L’artiste tunisien vient d’annoncer sa collaboration avec la Maison Guerlain, en effet, Inkman a signé le design de l’un des derniers flacons de luxe du grand parfumeur français baptisé « The bee bottle » (Le flacon aux abeilles) et sublimé par l’art de la calligraphie arabe, une pièce d’exception, lit-on sur le site officiel de Guerlain, qui affiche un prix en effet exceptionnel qui s’élève à 10.000 euros. 

Redécouvrez son portrait :

Rencontre avec Inkman, calligraphe tunisien de renom. Il parle de son art de sublimer les lettres, de son expérience du graffiti et de l'inspiration artistique.

Comment vous avez débuté la calligraphie ? Parlez nous de votre parcours.

Au début c'était une passion pour le graphisme et la culture de rue, j’ai commencé par les graffitis, puis ma passion a grandi, j'ai appris à décrire ce que je ressens à travers les visuels que je conçois, je devais continuer mes études en sciences économiques mais l'amour pour le graphisme a changé mon parcours.

J'étais graphiste-autodidacte, mais j'ai décidé de rejoindre l'école de design à Tunis. Durant les premières années de mes études, j'ai découvert une nouvelle passion; les lettres et la calligraphie. J'ai fait beaucoup de recherches sur différents styles, j'ai commencé à pratiquer l'art des lettres pour découvrir ce qui dépasse mon imagination.

 J'ai fait beaucoup d’essais ratés échoué mais à la fin j’ai réussi à créer une fusion entre deux cultures différentes. J'ai mélangé les lettres latines et les formes de la calligraphie arabe, et j'ai laissé libre cours à mon imagination.

D’où vous vient cette passion pour la calligraphie ?

Ma passion pour la calligraphie a commencé lorsque j'ai vécu différents échecs dans ma vie. Ces échecs se sont transformés en amour puis en méditation.

Je transcrivais tous les mauvais sentiments et les situations difficiles que je vivais, j’étais incapable d’en parler, j’ai donc construit mon sanctuaire; mon royaume de la calligraphie, où les lettres sont les gardiennes de mes secrets, je leur transmets ce que je ressens, ce que je déteste et ce que j'aime.

Ces lettres m'ont permis de m’ouvrir à l'amour. Elles sont devenues la raison pour laquelle je vis, respire et bien sûr j’écris.

Quelles sont vos inspirations ? y a-t-il des choses étranges qui vous inspirent ?

Tout autour de moi peut m'inspirer…histoires ou sentiments, parfois des couleurs ou des formes… la chose la plus étrange, c'est quand je commence à sentir que je suis à court d'idées, je ne peux pas dormir, je ne peux pas me concentrer, j'ai l'impression de perdre tous mes moyens. Je me réveille de l’immersion et soudain j'ai une sensation de soif intense, cet étrange sentiment me fait créer sans même penser à ce que je fais sur la toile ou sur le mur.

Avez-vous un style reconnaissable ? comment peut-on identifier vos œuvres ?

Je ne sais pas si mon style est connu ou non, mais mes adeptes peuvent le reconnaître, en tant qu'art moderne, un nouveau souffle pour les lettres qui créent un nouveau langage universel, un lien entre deux cultures, celui qui reflète mon identité et l'autre qui parle de ma pensée et de mes écrits.

Travaillez-vous par thème ?

Le thème principal concerne l'humanité, les sentiments tels que l'amour, ainsi que les causes nobles comme la paix dans le monde.

Quel est le cheminement, les étapes de votre travail ? Quelles procédures suivrez-vous lors de la création de vos œuvres ?

Tout dépend de ce que je ressens, parfois cela commence par une goutte de peinture, un point ou une forme géométrique, un sujet ou une situation, parfois je commence par esquisser ou improviser. J'étudie l'idée, j'imagine le résultat final puis je commence l'œuvre.

Sur quels types de supports travaillez-vous ?

Je travaille sur différents médias, j'ai commencé avec des murs, des toiles et maintenant je travaille avec de nouveaux matériaux comme l'acier inoxydable et le verre en créant des sculptures avec ma calligraphie.

L’esthétique de la calligraphie impacte-t-elle les gens? Quels sont les retours de ceux qui voient vos œuvres ? Pensez-vous qu’il y a un retour à la calligraphie ?

Fondamentalement, le premier contact des gens avec la calligraphie est l'esthétique de l'œuvre, la magie de la calligraphie peut toujours vous parler, même si l'œuvre n'est pas lisible, cet art attire les yeux et les âmes, et c'est ce que j'ai remarqué quand j’ai reçu des feedbacks.

Je ne crois pas qu'il y ait un retour à cet art, car la calligraphie persiste au fil du temps, cet art classique sera à mon sens toujours présent et apprécié.

Où se trouve votre atelier ? Où est ce qu’on peut retrouver vos œuvres ?

Mon studio est situé chez moi pour le moment, à Hammam-Lif, une belle ville avec une grande histoire.

À propos de mes œuvres, vous pouvez les trouver dans les rues de Tunisie, Danemark, Vienne, Prague ou Dubaï, aussi dans les galeries ou dans mon studio.

Pouvez-vous nous expliquez les ressemblances et différences entre graffiti, tag et calligraphie ?

À mon avis, le graffiti permet de faire connaître son nom dans un environnement urbain et il comprend le tag qui peut défendre une cause, un outil pour protester contre une entité, une injustice… Quant à la calligraphie, c’est l'art de l'écriture en général, ses formes dépendent des différentes cultures.

Pouvons-nous nous procurez une de vos œuvre ? Si oui, où ? et à partir de quel prix ?

Mes œuvres sont disponibles, vous pouvez visiter mon studio à tout moment ou quand il y une exposition.  Les prix dépendent de la taille et de la technique mais vous pouvez les découvrir en cherchant sur internet…

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Crédits photos : Pol Guillard, Nao Maltese, INKMAN