Dans une industrie cinématographique américaine de plus en plus complexe et exigeante dans sa manière de « starifier » les actrices d’aujourdhui , il est devenu assez rare de trouver une actrice qui puisse représenter au-delà du simple principe de la femme moderne et indépendante , un concept , une façon de vivre et de faire. Rare de trouver ce « role model » à l’encontre de tous ces dictats sociaux, ces variables idéales qui étouffent la femme : le poids idéal, le job idéal, la sexualité idéale … mais Dieu merci ! Car il semblerait en effet que Dieu aime la petite industrie américano-cinématographique indie. Il nous a donc gratifié, dans cet air du temps oh combien platonique et superficiel, de quelqu’un d’extraordinaire ; la messie de la cool-attitude, celle qui incarne parfaitement la classe des plus grandes actrices et la débauche des toutes petites, celle qui ne joue pas devant une caméra mais reste simplement elle-même : Greta Gerwig !
On la présente en tant que « Indie darling » ; c’est dire à quel point sa présence dans ce cinéma et ce qu’elle a offert comme contribution artistique lui a valu comme surnom mais encore ! La Meryl Streep du Mumbelcore !
Greta fait partie du subconscient collectif de toute une génération qu’elle représente si bien. Comment l’oublier dans Frances Ha ?
Greta est cette jeune New-yorkaise pleine de rêves et d’espoir, qui n’a même pas de quoi payer son loyer, qui veut aller de l’avant dans sa carrière de danseuse de ballet et qui se trouve finalement recalée après avoir fait la stagiaire pendant des mois.
Celle qui au détour d’une énième catastrophe socioculturelle la heurtant de plein fouet se permet des fous rires légendaires, une course nocturne sur fond de David Bowie et son merveilleux Modern Love !
Comment pourrait-on oublier cette femme et ce personnage ? Elle a cette capacité à retranscrire le texte si bien, que tout passe partout, absolument tout : de ses cordes vocales aux expressions de son visage en passant par ces airs rigolos et désormais légendaires qu’elle prend.
Pour couronner le tout, elle est aussi coscénariste sur ce film avec son amoureux, celui qui la filme comme ce qu’il y’a de plus précieux et pur au monde Noah Baumbach ! A chaque époque ses icones, certes, mais osons les comparaisons : oui j’oserai bien la comparaison en mode Greta/Baumbach is the new Gena Rowling/ Cassavetes !
Dans Lola Versus , elle se fait larguer par son amoureux à trois semaines de leur mariage , son monde en est chamboulé , elle n’a connu que lui et n’a aimé que lui et parce qu’avec quasiment tous les personnages joués par Greta , un double existe : New York ! Les deux vont si bien l’un à l’autre, la ville catalyse toutes les émotions de Lola et Lola le lui rend bien.
Vient alors ce processus de regain de confiance. Là où beaucoup auraient crié au scandale, Lola, tout au long du film avec finesse tous ces états d’âmes difficiles par lesquels passe une femme encore célibataire et bientôt trentenaire. C’est justement là toute la force de Greta et de ce qu’elle peut offrir comme actrice dans ce combat contre les stéréotypes et les pseudos acquis sociaux obsolètes.
Greta Gerwig est la voix de toute une génération. Non ce n’est pas un « Hipster-Model » , elle n’est pas dans la promotion d’un style de vie stylé et branché , elle ne fait pas dans le « re-branding » culturel. Elle n’invente rien non plus, car au-delà de toutes les apparences, son message est beau et simple : s’accepter comme on est, et s’imposer dans une société qui n’a de cesse de rejeter tout ce qui diffère -ne serait-ce que peu- du mode de vie qu’elle propose.
Ne ratez surtout pas le fruits de sa collaboration avec son compagnon Noah Baumbach: Greenberg et Frances Ha, mais encore les autres : Lola Versus , Damsels in Distress et The Humbling, où elle fait carrément tourner la tête à Al Pacino !
Vive Greta , vive le cinéma !
Issam Jemaa
GRETA GERWIG interview and photoshoot for ANTENNA: