Artisanat

Artisanat tunisien : des créations qui racontent une histoire

Découvrir l’artisanat tunisien c’est voyager à travers ses couleurs, ses textures et ses histoires. De la poterie de Sejnane aux tapis de Kairouan, des bijoux de Djerba au verre soufflé chaque création raconte un savoir-faire unique transmis avec passion.


Poterie de Sejnane:

Ce savoir-faire, exclusivement féminin, se transmet depuis le II? millénaire av. J.-C., de mère en fille, au cœur des terres argileuses du massif du Mogod. En 2018, il a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, en reconnaissance de ce geste ancestral. Chaque étape—extraction, façonnage manuel sans tour, séchage à l’air, cuisson à même le sol avec bouse et bois, puis déco enrichie de pigments naturels inspirés des tatouages berbères—fait de la poterie de Sejnane un art vivace et profondément enraciné. Des figures comme Om Jomaa, Lamia ou Habiba symbolisent la transmission de la mémoire collective.


Tapis de Kairouan:

Les tapis de Kairouan, qu’il s’agisse des klims aux motifs géométriques ou des mergoums à points noués, perpétuent une tradition qui remonte au XIX? siècle. Réalisés à la main par des artisanes de la région, ils se distinguent par la finesse de leur tissage et la richesse de leurs dessins inspirés de l’art islamique. Utilisés comme tapis de sol ou pièces décoratives, ils incarnent un savoir-faire transmis de génération en génération.


Bijoux en argent: 

Les bijoux en argent de Djerba reflètent un héritage berbère et andalou transmis depuis des siècles. Ornés de motifs géométriques ou symboliques, ils sont souvent travaillés en filigrane ou incrustés de pierres colorées comme le corail ou l’ambre. Bracelets, colliers, boucles d’oreilles et pendentifs ne sont pas seulement des ornements : ils portent aussi une valeur protectrice et identitaire, liée aux traditions des communautés juives et musulmanes de l’île. Aujourd’hui encore, ces pièces uniques, façonnées à la main, figurent parmi les souvenirs les plus prisés des visiteurs.


Céramique de Nabeul:

La tradition céramique de Nabeul plonge ses racines dans l’Antiquité, déjà active à l’époque romaine pour la production d’amphores d’huile ou de vin. Au Moyen Âge, l’art se maintient, mais c’est à l’arrivée des familles potières andalouses, notamment les Kharraz, que la ville retrouve un nouvel essor, avec l’introduction du vernis au plomb . Aux débuts du XX? siècle, des dynasties comme les Tissier (originaire de France) fusionnent innovation européenne et savoir-faire local, faisant de Nabeul la capitale de la faïence tunisienne.


Foutas: 

Les foutas, serviettes traditionnelles tissées en coton, trouvent leur origine dans les anciens hammams tunisiens où elles remplaçaient les serviettes-éponge. Légères, absorbantes et à séchage rapide, elles sont devenues au fil du temps un accessoire polyvalent, adopté autant à la plage qu’à la maison. Réinventées par les artisans avec des motifs et couleurs variés, elles s’utilisent aussi comme écharpe, nappe ou élément décoratif, alliant praticité et esthétique.


Chéchias: 

Les chéchias, des calottes de laine rouge, sont un élément traditionnel de la tenue masculine tunisienne. Elles sont fabriquées à la main et peuvent être décorées de Venue d’Espagne avec les Morisques, la chéchia s’ancre durablement en Tunisie. Dès la fin du XVII? siècle, trois souks entiers dans la médina de Tunis lui sont dédiés, témoignant de l’essor économique de cet artisanat. Sa fabrication était collective : tricotage à l’Ariana, couture à Bab Souika, teintures à Zaghouan… Un processus long, parfois segmenté en plusieurs mois. À partir des années 1950, la chéchia décline face aux productions industrielles ; les artisans ont alors tenté un renouveau dans les années 1990 avec des modèles plus modernes, mais le secteur reste fragile.


Verre soufflé:

Le verre soufflé en Tunisie perpétue un savoir-faire artisanal introduit durant l’Antiquité, puis perfectionné à l’époque islamique. Les maîtres verriers, travaillant la matière en fusion à plus de 1000 °C, lui donnent forme en soufflant à travers une canne creuse. Chaque pièce — qu’il s’agisse de vases, de lampes ou de verres — se distingue par de légères variations, signe d’un travail entièrement manuel. Aujourd’hui encore, des ateliers, notamment autour de Tunis et de Djerba, préservent cet art où transparence, couleur et lumière se rencontrent.