Né au Kef en 1993, Mohammed Issaoui a passé son enfance et sa jeunesse entouré de femmes. Cajolé dans un décor féminin, confronté à l'hostilité virile, jeune adulte. Après plusieurs tentatives d'intégration vouées à l'échec, la danse a été pour lui la solution salvatrice.
Issaoui a l'ambition " d'exposer le corps humain dans tous ses états" , montrer ses perfections ainsi que ses défauts et fragilités. Pour ce faire, il a opté pour la danse bédouine en mariant technique traditionnelle et contemporaine. La performance corporelle , dans toutes ses variantes participe à son émancipation. A la fois objectif et outil, le corps regagne sa valeur et s'affranchit de toutes limites sociales et religieuses.
Ayant un background littéraire, selon Med. Issaoui la parole en elle même n'est plus suffisante pour communiquer. "La lecture est une forme périmée, affirme-t-il, il faut la remplacer par d'autres outils de vulgarisation multidisciplinaire et intersectorielle" . L'artiste ne croit plus à la récitation textuelle classique. Ses storytelling dépassent la linéarité du texte pour prendre forme sur scène en lui ajoutant musique, chorégraphie et représentation. "3Al Jarjar" et "khtawi" (steps ) deux épisodes de la même série témoignent de cette multidimensionnalité dans les spectacles du jeune artiste. Il estime que la réception de ses performances est caractérisée par "la radicalité dans tous les sens du terme." Le spectacle crée provocation et catharsis à la fois.
Il collaborera avec l'institut Goethe , ainsi qu'avec 7 autres jeunes artistes nord africains afin de perfectionner leurs prestations qui seront exposées dans plusieurs pays. On retrouvera "Khtawi" au festival de Munich le 7 et le 8 novembre 2019. Un documentaire concernant le parcours artistique de Issaoui sera réalisé par les deux jeunes Amal Dalhoumi et Molka Sahli.
Abir Elfahem