 juillet nous rassemble dans la conviction que chacun et chacune dispose du droit inaliénable de vivre, penser et agir librement ; l'engagement à assurer l'égalité de toutes et tous, sans privilège ni exclusion ; et dans la confiance dans le sentiment de fraternité qui nous rappelle que notre vie est liée à celle des autres.
Ces principes entrent en résonnance avec ceux de la Charte des nations unies, signée il y a 80 ans, ceux de souveraineté des peuples, d'égalité des Etats et de coopération entre nations qui sont au fondement de l'ordre international mais qui sont aujourd'hui tragiquement bafoués.
En cette période de confusion entre un monde qui se meurt et un autre qui tarde à apparaitre – dans cet entre-deux que le penseur italien souvent cité Antonio Gramsci désignait comme propice à l'apparition des monstres –, la Tunisie et la France partagent un attachement indéfectible à cette Charte. Car celle-ci demeure la clé de voûte d'un ordre international dans lequel le droit et la diplomatie priment sur l'arbitraire, les rapports de force et la guerre. Nous sommes les partisans d'un réalisme fondé sur le droit, bien plus durable que la force.
La France, comme l'Europe, sont des partenaires de confiance pour la Tunisie. L'Union européenne est une communauté de nations qui font effort pour regarder leurs erreurs passées, ont rompu avec l'impérialisme et le colonialisme, et tourné le dos aux rapports de force pour privilégier la coopération et le respect du droit. Certains y voient une faiblesse, mais c'est en fait la plus grande force des européens : cette culture du débat, la recherche du consensus et l'Etat de droit. L'Europe c'est aussi une résilience extraordinaire qui permet de surmonter les crises. Aujourd'hui, face au retour des stratégies de puissance et aux ambitions irresponsables de domination et de coercition, contre les nouveaux prédateurs et contre les ingénieurs du chaos, l'Union européenne consolide sa défense, investit dans son autonomie industrielle et renforce ses partenariats. Elle avance, déterminée, pour sa sécurité et sa prospérité ainsi que celles de ses partenaires. Nous sommes une puissance de paix, de droit, de libre commerce et de progrès.
C'est dans cette perspective que la France est aux côtés du peuple ukrainien depuis trois ans et demi et le restera aussi longtemps qu'il le faudra pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale.
Dans le même esprit, rien ne doit faire oublier ce qui se passe à Gaza. Je sais à quel point cette tragédie sans nom remue les cœurs des Tunisiens, avec raison. Je suis scandalisée comme vous. Cette abomination doit cesser immédiatement.
Les autorités françaises l'ont affirmé sans ambiguïté : il n'y a aucune justification à la poursuite des opérations militaires israéliennes à Gaza ; il n'y aucune justification au blocage de l'aide humanitaire ; nous sommes fermement opposés à tout déplacement forcé de la population palestinienne. La France veut un cessez-le-feu et l'entrée massive d'aide humanitaire ainsi que la libération des otages. La France veut l'arrêt de la colonisation. La France veut la création d'un Etat palestinien, côte à côte avec l'Etat d'Israël.
Nous voulons la paix et la sécurité pour tous. Mais nous ne pouvons pas l'imposer.
La méthode multilatérale doit être notre guide. C'est elle qui nous permettra de reconstruire un système de gouvernance mondial plus efficace et représentatif. C'est le sens des efforts que nous avons menés dans le cadre des discussions pour un Nouveau pacte financier mondial et du pacte de Paris pour les peuples et la planète.
Je pense à la protection de l'environnement et à la transition énergétique, qui sont un impératif face à l'urgence climatique et qui sont un levier de stabilité et de croissance économique. A ce titre, nous sommes très heureux, Monsieur le Ministre, de vous avoir accueilli à Nice pour la 3ème conférence des Nations unies pour les océans. Je pense aussi à la transition numérique et au développement de l'intelligence artificielle, qui posent des questions décisives à nos sociétés. Là encore, la France et la Tunisie peuvent avancer ensemble, en s'appuyant sur leurs talents, leurs chercheurs, leurs start-ups. Le forum Méditerranéen pour l'IA que nous préparons ensemble et qui se tiendra à Tunis en novembre sera une formidable opportunité. Je pense enfin à l'éducation, à l'enseignement supérieur et la recherche, qui doivent bénéficier d'investissements toujours plus ambitieux. Là aussi nous avançons ensemble. Cette année nous avons investi plus d'1,5 million d'euros rien qu'en bourses à destination des étudiants et des jeunes chercheurs tunisiens car c'est avec la jeunesse, et pour la jeunesse que nous construirons ces nouvelles perspectives. C'est ma conviction.
Mesdames et Messieurs, chers invités, le partenariat franco-tunisien est profond et solide. Il se développe dans un dialogue entre égaux et dans le respect des intérêts et de l'indépendance des décisions de chacun. Il puise sa force de la densité exceptionnelle des liens humains, sociaux, culturels et économiques entre nos deux pays. Près d'un million de tunisiens et franco-tunisiens vivent et travaillent en France, contribuant à la vitalité de notre pays. Réciproquement, 30 000 français vivent en Tunisie, dont la plupart détient aussi la nationalité tunisienne, et 1600 entreprises françaises y sont implantées. Nous sommes votre premier partenaire commercial et le premier investisseur étranger, et la Tunisie est le premier investisseur africain en France. Ces chiffres objectifs reflètent simplement des vérités essentielles : nous avons besoin les uns des autres, notre coopération est mutuellement bénéfique et, de toutes les façons, notre avenir est commun.
Madame la Ministre, monsieur le Ministre, chers amis tunisiens et de tous pays, chers compatriotes, vous tous qui contribuez à nourrir la confiance et l'amitié qui unissent nos deux peuples ; merci de votre présence ce soir. Merci aussi à nos nombreux et généreux sponsors ainsi qu'à tous les volontaires, à l'équipe technique et au personnel de la résidence qui ont fait de cette soirée un si beau moment. Merci à tous les membres de l'équipe France en Tunisie, avec lesquels je suis si honorée de travailler.
Pour conclure, puissent ces mots du poète Tahar Bekri résonner en nous : « C'est la beauté qui est acte de civilisation, non le fracas des armes... Je ne veux ni crier avec les loups ni être insensible à la souffrance humaine. Je veux tremper ma plume dans l'encre généreuse et fraternelle, non dans l'ivresse du sang. »
Je vous souhaite à toutes et tous un très bon 14 juillet.
Vive la Tunisie, vive la République et vive la France !
Vive l'amitié tuniso-française