Les récentes élections législatives en Tunisie, tenues en janvier 2023, ont révélé un constat alarmant : un taux d'abstention record de 88,6 %, ce qui signifie que près de 90 % des électeurs se sont abstenus de voter.
Ce phénomène est particulièrement marqué parmi les jeunes, qui semblent de plus en plus désengagés de la vie politique.
Dans un contexte où les élections présidentielles approchent en octobre 2024, il est essentiel d'analyser cette tendance et de réfléchir à des solutions pour inciter les jeunes à s'engager.
Un désengagement préoccupant
L'abstention des jeunes électeurs en Tunisie n'est pas un fait nouveau, mais elle s'est intensifiée ces dernières années. D'après des études antérieures, les jeunes électeurs, notamment ceux âgés de moins de 30 ans, votent moins fréquemment que leurs aînés. Ce désengagement peut être attribué à plusieurs facteurs :
Désillusion face aux partis politiques et aux dirigeants
Beaucoup de jeunes estiment que les partis ne représentent pas leurs intérêts ni leurs aspirations. Cette perception d'un fossé entre la classe politique et la jeunesse contribue à leur sentiment d'impuissance.
Manque d'impact
Une grande partie des jeunes pense que leur vote n'a pas d'impact sur le changement politique. Cette idée est renforcée par des décennies de promesses non tenues et de corruption.
Absence de mobilisation
Les campagnes électorales ne s'adressent souvent pas de manière efficace aux préoccupations des jeunes, qui se sentent exclus des débats politiques.
Un triste bilan avec des revenus et une situation de précarité préoccupante.
Comparaison avec les élections précédentes
L'analyse des précédentes élections montre une tendance inquiétante : l'abstention parmi les jeunes a augmenté de manière continue. Par exemple, lors des élections de 2019, le taux de participation des jeunes était déjà faible, mais il a chuté encore plus lors des élections de 2023. Cela pose une question cruciale : comment inverser cette tendance avant les élections présidentielles de 2024 ?
Vers une mobilisation accrue
Pour redonner espoir aux jeunes et les inciter à voter, plusieurs initiatives peuvent être envisagées :
Sensibilisation et éducation civique :
Des programmes visant à informer les jeunes sur l'importance de leur vote et de leur participation à la vie politique pourraient être mis en place. Cela peut inclure des ateliers, des conférences et des campagnes sur les réseaux sociaux.
Implication des jeunes dans les processus décisionnels
Il est essentiel d'inclure les jeunes dans les débats politiques et de leur donner la parole. Des plateformes permettant aux jeunes de s'exprimer et de proposer des solutions peuvent favoriser leur engagement.
Les partis et dirigeants politiques doivent repenser leurs stratégies pour mieux refléter les intérêts des jeunes.
Cela implique de renouveler les équipes dirigeantes et d'intégrer de jeunes leaders au sein des instances décisionnelles ou d'autres postes clés.
Cette approche favoriserait une meilleure représentation des aspirations de la jeunesse et encouragerait un engagement plus fort dans la vie politique.
Une démographie en faveur des jeunes
La démographie tunisienne présente une caractéristique frappante : près de 60 % de la population a moins de 30 ans.
Cette majorité jeune doit être intégrée dans la vie politique, notamment dans les postes clés, afin de garantir une représentation adéquate de leurs aspirations et préoccupations.
Actuellement, la plupart des hauts fonctionnaires de l'État sont âgés de plus de 50 ans pour la plupart, ce qui crée un décalage entre les décideurs et la réalité vécue par la jeunesse tunisienne.
Pour que les jeunes se reconnaissent dans les équipes dirigeantes, il est impératif d'inclure des voix et des perspectives jeunes au sein des institutions gouvernementales. Cela favoriserait non seulement un meilleur engagement électoral, mais aussi une politique plus en phase avec les attentes de la population.
À titre de comparaison, voici une liste de personnalités politiques de moins de 40 ans lors de leur élection dans différents pays :
Gabriel Attal (France) - Âge : 34 ans
Ancien Premier ministre de la France, il a été ministre de l'Éducation nationale et a connu une ascension rapide dans le paysage politique français.
Sanna Marin (Finlande) - Âge : 38 ans
Ancienne Première ministre, elle a pris ses fonctions à 34 ans et est reconnue pour sa gestion moderne et dynamique du gouvernement finlandais.
Sebastian Kurz (Autriche) - Âge : 37 ans
Ancien chancelier fédéral d'Autriche, il est devenu chancelier à seulement 31 ans, marquant un tournant dans la politique autrichienne.
Justin Trudeau (Canada) - Âge : 52 ans (bien qu'il soit au-dessus de 40 ans maintenant, il a été élu à 43 ans)
Premier ministre du Canada, il a été élu en 2015 et est le fils de l'ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau.
Alexis Tsipras (Grèce) - Âge : 49 ans (élu à 40 ans)
Ancien Premier ministre grec, il a été élu pour la première fois à ce poste en 2015, représentant une nouvelle génération politique en Grèce.
Jordan Bardella (France) - Âge : 28 ans
Président du Rassemblement national, il est l'une des figures montantes de la politique française, apprécié par les jeunes électeurs.
Conclusion
L'abstention massive des jeunes lors des élections législatives de 2023 constitue un défi majeur pour la démocratie tunisienne.
Pour l'avenir du pays, il est crucial d'engager cette tranche d'âge dans le processus politique ainsi qu'au sein même du gouvernement et dans les plus hautes fonctions .
Les prochaines élections présidentielles d'octobre 2024 représentent une opportunité unique pour commencer à inverser cette tendance.
En sensibilisant et en mobilisant les jeunes électeurs, la Tunisie peut espérer construire un avenir politique plus inclusif et dynamique.
Il est temps d'agir pour que chaque voix compte et que les jeunes retrouvent confiance en la politique.