Avez-vous déjà eu envie de vous évader dans un paradis artificiel où les couleurs et les formes s’entortillent dans un univers complètement déluré ? De croiser une ligne, de la suivre curieusement et de vous retrouver face à une explosion de choses psychédéliques, une myriade de mouvements colorés qui s’enlacent à notre rétine comme une drogue douce et sainement psychotrope ? Approchez, observez l’univers particulier de l’illustratrice Farah Allègue, vous serez happé par son aura décalé vers un ailleurs complètement hypnotisant… 

Elle a accepté de vous ouvrir une petite fenêtre sur son travail délirant et tellement singulier.

Lisez.

©Farah Allègue

• Farah, ton univers me semble comme un chemin direct vers une évasion hallucinogène. D’où puises-tu ton inspiration ? Comment s’acheminent tes idées ? Prennent-elles forme de manière spontanée ?
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• J’ai passé et je passe encore beaucoup de temps à étudier graphiquement les esthétiques développées par différentes cultures ancestrales. Je me tourne souvent vers le passé pour m’en inspirer. J’aime le fait de mettre en image les choses vues et ressenties sans nécessairement passer par une esthétique réaliste. J’essaye donc de faire mon mélange à moi à partir de tout ça. Je concentre beaucoup mon exploration visuelle sur le travail du motif avec un accent marqué sur le côté ornemental. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi mais c’est quasiment devenu une obsession visuelle !
• Aussi, je mijote mes idées assez longtemps. Pas qu’elles soient nécessairement réfléchies dans le sens conceptuel du terme, mais je laisse le temps au temps comme on dit. Je rumine ce que je vois et j’attends que certaines connexions se fassent inconsciemment.

©Farah Allègue

• J’ai vu que tu utilisais plusieurs médias dans ton art, comment procèdes-tu lorsque tu travailles ? Quelles techniques utilises-tu ?
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• En fait, j’ai plusieurs techniques selon le contexte où j’ai à produire. Dans le cas de contrats d’illustration, je passe assez rapidement au dessin à la tablette graphique vu que ce sont souvent des mandats assez limités dans le temps. Par contre, quand c’est des contrats de peinture, je prends plus mon temps et je m’amuse à explorer plusieurs matériaux différents : tissu, bois, métal, béton. Chaque support réagit différemment et donne une couleur particulière au dessin. J’ai souvent peint sur des chaussures, des bouteilles, des murs, etc. J’aime bien l’idée de sortir l’image d’un support 2D et de l’inclure dans des éléments du quotidien.

©Farah Allègue

• Cette singularité que tu as dans ton art est très intrigante, parle-nous un peu de ton parcours et de ta démarche lorsque tu présentes un projet.
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• Mon œil a été formé suite à une éducation mixte ; j’ai grandi autant entourée d’ornementations orientales que de formes visuelles très riches issues de l’esthétique amérindienne. Je suis donc tout naturellement portée à mixer des couleurs vivantes et des formes organiques répétitives dans mon travail.
• Quand je dessine, j’ai envie de créer un rythme, une espèce de tension visuelle mais qui, loin d’être agressive, nous amène à entrer dans une autre sphère. Une danse visuelle qui activerait un état méditatif. C’est l’état dans lequel je suis quand je dessine, j’essaye donc de recréer cette sensation-là visuellement.

©Farah Allègue

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• Penses-tu développer ton art à travers d’autres déclinaisons ? As-tu des projets qui fusionneraient tes dessins avec d’autres trips ?
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• Je suis constamment à la recherche de nouveaux médiums sur lesquels appliquer mes dessins. Dernièrement j’ai eu la chance de créer une structure en bois pour l’habillage d’une scène. C’est la première fois que je travaille à développer la forme du support en plus du dessin. J’ai beaucoup aimé l’expérience! Sinon, de plus en plus je me tourne vers le textile. J’aime l’idée de porter des dessins. J’explore donc de plus en plus la peinture sur tissu ou encore le tissage et la broderie de mes motifs.

• ©Farah Allègue
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• Si tu avais la possibilité de créer quelque chose avec un artiste (mort ou vif !) qui choisirais-tu et pourquoi ?
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Si je dois penser à une collaboration de rêve, je travaillerais avec Nick Cave! C’est un artiste américain qui travaille le tissu en créant des costumes de danse très extravagants. Ses créations ont une touche africaine évidente mais revisitée. J’aime particulièrement le côté loufoque qu’il arrive à établir assez simplement avec ses formes et ses matériaux extrêmement colorés. Le côté tribal de la danse et de l’esthétique générale me touche aussi beaucoup. Ça ne me déplairait pas de créer avec lui des créatures qu’on pourrait habiller de mes dessins et de ses différentes textures colorées !

 ©Farah Allègue

DHARMA MYRIAM ZERAMDINI