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Agri-tech : initiatives, profils et projets qui transforment l’agriculture en Tunisie

Date de publication : 15/12/2025

La Tunisie voit émerger de jeunes innovateurs de l’agri-tech qui réinventent l’agriculture durable. Des projets locaux luttent à la fois contre la désertification et la dépendance aux importations agricoles. Parmi eux, quatre profils se démarquent par leurs solutions concrètes : plantation d’arbres, production de protéines alternatives, irrigation intelligente, culture en container, apiculture valorisante ou alimentation animale circulaire.

Ces profils et initiatives ne sont pas exhaustives et ne représentent pas tous les projets agri-tech en Tunisie.


Sarah Toumi : planter des acacias pour verdir le Sud

Sarah Toumi, 37 ans (originaire de Sfax), est la pionnière du projet Acacias for All (2012). Face à la désertification, elle organise la plantation d’acacias, arbres très résistants au sel et à la sécheresse, en substitution aux cultures traditionnelles. Le résultat est rapide : plus de 50 000 acacias plantés et l’objectif d’atteindre un million. Ces arbres forment des ceintures vertes qui retiennent le sable et régénèrent les sols. Ils produisent de la gomme arabique et de l’huile de moringa (drumstick) qui sont vendues sur le marché, créant ainsi un nouveau revenu pour les agriculteurs. Ce volet social est primordial : Toumi a fait des paysannes de Bir Salah les premières ambassadrices du projet, les formant aux techniques durables et les organisant en coopératives pour commercialiser la gomme et l’huile.

Cette initiative s’inscrit dans une vision plus large de reconstruction rurale. En plus de son impact environnemental, le projet apporte un vrai bénéfice économique : « Non seulement ils ont un impact positif sur l’environnement, ils augmentent aussi leurs revenus » explique Toumi. Pour son action, elle a reçu de nombreux échos internationaux. Elle a été classée parmi les 30 entrepreneurs sociaux les plus influents par Forbes en 2016 et a décroché un Rolex Award en 2016. Sarah Toumi est également membre du réseau Ashoka, qui soutient les porteurs d’idées à fort impact social.


Syrine Chaalala : les protéines d’insectes made in Tunisia

Syrine Chaalala, 35 ans (basée entre Tunis et Paris), est cofondatrice de NextProtein. Cette start-up tuniso-française produit des protéines à partir d’insectes pour nourrir le bétail et les poissons. Concrètement, NextProtein élève la mouche soldat noire (Hermetia illucens) sur des déchets agricoles et alimentaires qu’on ne consomme pas. Les larves sont ensuite transformées en poudre protéinée (ou en huile et engrais), servant d’aliment de substitution au soja ou à la farine de poisson. Comme l’explique Syrine Chaalala lors d’une conférence de la FAO, cette filière fermée « transforme des substrats organiques à faible valeur en ingrédients riches en protéines ». L’insecte convertit les déchets verts en protéines tout en limitant l’empreinte carbone, une « économie circulaire » où rien ne se perd.

NextProtein a convaincu les investisseurs : en 2025 elle a levé 18 millions d’euros pour ouvrir une seconde usine en Tunisie. Cette nouvelle usine visera une production de 12 000 tonnes par an d’ingrédients insectes (2 500 t de poudre protéique) destinés à l’aquaculture, la volaille et l’alimentation animale. L’objectif est clair : offrir une protéine compétitive et durable face à la crise mondiale de l’alimentation animale. Ce modèle tunisien montre qu’on peut valoriser les résidus locaux pour nourrir la planète autrement.


Taieb Nemissi : les micro-algues en conteneurs recyclés

Installé à Tunis, Taieb Nemissi (30 ans) est ingénieur en environnement et cofondateur d’Algaepool. Son projet transforme des containers maritimes recyclés en « fermes de spiruline » high-tech. Chaque container est aménagé en bassin éclairé et piloté par capteurs IoT pour cultiver de la spiruline et d’autres micro-algues. Cette solution clé-en-main est conçue pour être « économe en eau, peu consommatrice de main-d’œuvre et résiliente face aux conditions climatiques ».

Les micro-algues cultivées n’ont pas besoin d’eau douce ni d’engrais chimiques, ce qui en fait un modèle idéal pour les zones arides. Comme le souligne Taieb Nemissi, la spiruline « ne consomme pratiquement pas d’eau » comparée aux cultures classiques. En retournant de l’oxygène et de la biomasse dans le désert, Algaepool propose un modèle d’agriculture alternative où le climat et l’espace limitant ne freinent plus la production végétale. L’innovation a d’ores et déjà attiré l’attention des investisseurs européens qui soutiennent ce projet technologique tunisien.


Malek Boukthir : l’alimentation animale circulaire

Originaire de Gabès, la jeune agronome Malek Boukthir (32 ans) a fait de la crise du fourrage son point de départ. Sa startup EcoFeed collecte des déchets organiques (déchets de légumes, de poissons, tourteaux d’olive…) pour les transformer en aliments riches en protéines pour vaches, chèvres et volailles. Le procédé repose sur un séchage et une fermentation scientifiques, produisant un aliment 100% tunisien et naturel. Ce substitut local réduit fortement le besoin d’importer du soja et de la farine de poisson, ce qui allège la facture agricole nationale et l’empreinte carbone.

EcoFeed est ainsi un exemple abouti d’économie circulaire au service de l’agriculture durable. En plus de nourrir le bétail, ce projet réintègre les déchets dans l’économie locale et crée des emplois verts (production, collecte, formation). En reconnaissance de son impact, Malek Boukthir a été sacrée « Femme entrepreneure de Tunisie 2025 » lors des prix nationaux dédiés aux entrepreneures. Son modèle inspirant vise aujourd’hui à étendre la production sur tout le territoire, tout en aidant les éleveurs tunisiens à augmenter leur productivité (gain de rendement constaté par des clients agricoles locaux).


Dans leur diversité, ces projets tunisiens illustrent une tendance forte : l’agriculture de demain se conjugue au présent avec l’innovation locale. Qu’il s’agisse de reverdissantes plantations d’arbres, de protéines issues d’insectes, d’irrigation intelligente ou de valorisation des abeilles et des déchets, ces porteurs de projet montrent qu’il est possible de concilier modernité technologique, préservation de l’environnement et développement économique. Leur succès ouvre la voie à une agriculture tunisienne plus verte, plus autonome et plus résiliente


Par S.B.S

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