Rares sont les artistes capables de faire rire une salle entière aux éclats pour, l'instant d'après, bouleverser les téléspectateurs avec une performance dramatique poignante. Wajiha Jendoubi est de cette trempe. Actrice de théâtre, de cinéma et de télévision, elle s'est imposée au fil des années comme une figure incontournable du paysage culturel tunisien, alliant une maîtrise technique impeccable à un charisme naturel dévastateur.

Du théâtre classique au One-Woman Show
Diplômée de l'Institut Supérieur d'Art Dramatique de Tunis, Wajiha Jendoubi a d'abord forgé ses armes sur les planches du théâtre classique. Cependant, c'est véritablement à travers le format du One-Woman Show qu'elle a conquis le cœur du grand public.
Elle possède un talent unique pour l'observation sociale. Elle ne se contente pas de jouer des personnages ; elle tend un miroir à la société tunisienne.
« Madame Kenza » (2010) : Ce spectacle a marqué un tournant. Wajiha y décortique les névroses de la société avec une justesse hilarante, abordant des thèmes comme les cérémonies de mariage et les relations de couple.
« Big Bossa » : Plus récemment, ce spectacle a confirmé son statut de reine de l'humour. Elle y incarne une fonctionnaire qui se retrouve ministre, offrant une satire mordante de la bureaucratie, du pouvoir et de l'hypocrisie sociale post-révolution.

Une star du petit écran : De "Mnemet Aroussia" à "El President"
Si le théâtre est son premier amour, la télévision l'a fait entrer dans tous les foyers tunisiens. Elle a su briller dans des registres comiques populaires, souvent diffusés durant le mois de Ramadan.

Son rôle de Rafika dans la sitcom culte « Nsibti Laaziza » reste gravé dans les mémoires. Avant cela, elle s’était déjà illustrée dans « Mnemet Aroussia », confirmant son talent et sa capacité à séduire le public tunisien. Plus tard, dans « El President », elle continue d'explorer la satire politique avec une aisance déconcertante.

La révélation dramatique : L'effet "Harga"
L'erreur serait de cantonner Wajiha Jendoubi au rôle de « la rigolote de service ». Ces dernières années, elle a prouvé l'étendue de son registre dramatique, notamment dans la série événement « Harga » (réalisée par Lassaad Oueslati).
Dans cette œuvre traitant de l'immigration clandestine, elle incarne une mère dévastée, à la recherche de son fils. Loin des rires et des caricatures, elle offre une performance viscérale, toute en retenue et en douleur silencieuse. Ce rôle a valu à l'actrice une reconnaissance critique unanime, prouvant qu'elle est une comédienne complète.

Pourquoi est-elle une icône ?
Wajiha Jendoubi est forte, complexe et vocale. Ce qui fait sa force, c'est son authenticité.
L'ancrage local : Ses sketchs sont truffés de références culturelles tunisiennes précises, ce qui crée une complicité immédiate avec son public.
L'audace : Elle aborde avec humour des sujets tels que les normes sociales ou les incohérences administratives, offrant une réflexion légère sur ces thèmes.
La polyvalence : Elle excelle aussi bien dans la comédie que dans la tragédie.

