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Blue Africa Summit : le Royaume du Maroc veut porter la voix de l’Afrique maritime

Avec le Blue Africa Summit de Tanger, le Royaume du Maroc veut porter la voix de l’Afrique maritime

Le Royaume du Maroc, en décidant d’ancrer à Tanger, après une première édition réussie du Blue Africa Summit, un grand rendez-vous annuel consacré aux enjeux océaniques, confirme le leadership qu’il souhaite exercer pour porter à l’échelle mondiale la voix de l’Afrique maritime.

Plus de 80 personnalités sont intervenues lors de ce premier sommet bleu africain les 16 et 17 novembre à l’initiative de l’Académie du Royaume et de la Saison Bleue. En conclusion des deux journées qui ont traité les sujets Afrique/Europe, celui de la protection, de la science, de l’économie bleue durable et de projets innovants, les fondateurs du Blue Africa Summit, Abdeljalil Lahjomri, secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, Rym Benzina, présidente de la Saison Bleue et Pascal Lamy, président du Forum de la mer de Bizerte et vice-président de la Fondation Africa-Europe, ont annoncé la tenue d’une seconde édition à Tanger en novembre 2024.

Alors que de nombreuses négociations internationales traitent des sujets de l’Océan ( BBNJ sur la Haute Mer, Traité plastique, Exploitation des fonds marins, subventions à la pêche illégale et à la surpêche...) et que les enjeux économiques et géopolitiques se portent de plus en plus sur la mer, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a dans un discours adressé, le 6 novembre, à l’occasion du 48e anniversaire de la Marche Verte, mis en avant les potentialités du Royaume, appelant à une mise à niveau nationale du littoral, incluant la façade atlantique. Il a également marqué son attachement pour créer un espace à l’échelle de l’Afrique: « Nous sommes également attachés à ce que cet espace géopolitique fasse l’objet d’une structuration de portée africaine. Notre souhait est que la façade atlantique devienne un haut lieu de communion humaine, un pôle d’intégration économique, un foyer de rayonnement continental et international ». Publiée à l’issue du sommet, la Déclaration du Blue Africa Summit, Tanger, en appelle à un sursaut de conscience, d’ambition économique et environnementale tout en insistant sur la prise en compte des populations concernées. La seconde édition du Blue Africa Summit sera l’occasion pour les participants venus de plus de 30 pays de faire entendre la voix de l’Afrique afin de peser sur le bon niveau de la Conférence Océan des Nations (Nice, juin 2025).


DÉCLARATION DU BLUE AFRICA SUMMIT, TANGER

BLUE AFRICA SUMMIT, 



MAROC, 17/11/2023

Ce jour, à Tanger, au Maroc, à l’invitation de l’Académie du Royaume du Maroc et de La Saison Bleue, nous, représentants de vingt-six pays sur les trente-huit états côtiers que compte le continent africain, nous, leurs voisins des bassins  méditerranéen, atlantique et indien, leaders politiques, représentants de la communauté scientifique, de la société civile et de la jeunesse africaine, acteurs économiques, nous nous sommes réunis à l’occasion de la première édition du Blue Africa Summit.

Nous saluons l’engagement océanique fort de sa Majesté Mohammed VI, sous le haut-patronage duquel ce sommet est organisé, pour la première fois sur le continent africain.

Nous saluons la présence de hauts représentants des Nations Unies, de l’Union africaine, de l’Union européenne, de la Fondation Africa-Europe et d’autres organisations représentatives des nations maritimes.

L’Océan représente aujourd’hui autant de menaces que d’opportunités. Avec une population qui approchera deux milliards d’habitants d’ici 2050 et près du double à la fin de ce siècle, dont près de deux tiers vivront à moins de soixante kilomètres d’un littoral , l’Afrique constitue un continent qui mérite un traitement particulier. Nous attirons à ce titre l’attention sur la situation des littoraux les plus fragiles, des petits états insulaires, archipels ou des îles du continent africain et de l’océan Indien et des populations qui les composent, directement menacés par l’urbanisation massive, l’érosion, l’artificialisation et la salinisation des sols, les phénomènes extrêmes dus au changement climatique et à l’élévation préoccupante du niveau de la mer sur les trente mille kilomètres du littoral africain et les autres côtes de l’océan Indien .

