©Meriem AIDOUN
C'était lors du festival « Fée Mains » à l'espace Sadika que nous sommes allés à leur rencontre pour découvrir leurs produits de visu et en savoir plus sur eux !
Coup cœur du mois: Saadia Jradi et Joumene Limam, deux créatrices tunisiennes pleines d'audaces et de talents
Joumène Limam, révélation de l'année pour ses bijoux aux mille et une couleurs.
Comme le jardin d'Eden, les bijoux de Joumène vibrent merveilleusement bien tant par la beauté éclatante de leurs couleurs que par les textures et matériaux utilisés. En effet, des tons chatoyants émanent d'eux et la note diffère à chaque fois que l'on pose l'œil sur l'un de ses bijoux, ils sont comme une mélodie d'une douce symphonie de musique...
En effet les bijoux de Joumène sont comme des multivitaminés qui nous donnent le plein d'énergie dès qu'on les porte sur soi ! On ne peut qu'avoir un coup de cœur pour ses bijoux tous plus beaux les uns que les autres.
Joumène utilise un condensé explosif de couleurs et de matériaux naturels qu'elle brode de manière très spontanée comme si elle peignait un tableau. Dans ses bijoux, elle utilise de la laine, du coton imprimé fleuri, de la soie, des perles, du corail, des coquillages, de la nacre et plusieurs autres pierres naturelles. D'ailleurs, ses tableaux sont dans la même musique.
Un peu timide et réservée, on vient l'aborder pour lui poser quelques questions afin d'en savoir plus sur elle. Joumène Limam nous confie qu'elle est originaire de Menzel Bouzelfa mais a grandi à Nabeul. Son bac en poche, elle étudie les arts dramatiques puis finit à l’école d’Art et de Cinéma. C'est comme une fleur qui éclot qu'elle s'épanouit dans l'art de l'écriture des scénarios. Joumène en écrit plusieurs frénétiquement jusqu'à, cerise sur le gâteau, en écrire un avec le célèbre réalisateur Nouri Bouzid pour son film Millefeuilles.
Vous l'avez deviné, Joumène est une réelle artiste, sensible, douce, talentueuse et surtout très humble et modeste.
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C'est entre revues de mode et livres d’art que Joumène grandit. Sa famille baigne également dans l'art et la création, sa mère ayant une passion pour la broderie et la couture et son frère étant artiste peintre. Elle nous dit : 'Je m’amusais à mélanger les couleurs et à dessiner des formes différentes inspirées des tableaux d'Henri Matisse, de Pablo Picasso, de Hatem Mekki, de Marc Chagall et plusieurs autres peintres'. En effet, elle aussi comme son frère, s'adonne à la peinture et nous confie avoir peint son premier tableau dès l'âge de sept ans. Elle raconte :' Mais mon amour pour les couleurs m’incitait à être plus proche des matières et des textures, comme l’argile, la laine etc..." Elle se met ainsi à collectionner un grand nombre de perles et de cristaux qu'elle ramène de ses voyages.
Elle nous confie avoir un grand amour pour la culture d'Amérique Latine et surtout pour l’art populaire du Venezuela qui est une véritable source d'inspiration pour la création de ses bijoux.
Joumène lance ainsi sa marque 'Gardénia création' en décembre 2015 avec une gamme de bijoux, de tableaux, d’accessoires et d’objets de décoration. Elle compte bien persévérer et s'émanciper dans une nouvelle gamme de sacs à main, toujours très colorés et toujours fidèles à son âme d'enfant.
Un vrai coup de cœur pour cette artiste qui promet encore plein de surprises !
Saadia Jradi originaire de Gabès fait des miracles avec sa broderie.
Elle nous raconte que depuis toute jeune, sa passion pour la peinture l'a toujours beaucoup inspirée. Autodidacte, elle réalisa plusieurs toiles qu'elle nous montre sur son Smartphone où les couleurs étaient plutôt ternes comme celles des feuilles mortes, elle nous dit que c'était pour elle une véritable thérapie. N'ayant pas d'atelier, elle se trouva obligée d'arrêter cette passion mais trouva rapidement une consolation grâce à l'art de la broderie.
En effet, le déclic se passa en 2012 lors d'un achat d'une pièce berbère en argent appelée 'Tmayem' pour qui Saadia avait eu un coup de foudre. Elle se l'était procurée chez une vieille dame de la région de Matmata. Saadia nous explique que cette pièce est un véritable symbole porteur de sens que la femme berbère accrochait à sa tenue, pas loin de ses oreilles pour embellir son visage.
C'est de là que tout commence. Saadia nous raconte que cette pièce comporte beaucoup de symboles fétiches comme le poisson, le ghorbel... et qu'on les retrouve aussi brodés dans les habits d'antan. Suivant que la femme soit mariée ou encore jeune fille, les couleurs diffèrent.
Depuis cet achat, Saadia avec l'aide de sa mère et de sa belle-sœur (toutes deux ayant le savoir-faire de la broderie) débutent le travail de broderie sur différents supports, que Saadia dirigeait avec fougue. Dans une ambiance chaleureuse et intime, la famille commence alors à broder sur des tissus de fibres naturelles comme le velours, le hayek, la soie, le cuir, le malti, le bakhnoug ou encore el s3af (la paille). Elle explique : "Moi je donnais l'idée et le concept et elles m'aidaient à les réaliser".
On remarque que sur les magnifiques créations de Saadia, chacune d'entre elles étant unique, les motifs reprennent souvent les tatouages berbères mais avec une démarche spontanée où des couleurs éclatantes viennent remplacer l'encre indélébile du tatouage. Elle raconte : "Le travail de la broderie devient pour moi comme une façon de peindre mais avec des fils et une aiguille. D'ailleurs avec la broderie, je me suis découverte beaucoup plus éclatante!"
©Meriem AIDOUN
Techniquement, les points de broderies que Saadia utilise sont propres à la ville de Gabès. On voit el wed3a qui est linéaire, les poissons, 3affset el djeja et el jrida. Son travail est remarquable.
Souvent aussi, Saadia fait de la récup, elle dit avoir une passion pour redonner vie aux choses délaissées qui ont de l'âme. Cela se remarque avec toutes ses boîtes vintage qu'elle chine pour y mettre tout son gorbej.
Saadia a aujourd'hui une large gamme de produits : des bijoux -notamment avec de sublimes plastrons brodés à la main-, des écharpes, des chaussures en halfa et autres, des vestes, des petites robes et des gilets en laine mais aussi -pour la maison- des coussins décoratifs, des couvertures et des tapis.
La gamme a évolué grâce aux feed-back très positif suite aux diverses expoventes où elle avait participé et ce, notamment avec la foire de la création artisanale du Kram où en 2015, elle a reçu le 3ème prix Ibtikar au sein d'une compétition sous le thème de la broderie.
Elle dit avoir été marquée par quelques expoventes organisées par El Bazar, Village Kèn, Ksar Saâda où elle a rencontré un franc succès. Aujourd'hui ses produits s'exportent à l'étranger.
On finit en beauté en vous témoignant que l'on a eu un véritable coup de cœur pour ses nouveaux et pétillants nœuds papillons !
NB : Même son packaging est original, conçu par ses soins, avec une petite broderie sur le coin, ils sont en plus écolo. Bref, Saadia Jradi à vraiment tout pour nous plaire...
Meriem AIDOUN