Lilia Kamoun, jeune Tuniso-Russe âgée de 25 ans est actuellement étudiante en master spécialité psychologie sociale du sport à l’université Paris Descartes; Elle est aussi entraîneur de gymnastique rythmique et professeur de danse classique dans un club dans la région parisienne.
Dans cet interview , elle nous dévoile tout sur son parcours et sa passion pour ‘la danse’.
Comment avez-vous intégré le monde de la danse ?
Quand j’étais petite, en rendant visite à notre famille à Moscou, ma mère m’emmenait au théâtre du Bolchoi pour assister à des spectacles de ballets et j’étais tellement impressionnée qu’en rentrant, je reproduisais les mouvements des ballerines, et c’est de là que mon histoire a commencé et que ma mère a compris que j’avais un talent artistique et m’a encouragé à continuer dans cette voie.
Comment êtes-vous devenue professeur de danse ? Quel est votre parcours et votre formation ?
Mon histoire d’amour avec la danse a commencé dès l’âge de 8 ans et c’est une histoire qui continue jusqu’à présent et ce n’est pas prêt de se terminer. Pendant cette période, j’ai pu obtenir différents diplômes et cartes professionnelles nationales et internationales. Mes premiers pas ont commencé à l’école de danse qui est dirigée par IRINA SHAMATRINA au sein du centre culturel Russe en Tunisie, puis à l’école de danse Ikaa de Beb Saadoun où j’ai eu la chance de collaborer avec VALERIE GUIDON, NAWEL SKANDRANI, MALEK SEBAI et surtout Monsieur ERMANO AURINO. Après avoir obtenu mon baccalauréat, j’ai intégré l’école de danse BALLET RUSSE de la magnifique OLGA VASILEVA : Danseuse au sein du ballet du Bolshoi qui me faisait rêver quand j’étais petite.
Entre mes 18 et 22 ans, j’ai eu la chance de participer à de nombreux spectacles dans les théâtres nationaux avec ma professeur Olga Vasilieva mais aussi avec l’une des premières gymnastes entrainée par mon père « Syhem Belkhoudja ». Je considère cela comme une « période de gloire », elle m’a permis de découvrir tout un autre monde de danse que je ne connaissais pas , j’ai eu l’occasion de tourner aussi dans des émissions télévisées avec un partenaire très talentueux LOTFI BOUCEDRA et des apparitions dans des films comme AUGUSTO (film Italien) ou NHEBEK HEDI (toujours en rôle de danseuse).
Ma carrière de danseuse ne s’est pas arrêtée là, vu que je suis le genre de personne qui cherche toujours à se découvrir. En 2015, je me suis aventurée pour de nouvelles expériences mais cette fois-ci à Paris, la ville où tous les rêves se réalisent. Après mon admission à l’école de danse contemporaine de Paris dirigée par Pasqualina Noel et Agnès Letestu, j’ai participé comme étudiante au sein de leur établissement à différentes représentations avec des chorégraphes venus du monde entier. J’ai participé aussi en 2016 à un projet crée par la grande Malek Sebai (Apprendre à danser : Réflexion sur la pédagogie de la danse) en collaboration avec l’institut allemand qui m’a permis de passer une magnifique semaine au sein de l’école Palucca à Dresde en Allemagne avec des danseurs professionnels.
Actuellement, je poursuis mes études tout en pratiquant ma passion de temps à autres avec une danseuse du ballet de l’Opéra de Paris ELISABETH DE CHABANNE. Mais, Je me consacre plus à la transmission de mon savoir-faire aux générations suivantes, d’ailleurs mes premiers cours, je les ai donnés à l’âge de 16 ans accompagnée de ma chère maman RAISSA KAMOUN qui fait partie du domaine.
De quoi est fait le quotidien d’une danseuse classique ?
Il faut savoir que les valeurs inculquées par la danse sont les suivantes : Patience, Respect, Confiance en soi et Persévérance.
Combien d’heures d’entrainement avez-vous à votre actif chaque semaine ? Et comment cela se déroule-t-il ?
Sans compter ma carrière de sportive de haut niveau, je m’entraine au minimum 20h par semaine.
La matinée est plutôt consacrée aux études. L’après-midi, je me dirige vers la salle de sport pour faire quelques exercices physiques, histoire de faire travailler un peu le système cardiovasculaire. En fin d’après-midi, j’effectue des cours de danse classique complet de A à Z : Un cours d’une heure et demi à peu près suivi de deux heures et demi de gymnastique rythmique.
Quels sont les points positifs et les points négatifs de votre métier ?
Franchement il n’y a pas de points négatifs… Je fais vraiment quelque chose que j’aime ce qui me permet d’oublier que c’est un métier mais plutôt un loisir… Le plus important c’est de s’adapter à chaque situation qui se présente à toi.
Quelle est la pire critique que l’on vous ai faite ?
"Lilia ! On dirait que tu as pris quelques kilos en trop !" (Dit-elle en riant).
Comment voyez-vous l’avenir de la danse classique en Tunisie ?
On est bien d’accord qu’à un moment donné, la danse a perdu toute son importance en Tunisie.
Heureusement qu’avec le nouveau centre national de danse qui est situé à la capitale de Tunis, les responsables font en sorte de réanimer comme ils peuvent cet art et merci à eux car je compte bien revenir à mon très cher pays et continuer à transmettre mon savoir aux générations de danseurs Tunisiennes comme je le fais en France.
Je pense vraiment qu’il y a énormément de personnes talentueuses dans notre pays mais en attendant, j’espère que les vrais pédagogues locaux, arriveront à détecter des jeunes, leur transmettre les bases et les guider vers le bon chemin tout en les gardant en Tunisie car comme on le sait tous, beaucoup d’entre eux cherchent à quitter le pays par manque d’opportunités et manque d’écoute et dans le souci d’un avenir meilleur .
Quel est votre artiste préféré ?
ZVETLANA ZAKHAROVA.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Ma véritable source d’inspiration est l’amour que je porte à ma famille. Ma mère adorée, mon père ; mon roi et mes deux grands frères que j’aime tant. A chaque fois que j’avais besoin de motivation et de force antérieure, je pensais énormément à eux.
Quels sont vos projets pour le futur ?
Je ne peux vous dire grand-chose sinon, je gâcherai la surprise mais je compte contribuer à ce que la danse classique prenne toute sa place comme tout autre art dans mon pays « La Tunisie ».
Pouvez-vous nous raconter une anecdote lors d’un spectacle ?
C’était au moment où je passais mon examen pour avoir la carte professionnelle ; où au lieu de me critiquer ou me corriger pour les fautes techniques, artistiques, on me faisait des remarques pour ma poitrine qu’ils considéraient importante...
Non mais vous vous rendez compte ?
Si vous deviez emporter qu’un seul objet sur une île déserte ?
Un moyen pour communiquer avec ma famille.
Crédits photos : Achraf Chouchane
Propos recueillis par : Olfa Sidomou