La croissance africaine et régionale dépend et dépendra largement des investissements en matière d’économie ou de finance bleue, dès lors qu’ils profiteront aux économies et populations locales. Le désenclavement des pays du Sahel et de l’Afrique intérieure ne pourra, par ailleurs, se faire qu’à travers une ambitieuse vision océanique. Cette reconnaissance de l’océanité africaine passe évidemment par le développement d’infrastructures côtières, portuaires, de flottes de pêche et de commerce qui permettront aux états et aux populations de disposer du bénéfice de leurs propres ressources commerciales, halieutiques, marines, génétiques, énergétiques. Nous encourageons également les financements durables et innovants, le développement de starts up, de petites et moyennes entreprises.

Nous recommandons :

  • À l’ensemble des autorités nationales et locales du continent africain de développer des plans ou stratégies de développement durable de leurs littoraux et zones exclusives économiques et de soutenir le création de plans d’espace maritime à l’échelle nationale et internationale pour développer une économie bleue durable; d’y développer, entre autres, la protection de ces espaces et de leur précieuse biodiversité à hauteur de 30% d’ici 2030 ;
  • Aux entrepreneurs maritimes de développer des modèles économiques durables prenant en compte le bien-être des populations côtières ;
  • Aux états d’encourager les initiatives, comme celle de la Grande Muraille Bleue ou les corridors maritimes croisant l’expertise scientifique, l’engagement des citoyens et le développement aux fins de la protection de l’Océan, bien commun,
  • Aux pays du continent et aux partenaires internationaux, reconnaissant le leadership de l’Union des Comores en sa qualité de Président en exercice de l’Union Africaine, de rejoindre le Panel Africain de chefs d’états pour le développement d’une économie bleue régénératrice, créé lors du Africa Climate Summit 
  • Aux états de la façade atlantique africaine de rejoindre l’initiative du Maroc d’une coalition de pays solidaires ;
  • A tous les acteurs concernés, de reconnaître la nécessité d’un mécanisme permanent servant de plate-forme de dialogue et d’incubateur d’initiatives concrètes pour renforcer le partenariat stratégique Afrique-Europe.
  • A toutes et à tous, de porter la voix des femmes et de la jeunesse dans toutes les activités, les enceintes et négociations

Nous souhaitons :

  • Faire entendre la voix de l’Afrique plus fortement encore dans toutes les enceintes internationales, les prochains rendez-vous océaniques du Continent, dans les négociations actuelles et à venir sur les sujets concernant la production de plastique, l’interdiction des subventions à la pêche illégale ou à la surpêche, l’exploitation des grands fonds marins…
  • Encourager les états africains à ratifier au plus vite les accords dits BBNJ, afin de pouvoir permettre, entre autres, le développement d’aires marines protégées
  • Que les organisateurs de la prochaine Conférence Océan des Nations Unies (UNOC 3) qui se tiendra à Nice en juin 2025 sous la co-présidence de la France et du Costa-Rica prennent en compte de manière appuyée le développement maritime du continent africain et de sa région élargie à l’océan Indien et ce en encourageant pendant l’année 2024 une consultation nationale et internationale, en lien étroit avec l’Union africaine.

Enfin, de manière à construire un véritable leadership africain sur l’Océan et de porter la contribution du continent à l’UNOC 3, nous remercions l’Académie Royale du Maroc et la Saison Bleue de bien vouloir organiser en novembre 2024, à Tanger, une seconde édition du Blue Africa Summit. Nous y mesurerons alors les avancées réalisées et porterons à haut niveau la voix de l’Afrique océanique à la veille du grand rendez-vous de la Conférence Océan des Nations Unies en 2025.