©Festival International de Carthage

20 ans après avoir été à la tête du Festival International de Carthage, M. Mokhtar Rassaâ est à nouveau directeur de ce festival mythique, l’un des plus anciens et des plus connus de la région méditerranéenne. Dans une interview accordée à L’Instant M, il nous parle de cette nouvelle édition qui se tiendra du 13 juillet au 19 août, où il succède à M. Mohamed Zine El Abidine (ancien directeur du Festival de Carthage et actuel ministre des Affaires culturelles).

Vous êtes désormais le nouveau directeur du Festival de Carthage. Pourquoi avez-vous choisi d’occuper de nouveau ce poste de grande responsabilité ? Et y a-t-il des changements que vous avez apportés  par rapport aux éditions précédentes ?

J’ai dirigé le Festival de Carthage en 1997, à l’occasion du choix de la Tunisie comme capitale culturelle régionale par l’UNESCO, et ce fut une grande session. Cette année, j’ai accepté cette proposition car il se faisait tard pour confectionner un programme pour le festival. On est heureusement arrivé à faire un programme exhaustif pour cette année qui répond à tous les goûts. Vous savez très bien qu’il y a ceux qui aiment le jazz, ceux qui aiment le tarab, ceux qui aiment le rock, ceux qui aiment la musique classique … et beaucoup d’autres formes d’expression. Et puis il y a les jeunes et les enfants qui ont aussi le droit d’assister à des spectacles qui sont à leur  goût et  dans l’air du temps ; on a cette année travaillé sur ça et on est arrivé à une programmation que j’estime équilibrée.

Cette année, vous avez consacré trois soirées au rap. Pourquoi ce choix ? Et que répondez-vous aux critiques suscités par cette programmation ?

Le rap est dans l’air du temps et dans la vague actuelle du goût des jeunes. Ce genre est aujourd’hui l’expression musicale la plus écoutée par les jeunes parce qu’il exprime leurs attentes, leurs critiques et leurs angoisses face à ce qui se passe dans le monde. Le rap est donc une expression qui s’est imposée depuis quelques années, aussi bien dans les pays occidentaux, que chez nous. Quant aux critiques, on les accepte bien quand elles sont fondées, sinon on passe outre. De toutes les manières, on ne peut pas critiquer à l’avance des spectacles qu’on n’a pas vus et puis il faut attendre de voir comment cette 53^e  édition sera appréhendée par le public.

Y a-t-il des artistes qui ont refusé de venir pour des raisons de sécurité ou autres et que vous auriez voulu programmer sans y être arrivé pour des contraintes budgétaires ?

Oui, il y a la question budgétaire mais aussi la question du calendrier parce que beaucoup d’artistes font leurs tournées en hiver et partent en vacances en été. Il faut dire qu’on a aussi évité les artistes dont le cachet est trop cher étant donné que le dinar tunisien a glissé par rapport aux monnaies étrangères, surtout le dollar et l’euro avec lesquels on paie les artistes, cela nous fait un manque à gagner de presque 400.000 DT, sans compter les 400.000 DT qui ont été retiré du budget du festival par rapport aux éditions précédentes. Mais  aucun des artistes contactés n’a soulevé des problèmes de sécurité. 

La Tunisie est aussi sûre que d’autres pays, comme d’autres pays sont moins sûrs que la Tunisie.

©Festival International de Carthage

Vous avez présenté, lors de la conférence de presse, un rapport de sondage effectué par Sigma Conseil sur les préférences artistiques du public tunisien et son rapport au Festival de Carthage. Ce rapport pourrait-il vous servir de guide dans la programmation des prochaines éditions ?

D’abord ce rapport nous a beaucoup confortés dans nos choix car il indique que les Tunisiens aiment découvrir les nouvelles productions tunisiennes et préfèrent la musique au reste des expressions artistiques, chose qu’on a toujours faite dans notre programmation. C’est toujours bon de faire des sondages comme celui-là pour voir comment évoluent les goûts des spectateurs.

Michel Boujnah revient en Tunisie après une longue absence avec son nouveau spectacle « Ma vie rêvée ». Pourquoi avez-vous choisi de le programmer au Musée de Carthage et non pas au grand Théâtre romain comme le reste des grands spectacles ?

Michel Boujnah a exprimé le souhait de se produire en Tunisie et on l’a accepté avec plaisir. C’est un homme formidable qui, sur les plateaux de télévision  en France ou ailleurs, fait toujours l’éloge de son pays natal qu’il chérit plus que tout. C’est lui qui a préféré ne pas se produire dans un grand théâtre tout simplement parce qu’il a le trac d’être devant un large public, c’est pour cette raison qu’on a choisi de le programmer au Musée de Carthage.

©Festival International de Carthage

Les deux précédents directeurs du Festival de Carthage Mme. Sonia Mbarek et M. Mohamed Zine El Abidine sont devenus ministres. Y a-t-il des chances de vous voir à la tête du ministère des Affaires culturelles dans les années à venir ?

On me pose souvent cette question mais je n’ai plus l’âge d’être ministre, je ne conçois pas qu’un ministre de la Culture aujourd’hui en Tunisie ait 68 ans, qui est mon âge. Je pense qu’il faut laisser la place aux jeunes. 

Le gouvernement qu’on a en ce moment est un gouvernement jeune, dirigé par un premier ministre jeune. L’actuel ministre des Affaires culturelles M. Mohamed Zine El Abidine est un bon ministre qui essaie de mettre en œuvre beaucoup de projets. Il faut laisser les gens travailler pendant au moins 3 ou 4 ans pour qu’ils puissent mettre à exécution leurs projets. 

Quant à moi, je n’ai pas accepté cette tâche dans l’espoir de devenir ministre.

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Fawz BEN ALI