La chéchia, ce bonnet rouge vermillon emblématique de la Tunisie, est bien plus qu'un simple couvre-chef. Elle incarne un riche héritage culturel, un savoir-faire artisanal transmis de génération en génération et une véritable fierté nationale. Aujourd'hui, elle continue d'évoluer en intégrant des designs modernes tout en conservant son authenticité. Chaque dimanche, nous mettons à l’honneur un métier artisanal pour vous faire découvrir ces savoir-faire qui façonnent notre patrimoine.
Les origines historiques de la chéchia:
L'histoire de la chéchia remonte à plusieurs siècles. Introduite en Tunisie par les Arabes andalous après la chute de Grenade en 1492, certaines sources la situent également à Kairouan au VIIIe siècle. Autrefois portée par les fonctionnaires de l'Empire ottoman, elle est peu à peu devenue un symbole incontournable de l'identité tunisienne.
Un savoir-faire artisanal exceptionnel:
La fabrication de la chéchia est un processus minutieux qui se déroule en plusieurs étapes :
Tricotage : La laine peignée est tricotée pour former un bonnet brut appelé "kabbous".
Foulage : Le kabbous est trempé dans de l'eau chaude et du savon, puis pressé pour obtenir une texture dense.
Cardage : Cette étape permet d'assouplir le bonnet avant la teinture.
Teinture : La chéchia est teintée en rouge vermillon, sa couleur emblématique.
Mise en forme et finitions : Elle est séchée, polie et mise en forme par des artisans appelés "Chaouachi".
Ce savoir-faire, transmis de père en fils, fait partie du patrimoine immatériel de la Tunisie.
La chéchia dans la mode contemporaine:
Depuis la révolution tunisienne de 2011, la chéchia a connu un regain d'intérêt. De nombreux créateurs tunisiens intègrent ce couvre-chef dans leurs collections, lui offrant une touche moderne tout en respectant ses racines. Lors d'événements comme la Fashion Week de Tunis, des modèles innovants démontrent que tradition et modernité peuvent coexister harmonieusement.
La chéchia, un symbole de patrimoine et d'identité
La chéchia est un véritable marqueur d'identité. Dès les années 1920, elle était portée par les mouvements nationalistes tunisiens comme symbole de la lutte pour l'indépendance. Aujourd'hui encore, elle est présente lors des grandes célébrations et des événements culturels comme la Journée Nationale de l'Artisanat et de l'Habit Traditionnel, célébrée chaque 16 mars.
La chéchia et son impact socio-économique:
Des initiatives comme Chéchia Shop de l'association Tunisia Tomorrow ont vu le jour pour promouvoir l'artisanat tunisien. En mettant en vente des chéchias faites à la main et 100 % en laine, ces projets contribuent à soutenir les artisans locaux et à préserver ce savoir-faire unique.
Où trouver des chéchias aujourd'hui ?
Les chéchias sont principalement fabriquées dans la médina de Tunis, notamment dans le quartier de la Hafsia, où perdure un savoir-faire artisanal transmis de génération en génération. Le lieu emblématique pour en acheter reste Souk El Chaouachine, un marché historique dédié à la fabrication et à la vente de ce couvre-chef traditionnel.
Situé au cœur de la médina, Souk El Chaouachine date de l’époque ottomane et regroupe les derniers artisans spécialisés dans la confection des chéchias. Ici, le processus de fabrication reste fidèle aux méthodes ancestrales : la laine est feutrée, teintée, puis façonnée avec soin pour obtenir la forme arrondie caractéristique. Ce souk, véritable symbole du patrimoine tunisien, continue d’attirer aussi bien les habitants que les visiteurs en quête d’authenticité.
La chéchia tunisienne, entre tradition et modernité, demeure un symbole fort de l'identité culturelle du pays. Son artisanat unique, sa valeur historique et son adaptation aux tendances actuelles en font un véritable trésor national. En soutenant des initiatives locales et en portant fièrement ce couvre-chef, chacun contribue à la préservation d'un patrimoine inestimable.
Fekih Romdhane Ines