Le groupe Hemlyn est né en 2013, et son fondateur est l’actuel chanteur du groupe Ali Jaziri .

« Il faut savoir qu'Ali Jaziri est le fils du fameux Fahdel Jaziri, le père fondateur de la Hadhra. Depuis son jeune âge, il fait partie de la Hadhra avec son père et l’a intégré. Mais de l’autre côté, il a toujours été attiré et fasciné par le monde du rock et du métal. Il trouvait dans les deux styles ces choses qu’il aimait tant : la folie, la vibration et les frissons. Et le jour où il se rendit compte des similitudes entre ces deux styles musicaux, il s’est demandé ce que donnerait leur fusion : C’est de là qu’est née Hemlyn : de la fusion improbable et inattendue de deux styles complètement contradictoires et pourtant si similaires le Rock et le soufi : fusion de la guitare et de la Tarbouka, du violoncelle et des bneden, de la basse et du aoud. »

Les étincelles aux yeux, Yassine poursuivit : « Ce mélange entre le Soufi et le Rock s’est avéré être un réel besoin : en effet, énormément de personnes aiment la musique traditionnelle Tunisienne et sont des mordus du Rock, pour eux le mélange des deux est une apothéose, la réalisation de la fusion suprême de deux styles aussi vibrants et puissant l’un que l’autre. Et avant de répondre à un besoin du public, ce nouveau style, le « Hemlyn », est avant tout la réponse à notre propre besoin ».

Derrière le mot « Hemlyn » se cache des années de recherches, de perfectionnement, de découvertes, d’approfondissement, d’évolutions et de développement.

« Contrairement à ce que peuvent penser de nombreuses personnes, la fusion de deux styles si différents n’est pas évidente, ce n’est pas facile d’associer l’agressivité de la guitare et du Rock au rythme du Bendir et du aoud. De nombreuses tentations ont été veines ont peu cité à cette occasion la tentative du Grand Lotfi Bouchnak avec le groupe « enfance rouge », rares sont celles qui ont portés leurs fruits, et ce sont ces dernières qui constituent notre album ».

Puis, d’un air nostalgique, il commença à nous parler de leurs débuts et de leur évolution :

 « Au début nous étions cinq, aujourd’hui nous sommes quatorze : De l’évolution ? On en a connu c’est clair. Nos débuts prirent place sur la scène du Boeuffy : nous y faisions des reprises. Pendant la période Boeuffy, nous avons appris à nous connaitre, et à connaitre nos instruments. Dès sa fondation, on savait ce qu’on voulait : de l’émotion et de la passion à l’état pure, et on ne pouvait transmettre ces émotions qu’en les partageant nous même. Nous avons alors beaucoup travaillé sur l’harmonie et la connexion qu’il y’avait entre chacun des membres de l’équipe. Le recrutement s’est fait par casting , et nous cherchions des artistes assez ouverts d’esprit musicalement parlant pour pouvoir accepter notre musique au rythme choquant et parfois même disproportionné, de type nouveau, ne ressemblant à rien de ce qu’il avaient pu apprendre en conservatoire ou écouter à la radio et il faut savoir que ceux qui ont intégré le groupe ont tous le mérite d’avoir osé sans parler de leur talent bien sûr . ».

Lors de la création de votre groupe, pensiez vous un jour atteindre la scène du prestigieux Théâtre Municipal de Tunis et d’assurer la cérémonie de fermeture du Festival ?

« Tout à fait sincèrement, oui. Dès sa création, nous savions que ce que nous faisons était innovant, et notre objectif était dès le départ la conquête de la scène internationale. Nous travaillons pour cet objectif car nous connaissons le potentiel de ce que l’on présente. Nous sommes partis sur l’idée de crée un véritable spectacle alliant image et son, et non pas un simple concert. Néanmoins nous souhaitons adresser tous nos respects aux organisateurs du Festival : il en fallait du courage pour parier sur Hemlyn pour la cérémonie de fermeture de leur Festival : il faut le dire, c’est notre première représentation et le pari était risquer. Bravo ! ».

Nous savons que les groupes fondés pendant la période lycée/ fac sont souvent éphémères et disparaissent avec l’intégration des membres du groupe dans la vie professionnelle. Quelle est le secret de votre étonnante longévité ?

