- Taher manaï , un nom à retenir il a rêvé,osé et il l’a fait, à 27 ans ce jeune alpiniste était le premier a planter le drapeau tunisien au sommet de l’Everest à 8848 mètres d’altitude .
- Si vous pouvez vous présenter
- Qui est Tahar Manai ? Comment êtes-vous venu à l’alpinisme ?
- Je suis sapeur-pompier de métier, en banlieue parisienne, et alpiniste, mais avant tout ça, je suis un grand rêveur originaire de Ouardanine ! Ma première rencontre avec la montagne s’est passée à l’âge de 13 ans, lorsque mes parents m’ont envoyé un peu par hasard en colonie de vacances. La découverte des grands espaces, des sommets qui me semblaient inaccessibles a déclenché instinctivement chez moi une grande passion. C’est vraiment à ce moment-là que j’ai eu le déclic.
- Combien de temps a nécessité la préparation de « l’ascension d’une nation » ?
- Il y a eu un énorme travail de réflexion, de recherche pour donner du sens à ce projet. Il me tenait à cœur de partager tout ça. Cet Everest, je l’ai fait pour moi, je l’ai fait pour nous. Il a fallu 3 ans entre le début de la préparation physique, l’organisation de la logistique et les deux tentatives pour arriver au sommet le 13 mai 2016 dernier.
- Un changement en vous après avoir fait cette expérience ?
- On ne sort pas indemne d’une expérience sportive, patriotique et sociale comme celle-ci ! J’en suis sorti grandi, riche des fortes émotions que ce projet a mis sur ma route, fort de tous les obstacles surmontés, fier du parcours réalisé.
- D’un point de vue un peu plus pragmatique, j’ai malheureusement aussi mesuré ce que beaucoup de jeunes m’expliquaient souvent ici : « Tahar, tu sais,nous aussi on essaie de poursuivre nos rêves, d’entreprendre nos projets, mais personne ne croit en nous... »
- Jusqu’au sommet ou presque, personne non plus ne croyait vraiment en mon projet. Il ne faut pas baisser les bras, j’en suis la preuve vivante. Pour réaliser de grandes choses, il suffit que quelqu’un soit prêt à croire en nous.
- Quelle est l’expérience qui vous a marqué le plus pendant votre parcours ?
- Je pense qu’il est difficile de dire qu’une chose m’a marqué plus qu’une autre. De façon assez évidente, je pourrai parler du séisme et de l’avalanche qui ont ravagé le camp de base en avril 2015. Pourtant, c’est fou mais je n’en garde pas que du négatif, au contraire ! Cet événement fait partie intégrante de ma force aujourd’hui.
- Finalement, et c’est bien normal, ce que je garde ancré en moi chaque seconde c’est le moment où j’atteins enfin (!) le « Toit du monde », submergé d’un coup par de belles émotions et revoyant dans le même temps, tout le chemin parcouru.
- Un conseil pour les jeunes débutants qui pensent faire de l’alpinisme ?
La patience et le temps de forger son expérience ! Grimper une montagne n’est pas une course. Il faut choisir avec minutie les sommets que l’on souhaite gravir, y aller progressivement. Dans les mois qui ont suivi mon retour, j’ai eu plusieurs sollicitations de personnes qui voulaient grimper l’Everest.
- Un conseil pour les jeunes débutants qui pensent faire de l’alpinisme ?
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- L’Everest n’est pas une montagne où l’on vient s’essayer. Mon discours peu sembler un peu dur à ce niveau-là mais beaucoup de personnes meurent là-haut par manque d’expérience. Poursuivez vos rêves, oui mais ne brûlez pas les étapes!
- La montagne est un sport qui ne pardonne pas, en cas d’erreur, les conséquences peuvent vite devenir dramatiques.
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- Quels sont vos projets à court ou long terme ? Votre prochain objectif?
- Depuis mon retour du Népal, j’interviens régulièrement en entreprise ou dans des écoles supérieures pour partager mon expérience et aider les autres à en tirer quelques enseignements pour leur propre vie, leurs rêves personnels et/ou leurs projets professionnels.
- Il existe de grandes connivences entre le fait de gravir un sommet aussi difficile que l’Everest et la poursuite d’objectifs toujours plus grands en entreprise, ou ailleurs (!). J’adore ces interventions, nous avons tellement tous à apprendre les uns des autres, j’en ressors moi-même grandi à chaque fois.
- En ce qui concerne « l’ascension d’une nation » j’ai toujours la volonté de finir les « 7 Summits » (les sept sommets les plus hauts du monde en prenant en compte un sommet par continent).
- Depuis le début de l’année, j’ai intégré un autre projet, « Beyond Everest 2022 » créé par Marc Batard, grand alpiniste français qui souhaite créer une cordée de trois avec Pasang Nuru Sherpa et moi-même et dont le principal objectif sera de refaire l’Everest sans oxygène en 2022.
- Le projet intègre l’ascension de plusieurs sommets d’ici là, plusieurs de plus de 8000 m dans un esprit de transmission intergénérationnelle et interculturelle… Ce projet est humainement très riche aussi.
- Ndlr : Marc à aujourd’hui 65 ans et le plus jeune, c’est moi, 29 ans.
- Un dernier mot pour les lecteurs de l’instant M ?
- Que votre objectif soit personnel ou collectif, le chemin sera parfois long et semé d’embûches… Ne renoncez pas. Osez vous présenter au succès sans attendre d’y être invité !
Oussema Ben Mahmoud
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