Un nouveau maillon de l’infrastructure numérique méditerranéenne se met en place : le câble sous-marin Medusa, d’une capacité exceptionnelle, va relier la France à la Tunisie via Marseille et Bizerte. Pour le secteur des télécoms tunisien, c’est une avancée stratégique vers une meilleure connectivité et un renforcement de la souveraineté numérique.
Qu’est-ce que le projet Medusa ?
Le projet Medusa est un système de câble sous-marin en fibre optique porté par AFR‑IX Telecom (via sa filiale ou structure « Medusa Submarine Cable System ») qui ambitionne de relier l’Europe du Sud, l’Afrique du Nord et au-delà par un corridor numérique.
Voici les éléments clés :
- Longueur du câble : plus de 8 700 km.
- Capacité prévue : paires de fibres optiques (24 paires dans une section) avec des débits de l’ordre de 20 térabits par seconde (Tbps) par paire.
- Étendue géographique : plusieurs points d'atterrissage sont prévus en Méditerranée, en Tunisie, au Maroc, en France, en Espagne, et en Italie.
- Chronologie : Le contrat de construction signé en 2023. Déploiement prévu en 2025 pour l'atterrissage, mise en service début 2026.

Le rôle de la Tunisie et de l’opérateur national
Tunisie Telecom a signé en février 2025 un partenariat stratégique avec Medusa. Voici les détails :
- L’accord porte sur une liaison fibre optique dédiée entre Bizerte (Tunisie) et Marseille (France), d’une capacité de 20 Tbps.
- Le projet s’intègre dans la stratégie tunisienne de transformation numérique et de renforcement de la souveraineté technologique.
- Le lancement de la 5G en Tunisie est mentionné en lien avec ce renforcement d’infrastructures.
Pour la Tunisie, cela signifie un accès renforcé à des capacités internationales élevées, une plus grande redondance des liaisons et potentiellement des coûts améliorés pour les opérateurs.
Pourquoi Marseille-Tunisie ?
Le choix du tronçon Marseille - Bizerte s’explique par plusieurs facteurs :
- Marseille est un hub numérique important en Europe, accès aux data centers, interconnexions, position stratégique.
- Pour la Tunisie, se raccorder à ce hub européen permet d’améliorer la latence, la résilience et la capacité de transit international.
- Le tracé a fait l’objet d’études environnementales en France, notamment autour de l'atterrissage à Marseille (plage de la Vieille Chapelle) pour respecter les fonds marins.
Enjeux et retombées pour la Tunisie
Pour la Tunisie, ce câble présente plusieurs bénéfices :
- Capacité accrue & meilleure qualité de connexion internationale : l’augmentation de bande passante permet de soutenir les services numériques (cloud, streaming, datacenters).
- Souveraineté numérique : moins dépendre de liaisons via d’autres pays, avoir une infrastructure « directe ».
- Développement économique : meilleure infrastructure = attractivité accrue pour les entreprises tech, les services internationaux, les plateformes.
- Amplification de la 5G et des services associés : ce type de liaison apporte la colonne vertébrale nécessaire à des services avancés.

Obstacles et éléments à surveiller
Cependant, quelques points méritent attention :
- Même si l'atterrissage est prévu, la mise en service effective nécessite les raccordements nationaux, les équipements associés, et la synchronisation technique.
- Le coût de l’infrastructure est élevé : financement, exploitation, sécurisation des fonds marins et littoraux.
- Sur le plan environnemental, l'atterrissage doit tenir compte des fonds marins sensibles, des herbiers de posidonies et zones protégées (comme l’étude française l’indique).
- Le modèle « open access » (câble neutre) implique que les opérateurs tunisiens devront bien négocier leurs conditions d’accès et de transit.
Conclusion
Le câble Medusa relie matériellement et symboliquement la Tunisie à l’Europe numérique. En se connectant via Marseille à Bizerte, la Tunisie franchit une étape importante vers un réseau international haut débit, fiable et durable. Reste maintenant à voir comment ces infrastructures se traduiront concrètement pour les utilisateurs tunisiens : meilleure qualité internet, accès élargi aux services internationaux, et un terrain fertile pour l’innovation numérique.
