« Chute Libre » est bien plus qu'une simple pièce de théâtre : c'est un cri du cœur contre la marginalisation des comédiens en Tunisie. Sous la direction de Noomen Hamda, la pièce dévoile les réalités cruelles d’un secteur culturel en crise, où l’artiste lutte pour sa dignité et sa survie.

Une œuvre cathartique et profondément émotive qui met en lumière la résilience des artistes dans un pays où la culture peine à se faire entendre. Ne manquez pas cette représentation marquante, un hommage à la dignité et à la persévérance des créateurs.

Une nouvelle représentation à la marge des JTC : un cri cathartique de la scène tunisienne

Chute Libre a été représentée vendredi 28 novembre à la marge des 26èmes Journées Théâtrales de Carthage, dans une nouvelle version qui a accueilli avec émotion la talentueuse Najoua Zouheir, remplaçant Souhir Ben Amara. Sous la direction de Noomen Hamda, cette œuvre poignante et cathartique continue de briller par sa capacité à exposer la vulnérabilité des comédiens tunisiens et leur lutte contre un système archaïque et une société qui néglige leur valeur.

La pièce met en lumière la réalité crue du métier d'artiste, pris dans un cycle de souffrance et de marginalisation. À travers ce duo d'acteurs, l’inlassable Noomen Hamda auprès de l’incontournable Najoua Zouheir, « Chute Libre » dévoile la fragilité du secteur théâtral en Tunisie, où les artistes peinent à obtenir la reconnaissance qu'ils méritent.

Vulnérabilité et marginalisation : un secteur en crise

Dans « Chute Libre », l'artiste incarne une figure de résistance face à la marginalisation. Il s’agit d’une réflexion sur l’état des lieux du secteur théâtral en Tunisie, où la reconnaissance des artistes et l’appréciation de leur travail sont encore trop souvent perçues comme accessoires. Le théâtre, un art vivant, est aujourd’hui en crise, et cela se ressent particulièrement dans le monde des comédiens qui, malgré leur talent, se voient souvent relégués à la périphérie de la scène culturelle.

Les comédiens sont vulnérables. Ils sont victimes d'un système qui sous-estime l'impact de leur métier, d'un secteur où les financements sont rares, et où les opportunités de travail se font de plus en plus rares, leur forçant parfois à accepter des projets de moindre qualité pour survivre. Cette précarité est la toile de fond de « Chute Libre », qui dévoile une vérité qui peine encore à être entendue : l’artiste, bien qu’il soit au cœur de la culture d’un pays, est souvent traité comme une figure marginale.

À travers ce prisme, la pièce met en lumière la guerre silencieuse que mène chaque comédien pour exister dans ce monde. Un combat pour sa dignité, pour la reconnaissance de son travail, pour la liberté d’exercer son art sans compromis. Dans cette lutte, la souffrance est à la fois personnelle et collective, car elle concerne non seulement l’artiste lui-même, mais aussi l’ensemble du secteur culturel en Tunisie.

Une scène cathartique et intimiste

Ce qui frappe particulièrement dans « Chute Libre », c’est sa capacité à être à la fois intime et universelle. L’isolement des personnages, leur souffrance intérieure, résonnent profondément avec le public, mais c’est aussi un cri qui va au-delà de la sphère théâtrale pour toucher chaque citoyen, chaque être humain confronté à ses propres limites et à son propre combat pour survivre.

La mise en scène sobre, met en avant une scénographie moderne qui permet de focaliser l’attention sur l’essentiel : l’interprétation des acteurs. Les monologues en voix off et la création musicale ajoutent une dimension émotionnelle qui renforce le caractère cathartique de l’œuvre. Il s’agit de ressentir et de comprendre la douleur du personnage, de s’y immerger sans détour.

Les moments de rage, les larmes et les fulgurances de la pièce sont autant de mécanismes permettant au spectateur de se libérer de ses propres angoisses. Par cette catharsis, « Chute Libre » offre un exutoire, un moment de pur lâcher-prise, dans lequel les spectateurs sont invités à confronter leurs propres démons. L'art, ici, devient un moyen de se réconcilier avec soi-même.

Un message de résilience

Mais, au-delà de la souffrance et de la vulnérabilité, « Chute Libre » est aussi un hommage à la résilience. Car malgré les obstacles, malgré l’injustice et la solitude, l’artiste continue de lutter. La pièce nous rappelle que la création artistique est une forme de résistance contre la déshumanisation, contre l’indifférence et la négligence. C’est un acte de survie, une manière de se réapproprier le monde, de le transfigurer par la beauté et l’émotion.

En cela, « Chute Libre » n’est pas qu’une simple dénonciation, mais aussi une invitation à ne pas renoncer, à croire en l’art comme un moyen de transformation personnelle et collective.

Chute Libre est produite par Entracte Production & Distribution Artistique 2025.

Mise en scène, scénographie et texte : Noomen Hamda

Interprétation : Noomen Hamda, Najoua Zouheir

Assistance à la mise en scène : Nawel Shili

Direction de production : Oussama Jamei

Par Rabeb Oueslati