Né à Tunis en 1919, Paul Sebag a grandit dans une famille juive tunisienne non pratiquante, bourgeoise et intellectuelle.
Son père Victor Sebag, était un avocat au barreau de Tunis qui a combattit dans le 1er Régiment de marche d’Afrique de l’armée
française sur le front oriental, de mai 1915 à novembre 1918.
Paul Sebag effectua ses études primaires et secondaires au lycée Carnot de Tunis, à l'age de 17 ans il adhéra le parti communiste
tunisien.
Peu après, il part en France pour faire des études de Droit et de Philosophie.
De retour en Tunisie, où il milita au sein du parti communiste tunisien contre le Régime de Vichy. Arrêté à la suite d’une dénonciation comme agent de liaison chargé de transporter des tracts à Ferryville pour les ouvriers de l’arsenal, il fut jugé par la section spéciale du tribunal maritime de Bizerte le 28 février 1942, et condamné aux travaux forcés à perpétuité. Huit mois après, il fut libéré (les autorités françaises ne voulaient pas livrer les prisonniers politiques aux Allemands ).
Après la libération de Tunis, le 8 mai 1943, il devint secrétaire du Comité de la France combattante regroupant toutes les tendances de la Résistance. Il publiait des éditoriaux dans le journal du Comité, Victoire, et participait à la rédaction du journal du parti communiste, l’Avenir Social.
Paul Sebag épousa le 27 mai 1944 Diana Gallico, une militante communiste incarcérée comme lui en 1942 en Tunisie puis en Algérie. Après la naissance de leur première fille, Renée, en 1945, il reprit ses études de Philosophie à Paris, puis en 1947, après avoir terminé sa licence, il rentra en Tunisie où il enseigna le Français et le Latin au lycée Carnot, jusqu’en 1957. Il poursuivit son action et son travail de réflexion au sein du parti communiste tunisien.
Ainsi dès 1951, il publia son premier livre, La Tunisie, essai de monographie, aux Éditions sociales, dans la collection « La Culture et les hommes » qui devait consacrer plusieurs ouvrages aux colonies (Maroc, Madagascar, Algérie).
De 1957 à 1977, il servit le gouvernement tunisien de Bourguiba. Ses premières études empiriques de sociologie urbaine (condition ouvrière, attitudes devant la vie…) le conduisirent à enseigner la Sociologie à l’Institut des hautes études de Tunis, puis à la Faculté des Lettres. Il y dirigea, en tant que rédacteur en chef à la fin des années 1960, Les Cahiers de Tunisie qui avaient pris la succession de La Revue tunisienne en 1953.
Mais, à la rentrée d’octobre 1977, son contrat ne fut pas renouvelé. Il fut alors nommé à la Faculté des Lettres de Rouen, où il enseigna pendant deux ans, puis fit valoir ses droits à la retraite pour se remettre à sa passion : l’écriture.
Paul Sebag fonda la sociologie tunisienne de la ville et de l’espace urbain. Il étudia avec précision les formes de l’habitat, les origines et les structures de la population, les niveaux de vie en relation avec le travail et l’emploi, la vie familiale et la différenciation sociale ainsi que l’intégration à la vie citadine de ces masses d’origine rurale. Ses monographies de La Hara (1959), de La Grande mosquée de Kairouan (1963), illustrent ses recherches, et surtout sa monumentale Histoire de la ville de Tunis (1998) provenant de la rédaction de sa thèse de Géographie qu’il ne soutint jamais. Il accorda aussi une attention particulière aux récits des voyageurs ayant visité Tunis, du XVIIe au XIXe siècle, en historien et en ethnographe. Son troisième champ de recherches, « d’inspiration identitaire inavouée », sur les Juifs de Tunisie, recoupe les deux autres. Il mit en évidence similitudes et différences entre la famille israélite et la famille musulmane. La première se transforma considérablement : famille conjugale, acculturation française, sortie des ghettos, promotion économique ; alors que les enfants des familles de confession musulmane furent scolarisés dans les écoles franco-arabes, essentiellement les garçons, et se réfugièrent pour la plupart dans la tradition pour résister à la colonisation. Il y avait là des explications déterminantes de l’évolution des rapports entre juifs minoritaires et musulmans majoritaires dans l’histoire de la société tunisienne.
En 1994, il est décoré de l'ordre du Mérite culturel tunisien.
Après son décès, sa fille aînée, Renée, et ses amis organisèrent un colloque et publièrent un ouvrage de mélanges. Sa bibliothèque à laquelle il tenait tant et ses archives furent conservées, pour partie en France à la bibliothèque de l’Alliance israélite universelle, et pour l’autre en Tunisie, à l’université de la Manouba. Un volume de mélanges posthumes est publié en son honneur en 2008
Un volume de mélanges posthumes est publié en son honneur en 2008.
Oussema Ben Mahmoud