Portraits d'artistes

Montréal – Tunis : portrait d’une artiste talentueuse.

Derrière ce visage angélique et ces allures de fashionista, se cache une femme extraordinaire, une battante, une écrivaine accomplie et une artiste passionnée.

En effet, Ghalia Ounis est l’aînée d’une famille issue de la petite bourgeoisie tunisoise. Ses parents, soucieux de la qualité de son éducation, l’inscrivent au lycée français de la Marsa où elle continue ses études secondaires et y obtient en 2007 un baccalauréat littéraire avec mention.

Élève studieuse, enfant discrète elle se découvre très tôt une passion pour tout ce qui est artistique et littéraire. D’abord la lecture, ensuite la peinture : ainsi, elle prend l’habitude de fréquenter tous les samedis, en compagnie de sa meilleure amie, l’atelier de peinture de Laëtitia Paccio, une peintre française orientaliste installée en Tunisie. Cette dernière l’initie au monde des plus grands artistes influents tels que Claude Monet, Paul Cézanne, Van Gogh… Son premier travail ; une reproduction d’un tableau de Matisse qu’elle considère comme un vrai déclic, car depuis, elle ne lâcha plus jamais ses pinceaux.


Pour ses études universitaires, et bien qu’attachée à sa famille et ses amis, elle décide de  s’installer à plus de 6000km de sa Tunisie natale ; elle s’envole à Montréal où elle intègre la prestigieuse UDEM (université de Montréal) pour compléter avec succès en 2011 un baccalauréat en littérature française et se spécialise en dramaturgie.


Fille d’une professeure universitaire d’anglais, l’amour de la transmission du savoir lui est presque une vocation innée, mais pas seulement, sa douceur et sa patience en font une excellente pédagogue ! Elle  veut enseigner ! Et c’est d’ailleurs ce qu’elle décide de faire. Elle devient aussitôt formatrice linguistique dans le monde du travail et finit par se faire embaucher par de grandes enseignes telles que « Rolls-Royce » « stikeman et Crombie », et « Sobeys » où elle initie à la langue française leurs employés anglophones. En dehors du monde de l’entreprise, elle donne des cours de soutien en français à des enfants en difficulté et entreprend aussi de donner des cours en ligne.


La réussite professionnelle de Ghalia ne freine pas ses ambitions ; pas question de se reposer sur ses lauriers ! « J’ai gardé une forme de curiosité brute, un reste de l’enfance peut-être » Nous confie-t-elle.  Particulièrement révoltée par la montée de la violence dans les milieux scolaires, elle se lance dans l’écriture de livres pour enfants : le premier ouvrage de cette entreprise et une histoire intitulée « koko bango » ; une allégorie dont les personnages principaux sont des oiseaux.  Dans un contexte ludique Elle veut apprendre aux enfants de 5 à 7ans à se prémunir contre la violence et l’intimidation : l’école est un lieu où l’enfant devrait se sentir en sécurité et nullement être terrassé ou de menacé.


Elle n’en oublie pas pour autant son premier amour ; la peinture.

Bien qu’extrêmement fière de ses origines, elle porte un regard philosophe sur la « tunisianité » : Pour elle,  il faut s’éloigner des clichés : « J’ai compris qu’il existe, dans notre pays, une forme d’art que l’on ne lui connait pas, qui n’est pas celle des cartes postales et des traditionnelles portes de Sidi Bou, mais quelque chose de l’ordre de la subversion, de l’hyper modernité, bref une expression qui casse toutes les étiquettes. » affirme Ghalia. Elle lance en avril 2017 une exposition intitulée « Emergences » où elle expose ses œuvres, principalement du figuratif et de l’abstrait. Plus tard, en Décembre elle organise l’évènement de Leila Belkhodja fondatrice de la marque Naksha.


Aujourd’hui bien installée au Canada, elle considère que vivre à Montréal est une vraie aubaine.

« C’est une ville où l’espace public est en lui-même une vitrine artistique. Il suffit de se promener dans les rues pour tomber sur des œuvres d'art hallucinantes, des peintures murales aux graffitis les plus extrêmes et tout concorde absolument à cette effervescence de l’Art au quotidien : les festivals, les expos et même le métro… ! » Nous dit-elle.


Ses projets pour l’avenir ? Ghalia a déjà commencé ! A l’aube de 2018, elle lance le MAT (magazine des artistes tunisiens); un support média en ligne dans lequel elle fait connaître des artistes tunisiens dotés d’un réel talent.


On attendra avec impatience la sortie de son premier roman qui aura lieu au cours de l’année 2018. Une année qu’elle compte bien orner de plusieurs succès comme sa précédente.

Cyrine Ben Aba