Musique

Récap Carthage : Quatre artistes femmes qui ont marqué cette édition

La 53ème édition du Festival International de Carthage qui s’est clôturée la semaine dernière avec le merveilleux spectacle indien « Bahrati », s’est montrée particulièrement éclectique et surtout très attentive aux attentes du public tunisien.

La nouvelle direction du festival, sous la houlette de M. Mokhtar Rassaâ, avait en effet concocté un programme en phase avec l’actualité et a fortement cru en de jeunes artistes ayant en  commun le talent et le refus du mainstream.

Comme cette année ce sont surtout les femmes qui étaient à l’honneur, retour sur cette présence féminine qui a marqué les adeptes du festival de Carthage.

Faia Younana : From Syria with love

Cette belle brune aux yeux verts ne se repose pas sur son physique pour charmer, loin de là, car c’est avec sa voix en or que la jeune chanteuse syrienne de 25 ans a séduit le monde arabe et particulièrement le grand public qui était venu la découvrir à Carthage le 15 juillet. Le public tunisien connaît bien Faia Younan, surtout à travers sa chanson « Ouhebou al bilad », écrite par le grand poète tunisien Sghaïer Ouled Ahmed (1955 – 2016), mais aussi par ses autres compositions où elle chante la paix et l’amour de son pays, la Syrie. Faia Younan connaît aujourd’hui un succès de plus en plus grand avec son album « Baynetna fi bahr » autofinancé avec l’aide de ses fans qui ont cru en elle. Les neuf chansons de l’album sont aujourd’hui de vrais tubes, et la jeune cantatrice à la voix cristalline a prouvé qu’elle méritait bien sa présence à Carthage.


Emel Mathlouthi : Le grand retour

La vedette de l’underground ou « la voix de la révolution » comme on l’appelle souvent, a enfin retrouvé le public tunisien dans le cadre majestueux du Festival de Carthage. Un spectacle qui a failli ne pas avoir lieu à cause des contraintes budgétaires, mais qui a finalement été maintenu au grand bonheur de la jeune chanteuse et de ses fans. Après avoir chanté à la cérémonie du prix Nobel de la Paix en 2015 et puis dernièrement à la fameuse station de radio américaine KEXP, Emel Mathlouthi commence à embrasser une carrière à l’international, mais est malheureusement restée absente assez longtemps des festivals tunisiens ; le 12 août ce furent alors les grandes retrouvailles, Emel Mathlouthi a donc mis les bouchées doubles en invitant un grand orchestre avec des musiciens tunisiens et étrangers. Ce soir-là, on a retrouvé une artiste plus accomplie que jamais, signant un nouvel album « Ensen » aux couleurs du monde et de la Tunisie où sa voix puissante résonne en toute liberté. L’émotion est particulièrement intense sur le mythique « Kelmti horra » hymne de la révolution et de la parole libre.


Lena Chamamyan : De Palmyre à Carthage

S’il y a une Syrienne qui a conquis le cœur des Tunisiens à l’unanimité, c’est bien Lena Chamamyan. Que ce soit à Hammamet, à Carthage ou à Makthar, la chanteuse syrienne a eu un franc succès. Mais le Festival de Carthage demeure de toute évidence un rendez-vous bien spécial ; le 13 août, sur la prestigieuse scène, Lena Chamamyan a brillé de talent et de charisme durant près de trois heures d’affilée, avec des musiciens venus de différents horizons et surtout de Tunisie. En choisissant la voie du jazz oriental, Lena Chamamyan a réussi avec brio à se faire un grand nom et une belle place dans le monde arabe et en Europe. Sa voix mélodieuse, matinée de jazz et perchée aux sommets, opère immédiatement sur le public et fait d’elle une déesse de la chanson arabe moderne. Lors de son concert donné à guichets fermés, Lena Chamamyan a mis l’ambiance devant des fans charmés.


Yasmine Azaiez brille de mille feux 

La très talentueuse violoniste et compositrice tunisienne Yasmine Azaiez a réussi à son tour à remplir les gradins du théâtre romain. Le public était là, essentiellement pour découvrir le nouvel album « Fabulous » que la jeune artiste était venue défendre. Un album en rupture avec le précédent puisqu’il s’avère plus vivace, plus vitaminé et surtout très pop, à l’image de son auteure qui déborde de vie. La soirée du 17 août fut un show aux mille et une couleurs, signé par une jeune artiste dont l’ambition et la persévérance ont déjà  mené  très loin, comme quand elle avait joué à la Maison de l’Opéra au Caire, aux côtés de Nacir Chamma.

Diplômée du New England Conservatory of Music de Boston et du Yehudi School de Londres, Yasmine Azaiez souhaite désormais partager son savoir-faire avec les jeunes talents qu’elle forme dans son école de musique à Tunis « Yasmine Azaiez Academy ».

F.B.A