Portraits d'artistes

Hommage à Farah EL KADHI : Notre interview à titre posthume

Suite à la disparition soudaine de Farah EL KADHI, notre rédaction souhaite lui rendre un dernier hommage en publiant cette interview à titre posthume, la publication de cette interview avait été prévue pour juillet.

Toutes les réponses de Farah sont originales et ont été collectées par notre rédaction quand celle-ci était en vacances à Djerba. Il avait été question de préparer quelques questions puis de choisir le format de cette interview (vidéo ou écrite).

Les différents éléments que vous trouverez dans cette interview ont été écrits de sa main et envoyés par Farah EL Kadhi que son âme repose en paix sur notre compte Instagram.

Nous adressons toutes nos condoléances les plus sincères à la famille de la défunte, puisse Dieu le Tout-puissant l'accueillir dans son éternel paradis et donner la patience nécessaire à sa famille et à toutes les personnes pour qui Farah était chère. 

Que son âme repose en paix.


Farah, pouvez-vous nous parler de vos débuts et comment vous êtes arrivée dans ce domaine ?

Lorsque j'ai commencé à me faire connaître dans les réseaux sociaux ou dans les médias, c'est d'abord à travers un blog dans lequel je rédigeais des articles drôles traitant de sujets d'actualité et surtout avec lesquels un grand nombre de jeunes pouvaient s'identifier : "Le journal presque parfait de Farah".

Mon premier public était ma famille et mes amis, puis il s'est rapidement élargi lorsque les magazines ont commencé à s'arracher mes articles avant même leur publication sur mon blog.

Petit à petit, mes articles ont commencé à se transformer en vidéos et mon compte Instagram a explosé. Les marques m'ont alors beaucoup sollicitée et j'ai gagné avec le temps la confiance de mes abonnés.

Pour la petite anecdote, certes je suis architecte et mes premiers articles, je les écrivais depuis mon bureau, en taquinant parfois mes collègues de travail. Rien de méchant, il y avait aussi beaucoup d'ironie et d'autodérision dans ce que j'écrivais.


Parlez-nous de votre parcours, votre métier et du rôle d'un influenceur ?

Le rôle d'influenceur est très important dans la société dans laquelle nous vivons aujourd'hui. La confiance nous a été accordée par nos abonnés avec le temps, mais nous pouvons la perdre en une fraction de seconde. Je pense qu'il faut tout d'abord être honnête envers nos abonnés, ne pas leur vanter un produit simplement parce que nous avons été rémunérés. C'est d'ailleurs pourquoi je teste toute chose avant de la recommander et j'aimerais que les autres influenceurs en fassent autant. Car c'est une responsabilité avec laquelle on ne peut pas jouer – la vie des gens, leurs émotions, leurs peaux, leurs salaires, etc... Je donne souvent des bons plans pour améliorer le mode de vie de mes abonnés en tenant compte de leurs salaires et revenus.

Il ne faut pas oublier non plus que nous sommes suivis par différentes catégories sociales et tranches d'âge, donc il faut toujours garder à l'esprit que des enfants et des parents nous regardent. J'essaye de faire le minimum de bêtises sur les réseaux sociaux et je ne prône en aucun cas le « Bad Buzz ».


Le Bazar By Faf était aussi un projet qui me tenait à cœur et qui a très bien fonctionné. Un concept store en pleine boîte de nuit où l'on trouvait mes coups de cœur de la semaine vus dans mes stories, en vente dans ma boutique. C'était une première en Tunisie d'avoir un magasin aussi stylé pendant qu'on fait la fête.

Aujourd'hui je touche à plusieurs domaines à la fois : l'architecture évidemment, les réseaux sociaux par la promotion de diverses choses via mon Instagram, et aussi le conseil en image allant jusqu'au tourisme esthétique. Mes journées sont très chargées mais cela ne me dérange pas car je suis hyperactive. Je ne suis pas le genre de personne qui aime passer sa journée derrière un bureau ou un écran d'ordinateur.


Comment vous surmontez les critiques et les commentaires négatifs sur les réseaux sociaux ?


J'accepte les critiques si elles sont constructives. Lorsque je pense avoir fait une erreur, je n'hésite pas à présenter des excuses. Malheureusement, j'ai plus de mal avec la méchanceté gratuite de certains qui se cachent derrière un téléphone pour vous blesser sur votre physique, votre vie privée ou votre famille. « Si tu veux me critiquer ou donner ton avis, fais-le concernant mon travail, je ne te répondrai qu'avec mon travail ».


Est-ce qu'on peut parler d'entrepreneuriat quand on est influenceur ?


Aujourd'hui être un influenceur est devenu un métier à part entière, j'ai suivi cette évolution puisque j'étais au centre. J'ai donc fait une patente pour être en règle avec les clients et avec les lois. Mes collaborations me tiennent à cœur, je fais tout avec beaucoup d'amour, je ne parle d'une chose que lorsque je l'ai testée et que je suis convaincue. J'ai refusé beaucoup de collaborations rémunérées car mon image ne correspondait pas à celle de la marque « cliente ».

« Farah Tfarhak » est mon concept digital qui me tient le plus à cœur. Je choisis une personne parmi les centaines ou milliers de messages que je reçois, et cette personne passe la journée avec moi et profite d'une journée de relooking grâce à mes sponsors et aux marques qui me soutiennent et me font confiance.

Parlez-nous des difficultés rencontrées par les influenceurs ?

Je pense que la principale difficulté est que beaucoup de personnes ne prennent pas au sérieux un ou une influenceur(se). C'est à mes yeux un métier à part entière, mais pour beaucoup, il n'a aucune légitimité. Une autre difficulté est la crédibilité. Certains influenceurs n'ont aucune honte de s'éparpiller ou de faire de la publicité pour des produits similaires en très peu de temps.

La concurrence aussi devient rude dans notre domaine, c'est pour ça qu'il faut se démarquer des autres. La critique, il faut savoir l'accepter lorsqu'elle est constructive et se mettre en tête qu'on ne peut pas plaire à tout le monde.

Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes filles qui veulent se lancer dans ce domaine ?

Tout d'abord, je pense que ces conseils ne devraient se limiter ni « aux jeunes », « ni aux filles ». On peut devenir influenceur à n'importe quel âge et en étant un garçon ou une fille. J'ai prévu de donner une formation sur 3 jours très prochainement pour y livrer mes petits secrets, mais surtout pour initier les personnes qui y sont inscrites à « How to be the next influencer ». Je vous tiendrai informé des dates.

Je pense que le principal conseil, c'est de ne pas s'éparpiller. Si on est une personne passionnée de cuisine, restons loin des voitures et de la mode. N'influencez pas sur tout et n'importe quoi, mais maîtrisez votre domaine. Soyez honnêtes, croyez en vous, soyez inventifs et curieux, et évitez de vous faire des ennemis ou de prôner le « BAD BUZZ ».