Le 3 décembre 2025, le Musée Paléo-chrétien de Carthage rouvrira ses portes, marquant la fin d’une période de réhabilitation complète entreprise sous l’égide du Ministère des Affaires culturelles. Ce projet ambitieux, initié en avril 2024, a été conçu pour moderniser l’architecture du musée, enrichir ses expositions, et offrir une expérience de visite adaptée aux normes internationales.
Un chantier de réhabilitation sous haute supervision
Le Musée Paléo-chrétien, situé au cœur du site archéologique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, a fait l’objet d’une réhabilitation soigneusement planifiée. Les travaux ont été supervisés par l’Institut National du Patrimoine (INP), en collaboration avec des experts en archéologie, des historiens et des techniciens tunisiens et étrangers.
La réouverture coïncide également avec une vaste campagne de nettoyage et d’aménagement de l’espace extérieur, dirigée par l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelle (AMVPPC). Ces interventions concernent les allées menant au musée, les entrées, et l’ensemble du périmètre extérieur, garantissant ainsi un environnement qui reflète la valeur historique exceptionnelle de ce monument.

Réflexion sur le patrimoine et le rôle du musée
Le Musée Paléo-chrétien de Carthage, inauguré en 1984, a été construit dans le cadre de la campagne internationale « Pour sauver Carthage » et vise à préserver et valoriser le patrimoine historique menacé par l’urbanisation. Après plusieurs fermetures, notamment en 2010 pour rénovation et en 2013 après le vol de la statuette de Ganymède, le musée avait rouvert ses portes en 2021, marquée par la redécouverte et la médiatisation de la sculpture emblématique. Cette réouverture avait été suivie d'une fermeture en mars 2024 pour permettre l'achèvement de la réhabilitation des espaces d'exposition.
La réhabilitation du musée, par son respect des normes muséographiques et son aspect modernisé, s'inscrit dans une stratégie ambitieuse pour valoriser l’histoire du pays et favoriser l'accès à sa culture. Toutefois, cette initiative reste limitée par l'absence de vision à long terme et de moyens suffisants pour attirer durablement les visiteurs.
Sans un investissement continu dans la promotion, la numérisation et l'adaptation aux attentes de l'ère numérique, il sera difficile de faire de cette réhabilitation un véritable levier pour redynamiser le secteur muséal et garantir une expérience immersive et pérenne.

Carthage : un héritage universel
Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979, Carthage demeure l’un des ensembles archéologiques les plus importants du bassin méditerranéen. Fondée par les Phéniciens au VIIIe siècle av. J.-C., la ville a dominé la Méditerranée avant d’être détruite par Rome en 146 av. J.-C., avant de renaître sous Jules César. Lieu de croisement des civilisations, Carthage a été tour à tour capitale de l’Africa Proconsulaire, centre religieux majeur durant l’Antiquité tardive, et a connu la domination vandale, byzantine, et arabe.
Le Musée Paléo-chrétien, à travers ses collections d'objets découverts lors des fouilles, témoigne de l’évolution de la ville de Carthage au fil des siècles, notamment durant la période paléochrétienne.
Parmi les pièces maîtresses du musée, la statue de Ganymède, sculptée en marbre blanc, occupe une place centrale. La réouverture du musée permettra de redécouvrir ces trésors historiques dans un cadre renouvelé, mais aussi de réfléchir aux défis de la préservation du patrimoine dans un monde en constante évolution.
Ainsi, le 3 décembre marquera non seulement la fin d’un long processus de réhabilitation, mais aussi le début d’une nouvelle ère pour la valorisation du patrimoine carthaginois et du musée lui-même, dans une époque où les enjeux de préservation sont plus cruciaux que jamais.

Informations pratiques :
Date de réouverture : 3 décembre 2025
Lieu : Musée Paléo-chrétien de Carthage, Site archéologique de Carthage
Organisateur : Ministère des Affaires culturelles de la République tunisienne
Partenaires : Institut National du Patrimoine (INP), Agence de mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelle (AMVPPC)
Par Rabeb Oueslati