« C’est la passion, la vraie passion qui arrive à dépasser les obstacles, que ce soit dans la musique ou le sport ou autre. Il faut savoir que l’on ne vit qu’une fois, autant bien vivre et vivre de ce qu’on aime. La sécurité n’est pas toujours la bonne route, la passion, la vraie, si !  La Tunisie regorge de génies dans tous les domaines, il faut que ces jeunes pouces persévèrent et tiennent bon surtout que de nos jours, nous avons besoin de talents. Il faut savoir surmonter les obstacles, au lieu de reculer et fuir, car souvent la fuite est accompagnée de regrets. Je travail à la banque : le jour je porte un costume et une cravate, et la nuit je troc mon costume et ma cravate pour une guitare et des frissons. Tout est une question de gestion du temps, on n’est pas obligé de choisir entre la sécurité et la passion.»

Que pensez-vous de l’art en Tunisie ?

« Avant tout, on appelle notre genre musical le Tribal Rock , mais s’en est pas , on l’a appeler ainsi tout simplement parce que c’est le genre le plus proche de ce que nous faisons. Si nous devions, notre genre musical, on l’appellerait le « Hemlyn » en référence à la « Hamla » en français l’anticonformisme, la folie, la hamla musicale .En réponse à cette routine musicale qui s’est installée depuis peu en Tunisie et dans le monde. Nous avons remarquer que les musiques sont devenues répétitives, des versions améliorées sortent certes, mais rien de nouveau : la base est la même, la recherche a disparu et ca explique leur éphémèrité . Et ce phénomène touche tous les styles musicaux. Et le problème c’est que lorsqu’un artiste chercher à innover, a crée, à sortir du lot, il se heurte à de nombreux obstacles qui le poussent soit à se ranger du coté du commercial, soit à tout simplement abandonner. Nous le voyons tous les jours, et nous essayons de tenir bon, nous avons l’intime conviction que si Hemlyn a eu la force de se développer pendant 5 ans sans jamais flancher, nous arriverons a notre objectif sans tomber dans l’abondant ou le commercial. »

Vous connaissez surement les nombreux stéréotypes dont sont victimes le rock et le métal en Tunisie , que répondez vous à ces derniers?

« Il faut savoir que depuis mes 14 ans, je plonge dans le domaine du métal et du rock, j’ai grandis dans ce domaine et j’y ai évolué. Et durant cette longue période je peux vous assurer : Je n’ai jamais vu de satanisme et ces autres phénomènes dont est accusé le rock en Tunisie. Je vous parle en connaissance de cause et si le contraire était vrai, je n’aurais pas eu peur de le dire. J’ai grandis dans ce domaine et je ne suis ni satanique, ni drogué ou autre (Il faut dire ce qu’il en ai).  J’ai réussit dans ma vie professionnelle, je suis diplômé etc… Il faut savoir qu’il y’a du bon et du mauvais dans tout, dans tous les styles musicaux

Et concernant le style vestimentaire dans le rock, c’est aussi inoffensif et sans arrière pensées que la jebba et la chechia dans le  la hadhra. »

Que dis tu aux enfants qui aiment le rock et le métal mais qui font face aux obstacles de tous les jours : réticence de l’entourage, manque de moyens etc.. ?

« Ne vous arrêtez pas à cause du manque de moyen ou du jugement des autres, nous en avons tous souffert et il faut savoir passer outre. Petite anecdote : Quand j’étais petit, et du temps où nous n’avions pas internet, quand je voulais apprendre une musique, j’attendais le weekend pour aller à la publinet : muni d’une disquette, je téléchargeais  les partitions que je voulais apprendre, et je l’apprenais au cours de la semaine. Les jeunes d’aujourd’hui ont la chance de pouvoir se procurer des instruments pas chers, ont la chance d’avoir accès a des cours sur Youtube et sur internet, donc avec tout ces moyens, il faut que vous persévérez suivez votre passion car la passion en elle-même est un don qui, une fois gâcher, ne revient pas. C’est la chance d’une vie et il faut la saisir et la préserver.

Où pouvons-nous vous suivre ? Et quelles sont vos prochaines dates de concert ?

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Et notre site est en cours de préparation.

Pour découvrir le concert de Hemlyn dans le cadre du festival international de Carthage : Cliquez ici 

Crédits Photos : La chambre noir

Raja Sabta