Zoom sur un événement

Zoom sur Hors Lits Tunisie, Pour le bonheur de l'art et des Rues.

La Goulette, cette ville où les histoires se racontent jusque sur les murs, un 26 mars. C'est dans une ambiance bon enfant que le projet « Hors-lits » débarque, pour notre plus grand bonheur et celui des rues.

C'est la quatrième fois que ce projet investit la ville de Tunis. C’est la première fois en revanche que celui-ci  s'exporte à Sousse et à Nabeul. « Hors-lits » rencontre en effet un franc succès, à en croire l'engouement qu’il a suscité sur les réseaux sociaux. En à peine quelques jours, les tunisiens ont commencé à s'intéresser à cet événement et veulent maintenant découvrir le fameux projet « Hors lits Tunisie ».

Nous arrivons pile à l'heure au rendez-vous fixé à 17h devant le fort de La Goulette, où nous attendait l’une des membres de l'équipe, avec à la main une pancarte où l’on pouvait lire : "Hors Lits".  C'est alors qu’en quelques minutes seulement se forme une queue d'un public aussi hétéroclite que fascinant, de tous âges, toutes nationalités, et semblant n’avoir pour seul point commun que la curiosité découvrir, enfin, ce mystérieux projet.


Une fois au complet -les places étaient limitées-  le parcours citadin guidé démarre. L'esprit de « Hors Lits » nous rappelle  l'ambiance de « Dream City », qui a lieu une fois par an dans la Médina de Tunis.

En effet, les soirées organisées par le réseau «Hors-lits» s’inscrivent dans une démarche sensible de réécriture de l’intime en ouvrant des espaces alternatifs entre artistes, habitants et spectateurs. C'est d’ailleurs cet aspect intimiste et original qui nous séduit.

Notre heureux troupeau se dirige alors vers le premier lieu qui comme les autres nous a été caché. A notre plus grande surprise,  nous (re !)découvrons la Municipalité de La Goulette !

Ridha Rzig et Hamdi Trabelsi donnent le coup d'envoi avec le spectacle chorégraphique El Korsi, une bagarre poétique où les deux danseurs se battent pour avoir une chaise. Soudain, croyez-le ou non, un événement inattendu des spectateurs comme de l’organisation se produit : un mariage attendait à la porte ! C’est donc une scène particulièrement cocasse qui s'offre à nous à ce moment, donnant ainsi peut être encore plus de charme à « Hors lits ».  Nous avions l'impression d'être en fraude, dans l'interdit, presque, ou plutôt réveillés brutalement en plein rêve.


Puis c'est autour de la deuxième représentation -  chacune d'entre elle a duré en moyenne 25 min- de nous entrainer avec elle : nous marchons alors à petits pats dans un brouhaha enthousiaste où les conversations, avis et échanges sur le projet en cours vont bon train.

Nous arrivons devant une charmante maison en bord de mer à l'architecture arabo-musulmane, où allait avoir lieu un Vjing (projection d'image(s) en temps réel en synchronisation avec de la musique) assuré par Maxime Potard et Aliette Cosset intitulé Histoire de ma vie.

L’obscurité la plus totale permet notre immersion dans la musique et dans la poésie récitée par l'artiste. Nous nous laissons alors emporter par les vagues projetées sur le mur.

Un moment de poésie et d'évasion nous a été offert pour notre plus grand bonheur ;  le public était conquis et moi aussi.

Puis c'est après 25 min de déconnexion totale que nous allons à la découverte de la dernière et sans doute la plus originale des représentations. Il s'agissait d'un show cooking en musique assuré par l'artiste Aly Mrabet, qui s'avère être un cordon bleu en plus d’un brillant musicien.

Cette représentation a lieu dans un appartement non loin de la charmante villa de bord de mer où nous étions. Au fur et à mesure que nous montons les escaliers, l'odeur enivrante nous donne l'eau à la bouche. Nos estomacs affamés étaient tourmentés par cette promesse d’allier musique et bon plat gourmand !

Enfin, à l'intérieur de l'appartement c'est à la bonne franquette  que chacun prend une assiette et fourchette et se prépare à déguster les délicieux plats cuisinés en live par le DJ Aly Mrabet.

Une ambiance conviviale et intime était  au rendez-vous : nous étions comme une grande famille se préparant à diner ensemble dans la joie et la bonne humeur. J'avoue avoir été séduite par l’aspect intimiste et original de l’évènement.

Ce projet a vu le jour en 2005 à Montpellier grâce au  chorégraphe Leonardo MONTECCHIA, dans l’optique d’animer un réseau « d’actes artistiques » itinérant.

"... nous exerçons nos désirs artistiques là où nous sommes..."

Ces événements proposés en appartement se développent et s’exportent dans plusieurs villes des pays comme le Canada, la France, la Belgique, Amsterdam, l'Espagne, la Suisse et maintenant la Tunisie.

Ce projet est né de la volonté d’investir de nouveaux lieux de diffusion artistique. Ceux-ci permettent aux artistes d’avoir plus de visibilité dans un contexte difficile, où plusieurs festivals sont annulés et où les lieux de diffusion sont souvent inaccessibles.

« Hors-lits Tunis » a été initié par le chorégraphe tunisien Selim BEN SAFIA en novembre 2014, dans l’optique complémentaire de faciliter la diffusion des créations tunisiennes d’une part et de favoriser les échanges avec les artistes internationaux d’autre part.

En 2014 il monte Impasse, sa cinquième pièce, où il  fait danser un circassien, une danseuse contemporaine et un danseur hip hop sur une musique jouée sur scène par le violoniste tunisien Zied Zouari. La même année, il initie « Hors-Lits Tunis » à la Médina de Tunis. La première édition se déroule à guichets fermés.

En 2015 il entame un partenariat chorégraphique avec la danseuse Lolita Morales. Ensemble, ils présentent un work in progress, « TOHU-BOHU », lors du Festival Tunis Capitale de la Danse et lors du « Hors-Lits Bordeaux ».

Le moins que l'on puisse dire, c'est que nous avons essayé « Hors-lits Tunisie » 2016 et nous attendons avec hâte la prochaine édition.

Alors restez aux aguets !

Meriem AIDOUN

Paru le 15 Avril 2016